Nouveaux accords de Matignon

"La plus grande faute politique depuis un demi-siècle"

  • Publié le 14 octobre 2010 à 09:00

La signature des nouveaux accords de Matignon, entre Didier Robert et le Premier ministre François Fillon, ce jeudi 14 octobre 2010 enterrera définitivement le projet tram-train. Ce qui constitue pour l'Alliance "la plus grande faute politique depuis un demi-siècle", après l'abandon du chemin de fer, au début des années 60. "Cette décision remet en cause la stratégie de développement et d'aménagement de l'île", a dénoncé Paul Vergès, conseiller régional Alliance, lors d'une conférence de presse organisée ce mercredi 13 octobre 2010.

Le leader de l'Alliance a d'abord rappelé les raisons de la signature du premier protocole de Matignon. La Réunion venait de définir sa stratégie de développement : parvenir à l'autonomie énergétique et sortir du tout automobile. En mars 2006, un grave effondrement sur la route du littoral fait 2 morts et 2 blessés. "L'Etat qui compétent pour l'aménagement des routes nationales était dans l'obligation de prendre ses responsabilités et de financer un nouveau projet de route du littoral", souligne le conseiller régional.

C'est dans ce contexte qu'est signé en 2007 le protocole de Matignon entre le président de Région de l'époque, Paul Vergès, et le Premier ministre de l'époque, Dominique de Villepin. Les accords de Matignon prévoyaient le financement de deux projets. D'une part, la mise en place d'une nouvelle route du littoral. D'autre part la construction d'un réseau ferré dénommé "tram-train". Le premier tronçon du tram-train devait relier Sainte-Marie à la Possession. Une fois le réseau terminé, il devait s'étendre de Saint-Benoît à Saint-Joseph. Montant total de l'aide accordée par l'Etat, 2,2 milliards d'euros. "C'était un effort exceptionnel pour notre région. Jamais un département d'Outre-mer n'a bénéficié d'un tel financement de la part de l'Etat", martèle l'élu communiste.

"Aujourd'hui, cet accord est remis en cause par le président de Région au nom de son programme", déplore Paul Vergès. "C'est la première fois qu'on voit un élu réunionnais demander le démantèlement d'un acte politique décisif et important pour l'avenir de La Réunion", fustige t-il. En effet, même si le montant de l'aide étatique devrait rester le même (2,2 milliards d'euros), le conseiller régional estime que ce montant doit être plus élevé dans ce nouvel accord. "L'indice des travaux publics a augmenté entre 2007 et 2010. Pour que l'accord soit efficace, l'aide doit être plus important", explique Paul Vergès.

L'ancien maire du Port évoque ensuite le projet tram-train. "Ce chantier allait offrir du travail pour une période allant de 2010 à 2025. Il répondrait à la croissance démographie de l'île tout en posant les bases d'un projet de développement durable", détaille le conseiller régional Alliance. "On le substitue par quoi à la place ? Par 1 000 ou 2 000 bus qui devront circuler sur un site propre. Cet acte est d'une importance économique, politique et sociale capitale pour La Réunion", commente Paul Vergès. Il poursuit : "les conséquences de la fin du tram-train seront infiniment plus grandes que la suppression du chemin de fer dans les années 60. Le contexte n'est pas le même. La situation va s'aggraver", prédit l'ancien président de Région.

L'Alliance n'est pas non plus avare en critique à l'encontre du projet de route du littoral de la nouvelle majorité régionale. Un projet qui devra respecter le grenelle de l'Environnement. "Avec notre projet sur 4 voies, la Diren émettait de fortes réserves. Le conseil régional veut mettre en place 6 voies. Il y a peu de chances que la Diren donne son aval", affirme Philippe Berne, ancien conseiller régional. S'ajoutent les "contraintes techniques" et la question de l'entrée dans Saint-Denis. "Jamais le chantier ne pourra démarrer en 2013", souligne l'ancien élu. Le Trans Eco Express n'est pas épargné par les conseillers régionaux qui se demandent "comment vont se répartir les compétences pour l'aménagement du site propre entre la Région, le Département et les communes ?".

"Nous serons attentifs aux décisions qui seront prises. Elles seront jugées au moment voulu. Chacun devra assumer la responsabilité de ses actes", termine Paul Vergès qui a déjà coché un premier rendez-vous en 2012, lors des présidentielles.

Mounice Najafaly pour
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