Jean-Luc Roméro à La Réunion

"Le Sida se soigne aussi par la politique"

  • Publié le 12 novembre 2010 à 15:30

Pour Jean-Luc Roméro, président des l'association des élus locaux contre le Sida (AELS), la lutte contre le Sida doit aussi se faire sur le plan politique. Sans contester la mise en place d'importantes campagnes de communication, il estime que les hommes et les femmes politiques, de La Réunion comme de Métropole, ne s'impliquent pas suffisamment de façon "personnelle".

A La Réunion, 694 personnes sont contaminées par le VIH, dont 482 hommes et 212 hommes (chiffres de 2009). Mais combien s'ignorent séropositifs ? Impossible de le savoir sur l'île mais au niveau national, on estime que 30% des personnes qui le sont l'ignorent. "Les gens qui prennent des risques ont peur d'aller se faire dépister. Ils ont peur de découvrir qu'ils sont malades", analyse Jean-Luc Roméro. Et pour cause, "les gens ont peur du regard qu'on va porter sur eux. Aujourd'hui, lorsqu'on est séropositif, c'est le chemin de croix pour obtenir un prêt. 50% des personnes qui ont avoué leur séropositivité au travail ont perdu leur emploi dans les 6 mois. On fait d'eux des coupables", fustige le président de l'AELS.

"Vivre avec une maladie est très difficile, surtout dans une petite île comme La Réunion où tout se sait rapidement", souligne Jean-Luc Roméro. "C'est pour cela que les politiques doivent prendre leur responsabilité, en parler et agir pour que le Sida ne soit plus un sujet tabou". Participation des politiques à une séance de dépistage publique, installation d'un ruban rouge sur le fronton des mairies lors de la journée mondiale de lutte contre le Sida ou encore mise à disposition de préservatifs dans les lieux publics, autant de propositions faites par le responsable d'association pour que le Sida et la sexualité ne soient plus un "tabou".

Il accueille favorablement le plan Sida 2010 - 2014, récemment mis en place, et dont la principale avancée est la possibilité pour le médecin de proposer un test de dépistage. "Si on peut prendre en charge toutes les personnes contaminées, le nombre de malade cessera d'augmenter. Selon des études, le Sida peut disparaître dans 40 à 50 ans si on arrive à prendre en charge la totalité des malades", indique le président de l'AELS.

Jean-Luc Roméro a également salué l'action de 3 associations de prévention de l'île, à savoir l'Association réunionnaise de prévention du Sida, l'association RIVE et Sidaventure. "Ce qui m'a frappé, c'est la complémentarité de ces 3 organismes. Ils travaillent ensemble, ce qui n'est pas commun en France métropolitaine", note t-il.

Le président d'association s'est également exprimé à propos du "droit de mourir dans la dignité". Un texte sur la légalisation de l'euthanasie, sous certaines conditions, sera débattu au Parlement à partir du mois de janvier 2011. Jean-Luc Roméro se dit "favorable à ce texte" qui "prend en compte la souffrance du patient et qui ne fait plus du médecin le seul à pouvoir donner son point de vue". "J'espère que les parlementaires feront un geste fort en faveur de la légalisation de l'euthanasie ", termine le responsable de l'AELS.

Mounice Najafaly pour
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