Polémique sur les propos de la ministre de l'outremer

Nicolas Sarkozy soutient Marie-Luce Penchard

  • Publié le 19 février 2010 à 06:37

En déplacement en Guyane, Nicolas Sarkozy a apporté, ce jeudi 18 février 2010, son soutien à Marie-Luce Penchard, ministre de l'outremer. "J'ai confiance en elle" a-t-il lancé en faisant allusion à la polémique déclenchée, en outremer mais aussi en métropole, par les propos de la ministre, originaire de Guadeloupe, qui lors d'un meeting ce dimanche dans la ville des Abymes (Guadeloupe), a affirmé n'avoir "envie de servir qu'une population, la population guadeloupéenne".

" J'ai grande confiance en Marie-Luce Penchard. Je ne laisserai pas l'outremer être instrumentalisé par un débat national partisan " a déclaré le Président de la République dans le discours qu'il a prononcé ce jeudi en Guyane. Une manière claire pour le chef de l'État d'apporter son soutien à sa ministre qui est au centre d'une grosse polémique, y compris dans les rangs de l'UMP. Nicolas Sarkozy a même confié une nouvelle compétence à Marie-Luce Penchard. Elle aura désormais un droit de veto sur la nomination des cadres de catégorie A de la fonction publique en outremer.

Première ministre de l'outre-mer d'origine ultramarine, Marie-Luce Penchard a créé ladite polémique en déclarant, lors d'un meeting ce dimanche en Guadeloupe " même si je vis en métropole, mon c?ur est ici, il restera ici et je n'ai envie de servir qu'une population, c'est la population guadeloupéenne ". La ministre de l'Outre-mer a poursuivi en regrettant que l'enveloppe " de près de 500 millions d'euros (allouée) à l'outre-mer " aille à d'autres autres territoires. " Il y a des enjeux considérables, financiers (...) et cela me ferait mal de voir cette manne financière quitter la Guadeloupe au bénéfice de la Guyane, au bénéfice de La Réunion, au bénéfice de la Martinique ".

Ces propos ont soulevé un tollé dans l'opinion publique et ont été dénoncés par la gauche à La Réunion ainsi qu'en métropole. Le PS a réclamé la démission de Marie-Luce Penchard du gouvernement, tandis que le parti communiste français a jugé ses déclarations " intolérables " et " dangereuses " parce que " porteuses d'une vision néfaste de mise en concurrence des territoires d'outre-mer ".

Dénonciation également à droite où le député-maire UMP de Saint-Denis, René-Paul Victoria a jugé la déclaration " regrettable voire inadmissible ". Le député UMP Patrick Balkany, pourtant proche de Nicolas Sarkozy, a pour sa part estimé, mercredi, que Marie-Luce Penchard devrait être " virée " du gouvernement. " Je trouve que ces propos sont inadmissibles de la part d'un ministre de l'Outre-mer. Elle doit s'expliquer. On ne peut pas dire des choses pareilles, même dans un meeting en Guadeloupe. Quand on est ministre de l'Outre-mer, on s'occupe des Français de l'outre-mer. On ne s'occupe pas uniquement de ceux de son département " a-t-il souligné.


" Je pense, après de telles déclarations, qu'un minimum de sens des responsabilités devrait conduire Mme Penchard à quitter le gouvernement pour se consacrer au seul département qui l'intéresse ", a quant à lui déclaré le député de Seine-Saint-Denis du Nouveau Centre, allié à l'UMP, Jean-Christophe Lagarde. L'homme, qui est en charge des questions relatives à l'outre-mer pour son parti, " condamne très fermement ces propos indignes des responsabilités que Mme Penchard occupe au gouvernement, et partage entièrement l'indignation générale de tous les ultra-marins de l'île de La Réunion, de la Martinique et de la Guyane, qui savent désormais qu'ils n'ont pas un ministre de l'Outre-mer pour les défendre à Paris ".

Mercredi, le député-maire PS de Saint-Joseph, Patrick Lebreton, a interpellé François Fillon sur le sujet, lors des questions de l'Assemblée au gouvernement. Il a demandé de départ de la ministre. Le Premier ministre, lui a répondu en dénonçant le fait " d'extraire d'un discours une phrase pour tenter de jeter le discrédit sur la politique du gouvernement outre-mer. C'est contraire à l'esprit que je me fais de la démocratie ".

Marie-Luce Penchard a tenté une explication de son attitude en déclarant, par voie de communiqué " j'étais à un meeting et lorsque j'ai tenu ces propos j'ai très clairement indiqué qu'il s'agissait d'un mandat électif et que, en tant que Guadeloupéenne, je ne voulais pas exercer un mandat électif en dehors de mon département. C'est à ce titre que je voulais servir la Guadeloupe, mais servir la Guadeloupe ne veut pas dire que je mettais de côté ma fonction de ministre et je sais où se trouve l'intérêt général et où se trouve ma mission de ministre ".

Son explication a visiblement du mal à convaincre y compris dans son propre camp politique.

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