Assemblée plénière au conseil régional

Le rapport sur la nouvelle route du littoral adopté

  • Publié le 24 juin 2010 à 13:00

Le rapport sur la nouvelle route du littoral a été adopté lors assemblée plénière du conseil régional de ce jeudi 24 juin 2010. Après plus de deux heures de débats, les élus de la majorité et du PS ont voté pour. L'Alliance a voté contre. Défendu par Didier Robert, président de la Région, dès la campagne pour les régionales de mars dernier, le projet prévoit une route digue sur six voies dont deux réservées aux transports en commun en site propre (TCSP). Le coût estimé du chantier est de 1,6 milliard d'euros. Le projet est contesté par les élus de l'Alliance. Ils s'inquiètent des délais de mise en ?uvre du projet et de son financement. À noter que des conseillers régionaux de l'Alliance et du parti socialiste ont quitté l'assemblée plénière pour rejoindre la manifestation contre la réforme des retraites.

La séance de cette assemblée plénière a débuté avec la lecture des motions. Aline Murin Hoareau pour l'Alliance, a d'abord évoqué le cas de l'enseignant ayant tenu des propos racistes dans une affaire d'atteinte aux m?urs examinée par le tribunal correctionnel il y a 2 semaines. La conseillère régionale a demandé que le prévenu soit révoqué de l'Education nationale et que la collectivité soutienne la plainte déposée contre ce professeur par un collectif de citoyens. Une autre motion concernant la réforme des retraites a été déposée par l'Alliance. Ensuite, les élus du parti socialiste ont lu trois motions concernant le développement du tourisme à La Réunion, la réforme des retraites ainsi que la problématique du logement et la nécessité de relancer la commande publique.

L'ensemble de ces questions a été renvoyé en commission pour étude. Ce qui a provoqué la désapprobation des élus de l'opposition. Des élus de l'Alliance et du parti socialiste ont donc décidé de quitter la séance pour aller "porter leurs revendications dans la rue avec les salariés".

Puis l'étude du premier dossier à l'ordre du jour a débuté, celui de la nouvelle route du littoral. Nicolas Morbé, directeur opérationnel du projet de route du littoral a fait état des décisions prises lors du dernier comité de pilotage du 26 mai dernier. Il a d'abord rappelé que la route du littoral actuellement mise en circulation date de 1976. Au fil des années des travaux de sécurisation ont permis de réduire les chutes de pierres et le nombre de jours de basculement. "Mais ces aménagements n'ont pas d'effets contre les risques d'effondrement en masse", indique Nicolas Morbé.

Décision est donc prise de réfléchir à la mise en place d'une nouvelle route du littoral. Des études sont lancées. Plusieurs projets sont présentés : une route par la montagne, une route entièrement sous tunnel ou une route par la mer avec digue et viaduc. C'est le dernier choix qui avait été arrêté par l'ancienne majorité, avec une 2 x 2 voies avec péage pour un coût estimé à 1,4 milliards d'euros.

Le nouveau projet de route du littoral voulu par Didier Robert prévoit quant à lui une 6 voies gratuite sur digue et viaduc dont deux voies réservées aux transports en commun sur site propres (TCSP). Cette route devrait également intégrer la possibilité de mettre en place une voie ferroviaire. "Le fait de mutualiser deux types de transports me paraît bénéfique en terme d'investissement et d'organisation", souligne David Lorion, vice-président au conseil régional.

Selon le comité de pilotage du 26 mai, le coût estimé de ce projet pour l'instant est d'1,6 milliards d'euros. Concernant les aspects techniques, de nouvelles études devraient être menés concernant l'élargissement du viaduc et de la digue. Les services en charge du projet devront également prendre en compte "le problème de congestion à l'entrée de Saint-Denis". La forme de cette route devrait également faire l'objet d'études de la part des techniciens.

Le calendrier pour la mise en oeuvre du projet de nouvelle route du littoral correspond quant à lui à celui annoncé par Didier Robert: compléments sur l'avant projet d'ici la fin de l'année 2010, approbation de l'avant projet sommaire dans le courant de l'année 2011, enquête publique en 2011 et déclaration d'utilité publique en 2012. Dans le même temps, des études de maîtrise d'ouvrage seront lancées en 2011 "pour gagner du temps pour le démarrage des travaux". Les travaux devraient quant à eux débuter en 2013. La livraison d'une première tranche Grande-Chaloupe - Possession est prévue pour 2016 ou 2017. Le calendrier et le coût du projet devraient être affinés au fil des études.

Pour Michel Lagourgue, conseiller régional Alliance, "le calendrier établi ne sera pas respecté". "La mise en place de deux voies supplémentaires va entraîner de nouveaux problèmes. Cela va donc allonger les délais", ajoute t-il. L'élu s'est également interrogé sur la question de l'engorgement à l'entrée de la Possession et de Saint-Denis.

