Madagascar

Regain de tension

  • Publié le 4 février 2009 à 00:00

La tension est encore montée d'un cran ce mercredi matin 4 février 2009 à Antananarivo. Destitué mardi de son mandat de maire par le ministère de l'Intérieur malgache, Andry Rajoelina a décidé de ne pas reconnaître ma légitimité de la délégation spéciale installée par le pouvoir pour gérer les affaires courantes de la commune.Devant environ 10 000 de ses partisans, selon une estimation des journalistes malgaches, TGV (surnom d'Andry Rajoelina) a nommé son adjointe aux Affaires sociales, Michelle Ratsivalaka, pour lui succéder à la tête de la municipalité. Il a également annoncé son intention de nommer dès jeudi de nouveaux chefs de quartiers en remplacement de ceux en exercice, fidèles au président Marc Ravalomanana. Par ailleurs, la Haute Cour constitutionnelle (HCC) de Madagascar s'est déclarée incompétente pour examiner la requête en destitution déposée par le maire d'Antananarivo à l'encontre de l'actuel chef de l'État.

"Nous n'acceptons pas la mise en place d'une délégation spéciale à la mairie. C'est une insulte au peuple malgache.Le comportement de Marc Ravalomanana montre son caractère de dictateur" a lancé Andry Rajoelina à la foule de ses partisans réunis devant la mairie de la ville dans le quartier de Mahanasaina. TGV a été limogé par le pouvoir sous l'accusation de ne plus assurer le ramassage des ordures dans la commune.

De fait, ce limogeage semble avoir donné un nouveau souffle au mouvement de contestation anti Ravalomanana. "Mardi au meeting d'Andry Rajoelina sur la place du 13 mai, il y avait à peine 2 000 personnes. La contestation était en train de s'éteindre. S'il voulait reprendre complètement les choses en main, le président aurait dû s'abstenir de toute répression. Il a choisi de faire limoger TGV le faisant ainsi passer pour un martyr. La réaction a été immédiate. Ce mercredi matin, il y avait 10 000 partisans devant la mairie. Le mouvement vient de trouver un nouveau souffle donner par Ravalomanana en personne. C'est paradoxal" commente un journaliste malgache.

Par ailleurs, la Haute Cour constitutionnelle a décidé de ne pas statuer sur la demande de déchéance déposée par Andry Rajoelina à l'encontre de Marc Ravalomanana pour "violations répétées de la constitution". Dans lettre adressée au chef de file de la contestation, la haute juridiction souligne : "la compétence de la HCC se limite à la constatation de la vacance de la présidence de la République après la mise en accusation par les deux assemblées parlementaires et le prononcé de la déchéance par la Haute Cour de Justice, en vertu de l'article 126 de la Constitution. En conséquence, en l'état actuel, la demande de déchéance du président de la République ou de son départ immédiat de ses fonctions ne sauraient être régulièrement examinés par notre juridiction". Les deux assemblées parlementaires, Assemblée nationale et Sénat, étant composés à une large majorité par des élus du TIM, le parti du président en place, il semble très improbable qu'elles votent la mise en accusation de Marc Ravalomanana.

La partie de bras de fer se poursuit donc avec à la clé le maintien d'un calme précaire ou l'explosion de nouvelles émeutes comme cela a été le cas le lundi 26 janvier dernier. Les troubles avaient entraîné la mort d'au moins 76 personnes, tuées par balles ou brûlées vives dans les incendies qui ont éclaté dans les magasins mis à sac par les émeutiers.

Des milices sensées veiller au calme ont été mises en place par le camp Ravalomanana et le camp Rajoelina dans presque tous les quartiers d'Antananarivo.
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