Aménagement de Sainte-Suzanne

Une mutation réussie

  • Publié le 31 mai 2009 à 00:00

En 30 ans, la ville de Sainte-Suzanne a connu des mutations importantes sur le plan de l'aménagement commercial. Même si l'ensemble de la commune a bénéficié de ces changements, ce sont les zones du Centre-Ville et de Quartier Français qui ont connu les évolutions les plus significatives.

Ces évolutions trouvent leur source dans l'histoire de la ville. En effet, dans les années 80, la ville de Sainte-Suzanne est une commune d'environ 14 000 habitants et compte environ 50 commerces. Son centre-ville est surtout réputé pour ses embouteillages en l'absence de voies rapides. Puis arrive dans les années 90 la 2 x 2 voies reliant l'Est au Nord de l'île. "À ce moment-là, les commerçants ont fait part de leur inquiétude de voir un si gros flux de véhicule déserter la ville", affirme Pierre Hagon, directeur de l'aménagement et du territoire de la ville de Sainte-Suzanne.

Malgré "ce manque à gagner indéniable", les services de la mairie voient là l'opportunité de mettre en place un nouveau programme d'aménagement. "Il s'agissait de construire une ville sur la ville", souligne le responsable de l'aménagement. Ainsi, des zones d'activités concertées (ZAC) sont créées dans les 4 coins de la ville (ZAC centre, ZAC centre-ville, ZAC du lycée et ZAC pont de Bel-Air), créant ainsi près de 800 logements et de nombreux commerces en pied d'immeuble. La création d'une nouvelle ZAC "c?ur de ville" est actuellement à l'étude.

Ensuite, le développement du centre-ville est passé par l'arrivée de services qui n'existaient pas sur la zone. En effet, à l'époque, la banque postale était le seul service bancaire présent sur la commune. Au fur et à mesure se sont installés le Crédit Agricole et la BRED. Des commerçants ont tenté de s'installer, avec moins de succès. "En 2008, 2 magasins de vêtements ont ouvert dans le centre-ville, mais ils ont rapidement fermé leurs portes", indique Pierre Hagon. "Pourtant, ce type de structure fait défaut dans la zone, ce qui rend leur fermeture encore plus incompréhensible", ajoute t-il.

En parallèle, une autre zone de Sainte-Suzanne connaît un développement très important, Quartier Français. Ce secteur était un poumon économique grâce à son usine sucrière. Mais sa fermeture, en 1976, a freiné la croissance de cette partie de la ville. Or, la municipalité voulait sauvegarder l'entité économique qu'était Quartier Français. Une politique d'aménagement est donc mise en place. Dans les années 90 est créée une "mini zone d'activité" avec une dizaine de commerces qui s'y installent.

Mais la vraie mutation se produit avec l'arrivée du centre commercial Carrefour. "Le maire de l'époque voulait qu'une grande surface s'installe sur le territoire. Il a rencontré 2 ou 3 grandes enseignes et Carrefour a répondu favorablement à ce projet", explique Pierre Hagon. Mais il existait une condition à l'arrivée de l'enseigne à Quartier Français. Le maire de la ville a demandé à la direction du supermarché d'ouvrir un magasin DIA dans un pied d'immeuble de 300 m2 situé dans la ZAC centre-ville, requête qui a été acceptée. Pour le responsable de l'aménagement, "il fallait faire en sorte que le centre-ville ne soit pas déserté".

Plus de 1 000 emplois crées en 10 ans, des centaines de logements construits, un flux important de véhicules, le centre commercial Carrefour a permis de redynamiser de façon significative le secteur de Quartiers Français sans dépeupler le centre-ville de Sainte-Suzanne. Et à la fin de l'année 2008, une Zone d'Activité Economique (ZAE) s'est installée à commune Bègue. Elle devrait accueillir à terme près de 40 entreprises. "Nous avons redonné à ce quartier son statut d'entité économique de la ville", se réjouit Pierre Hagon.

Aujourd'hui, la population a quasiment doublé pour atteindre les 22 000 habitants et le nombre de commerces dépasse désormais le chiffre des 200. L'autre conséquence est l'augmentation des prix de l'immobilier. Les loyers des logements ont augmenté de près de 30%. Le loyer d'un local commercial est compris entre 3 500 et 5 000 euros. A l'achat, le prix du m2 est compris entre 1 500 et 2 000 euros.

Même si la commune ne fait pas partie de la Zone Franche Urbaine, le représentant de la commune note que "l'intérêt des entreprises pour s'installer à Sainte-Suzanne ne cesse de croître". Et la Ville veut tout faire pour attiser cet intérêt. "Nous réfléchissons avec la CINOR sur la possibilité de mettre en place des leviers pour inciter les entreprises à s'y installer", annonce Pierre Hagon. Par ailleurs il ne cache pas son souhait de voir le tram-train traverser Sainte-Suzanne. "Cela aura un impact socio-économique indéniable", lance t-il. Et comme un symbole, le projet de la Ville de Sainte-Suzanne prévoit 2 arrêts du tram-train, l'un en centre-ville, et l'autre à Quartiers Français.
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