Puis c'est Camille Sudre qui s'est exprimé avec beaucoup de véhémence : "Vous croyez que nous allons gober ça ?", lance t-il en faisant allusion au projet présenté. "Le protocole de Matignon prévoit deux projets indissociables, la route du littoral et le tram-train. Vous avez annulé le tram-train. Vous recommencez à zéro la route du littoral. Vous remplacez le tram-train par 2 000 bus et les mettez sur la route du littoral. C'est surréaliste", dénonce t-il. "Vous démantelez le protocole de Matignon", poursuit-il. "Les Réunionnais devaient avoir la route du littoral et le tram-train. Ils n'auront rien", termine t-il.

En réponse à ce discours, Michel Vergoz, conseiller régional PS, a invité Camille Sudre à "la sagesse". "Nous devons aujourd'hui tout faire pour avoir au moins un des deux projets, la route du littoral", estime t-il. "Ce dossier est vital pour La Réunion. Si un effondrement de masse se produit sur la route du littoral, notre île est morte", martèle t-il. "Le rapport qui a été présenté a levé mes craintes. Je suis soulagé. Nous l'approuvons", a-t-il signalé. Il s'est tout de même dit "perplexe" concernant l'aspect technique de cette route littoral. "Ne peut-on pas d'abord étudier la question de l'assainissement de la falaise ?", a-t-il demandé, tout comme Jean-Jacques Vlody, conseiller régional socialiste.

Concernant la question de l'assainissement de la falaise, Dominique Fournel, conseiller régional de la majorité, a rappelé que la contrainte majeure de ce projet est "la coupure pour une durée plus ou moins longue de la route du littoral. Ce qui est impossible à l'heure actuelle", affirme t-il. "De plus, nous ne sommes pas sûrs de pouvoir ainsi régler la question des chutes de pierres", complète t-il. Autre problématique, la falaise fait partie des "espaces remarquables" et compte des espèces végétales et animales protégées. "Il faudrait modifier la loi littoral pour pouvoir assainir la falaise", précise Nicolas Morbé.

Concernant les problèmes d'engorgement à l'entrée de Saint-Denis et de la Possession, Dominique Fournel a souligné que "l'objectif premier est la sécurisation de la route du littoral". Quant à la question de l'entée dans Saint-Denis, "nous devons trouver un système qui permette de diffuser le trafic dans le chef-lieu", explique le conseiller régional. Parmi les problèmes mis en exergue, celui du pont de la rivière Saint-Denis qui constitue un "goulot d'étranglement". "Nous devons trouver les solutions adaptées à la mise en place d'un éventuel Boulevard Nord", analyse l'élu.

Après plus de deux heures de débat, Didier Robert s'est exprimé en clôture des discussions. "Il s'agit d'une décision majeure que nous devons prendre dans le sens de l'intérêt général", a-t-il commencé. "Nous devons allier la dimension de route traditionnelle et la dimension liée au TCSP. Aujourd'hui, nos moyens budgétaires nous permettent d'envisager une solution par bus et non par voie ferrée. Mais nous pouvons d'ores et déjà réfléchir à la possibilité d'un système de transport différent du bus à moyen ou long terme", ajoute t-il. Il souligne également que ce projet ne comporte pas de péages. "Il serait injuste, au regard de la situation de beaucoup de Réunionnais, de les faire payer le fonctionnement de cette route", explique t-il.

Didier Robert a poursuivi son discours en rappelant que le coût du projet initial de route littoral était de 930 millions d'euros dont 400 à 500 millions d'euros financés par la Région. Dans ce nouveau projet évalué à 1,6 milliards d'euros, "l'investissement de la collectivité reste la même mais la participation de l'Etat augmente tout en permettant d'envisager d'autres projets comme celui de société aéroportuaire", note t-il. Concernant la problématique des embouteillages aux entrées des villes, le président de Région a demandé au comité de pilotage de travailler avec les collectivités sur les aménagements à mettre en place pour fluidifier le trafic.

"La pertinence de la route du littoral ne sera optimisée que lorsque nous aurons aménagé une voie routière sur toute l'île", a-t-il terminé, en rappelant la nécessité de mettre en place une voie rapide entre Saint-Pierre et Saint-Benoît. Une fois le discours terminé, les conseillers régionaux ont procédé au vote de ce rapport concernant la nouvelle route du littoral. Seuls les élus de l'Alliance se sont opposés à ce rapport. Il a donc été approuvé.

Les conseillers régionaux ont ensuite poursuivi l'ordre du jour avec le bilan des activités et des comptes 2009 de la région, le projet de décision modificative N°2 au budget 2010, les diverses délégations de compétence et l'avis de contrôle de la chambre régionale des comptes.

Mounice Najafaly pour
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