Crise : les évêques réagissent

"La force de l'espérance"

  • Publié le 16 février 2009 à 00:00

Préoccupés par les "difficultés extrêmes" auxquelles leur population est confrontée les évêques des DOM se sont réunis les 11 et 12 février 2009 à Paris "pour analyser la situation". Dans un message rempli à la fois de ferveur religieuse et de conviction politique, ils interpellent les pouvoirs publics et économiques et la population locale, demandant notamment un changement de statut pour les DOM.

Mgr Michel Méranville, archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France, Mgr Gilbert Aubry, évêque de Saint-Denis, Mgr Emmanuel Lafont, évêque de Cayenne et Mgr Jean Hamot administrateur diocésain de Basse-Terre- se sont retrouvés pour prendre position face à la crise. "Les circonstances ne pouvaient être plus opportunes au vu des mouvements sociaux qui se sont développés depuis quelques mois, déclarent les quatre représentants de l'Eglise catholique dans un communiqué commun. De plus, des débats sur une évolution statutaire sont déjà engagés ou peuvent se faire jour dans nos départements."

"Conscients de notre responsabilité pastorale, nous portons sur la situation et les débats en cours un regard rempli d'espérance pour inviter à l'engagement, poursuivent les hommes d'église. La crise financière et économique a dans nos régions des répercussions tragiques en raison de situations sociales très difficiles et d'une vie chère désormais insupportable. Là se trouve la raison première des mouvements sociaux actuels. Nous invitons tous les responsables à entendre et à prendre au sérieux le cri qui s'élève."

"Nous croyons que les turbulences actuelles invitent à mieux appliquer le principe de subsidiarité déjà acté au niveau européen : gérer au plus près du terrain tout ce qui peut l'être sans recourir systématiquement aux instances supérieures." Les représentants de l'Eglise catholique invitent ainsi les décideurs à "confier des responsabilités plus grandes à nos élus, afin d'adapter à la situation sociale, culturelle et économique de nos peuples des règlements qui, pris à des milliers de kilomètres, ne peuvent pas être appliqués tels quels. Tout ce qui peut faire croire à un relent de colonialisme ou de néocolonialisme doit être définitivement aboli. La relecture de notre histoire, marquée par l'esclavage, et la conscience des progrès accomplis devraient aussi permettre de guérir les blessures de nos peuples."

Les quatre dignitaires religieux vont plus loin, affirmant: "Pour permettre un meilleur exercice du pouvoir, un changement de statut peut être un levier efficace. C'est pourquoi nous suivons avec attention le débat déjà engagé aux Antilles - Guyane sur les articles 72, 73 et 74 de la Constitution, au sujet d'une évolution institutionnelle."

Revenant aux valeurs religieuses, le message explique : "le bonheur n'est pas dans l'amour de l'argent mais dans la solidarité humaine au sein des familles et entre les familles. L'éducation au respect mutuel, au partage des biens, à la justice, au respect de la nature sont essentiels. Pour nous chrétiens, tout cela puise sa source dans l'amour de Dieu offert à chacun et garant réel de l'amour mutuel et du respect de toute personne humaine."
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