Madagascar

Mamodtaky soupçonné de corruption

  • Publié le 29 mars 2010 à 12:26

Le feuilleton Mamodtaky continue. Après avoir obtenu gain de cause auprès du Conseil d'État - il ne sera pas extradé en France pour être jugé dans l'affaire de la tuerie de Fenoarivo, il est maintenant "suspecté de corruption", indique le journal l'Express de Madagascar.

"Le rideau n'est pas encore tombé sur l'affaire Mamodtaky Mamod Abasse. Jeudi (18 mars 2010 - ndlr), il a été extrait de la maison centrale d'Antanimora (Antananaorivo ndlr), son lieu d'incarcération, pour être auditionné au siège du Bureau indépendant anticorruption (Bianco)" note le journal. Selon le Parquet du tribunal à Anosy, le prévenu est cette fois-ci poursuivi pour corruption.

"Soupçonnés d'avoir trempé dans l'affaire, un responsable et cinq agents pénitentiaires ont été aussi auditionnés à Ambohibao mercredi. Le Bianco a ouvert un dossier sur le prévenu après avoir reçu des informations affirmant qu'il courait dans la nature alors qu'il a été placé en détention préventive" relate l'Express de Madagascar.

"Pourtant, les responsables de la prison d'Antanimora indiquent que Mamodtaky n'avait jamais quitté les lieux. La version est relayée par ses proches. "Depuis qu'il a été placé à Antanimora en novembre 2009, je lui ai rendu visite presque chaque soir en sortant du travail", souligne sa s?ur aînée Mahmotaky Fajilakhathoune. "En février, mon frère avait été placé en soins intensifs à l'infirmerie de la prison et c'était là-bas que je le voyais", ajoute-t-elle. Pendant le procès en appel du 12 mars, le médecin-chef de la prison d'Antanimora a déclaré à la Cour que le détenu était sous sérum à l'infirmerie" ajoute le quotidien malgache.

"De source émanant du bureau du procureur, le Bianco est sur cette affaire de corruption depuis quelques semaines. Curieusement, la reprise de l'enquête coïncide avec le verdict du Conseil d'État qui annule l'arrêté du garde des Sceaux du 26 octobre 2009, portant sur l'extradition de Mamodtaky vers la France pour être jugé à la Cour d'Assises de Paris" termine l'Express de Madagascar en faisant allusion à l'affaire de la tuerie de Fenoarivo

Rappelons que les faits remontent au 21 avril 2001. Un commando d'une quinzaine de personnes armées s'introduit au domicile des Remtoula à Antananarivo. Les tirs fusent de toutes parts. 5 personnes sont tuées. Parmi les blessés, on compte Anita Remtoula alors épouse de Mamodtaky, et la mère de la jeune femme.



Les soupçons se portent très vite sur Mamodtaky. L'un de ses proches, Khizar Abbass Khan "Babar Ali", est rapidement arrêté par la Justice malgache. Il reconnaît être le commanditaire de la tuerie et dédouane Mamodtaky. Peu de temps après, il est interné dans un hôpital psychiatrique malgache où il est déclaré mort dans les semaines suivantes.



La famille Remtoula ne se résigne pas pour autant. Étant de nationalité française, elle porte plainte en France. La Justice enclenche une procédure. En 2003, Khizar Abbass Khan "Babar Ali" est retrouvé bien vivant dans la banlieue parisienne. Il est arrêté et nie les faits. La France décide néanmoins de demander à Madagascar l'extradition de Mamodtaky. Jean-François Crozet, Riaz Houssen Damdjy sont également arrêtés. Les 4 hommes sont incarcérés à La Réunion en 2005. Ils y sont restés jusqu'à leur libération le 24 février 2009 par la cour d'Assises.

En effet, contre toute attente et en plein procès, la cour d'Assises de Saint-Denis avait annulé toute la procédure pour vice de forme et libéré les quatre hommes le 24 février 2009.



Le 11 juin 2009, la cour de Cassation avait annulé l'arrêt de la cour d'Assises et ordonné la tenue d'un nouveau procès à Paris. Entretemps Mamode Abbas Mamodtaky avait quitté clandestinement La Réunion et rejoint Madagascar à bord d'un voilier. Ses trois co-accusés se faisaient également très discrets. 



Mamodtaky a finalement été interpellé et placé en détention par la Justice malgache le 15 septembre 2009. Son extradition vers La Réunion était ensuite autorisée par le Garde des Sceaux de Madagascar qui avait ainsi suivi les recommandations des magistrats malgaches. Le Conseil d'État malgache a donc ensuite déclaré annulé cet arrêté d'extradition.

Jean-François Crozet et Riaz Houssen Damdjy ont quant à eux été interpellés à La Réunion et transférés dans une prison de la région parisienne. Abbass Khan, alias "Babar Ali", demeure introuvable.

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