Etats généraux de l'illettrisme

Objectif : Réduire de moitié l'écart avec la métropole

  • Publié le 18 novembre 2010 à 05:00

Les membres du comité de pilotage ont présenté ce mercredi 17 novembre 2010 les contours du plan et de la charte réactualisés de "prévention et de lutte contre l'illettrisme à La Réunion". Une charte qui sera signée lors de la clôture des EGILL (Etats généraux de l'illettrisme) ce jeudi 18 novembre 2010 entre les différents membres du comité de pilotage. "L'objectif fixé par les états généraux est de réduire de moitié en 5 ans l'écart qui est actuellement de 12% entre la Métropole et La Réunion", annonce Le sous préfet à la cohésion sociale et à la jeunesse, Richard-Daniel Boisson. Plusieurs ateliers thématiques ont été organisés pour identifier et renforcer les actions existantes. Le but était également de proposer des actions innovantes en matière de prévention et de lutte contre l'illettrisme.

À La Réunion, 111 000 adultes âgés de 16 à 65 ans sont en grande difficulté face à l'écriture et à la lecture, dont 100 000 illettrés et 11 000 analphabètes. Les illettrés sont ceux, qui malgré une scolarisation en France, ont des difficultés dans les compétences de base. Quant aux analphabètes ce sont ceux qui n'ont pas été scolarisés ou qui n'ont pas suivi leur scolarité en France. De nouvelles données sont à disposition suite aux enquêtes réalisées lors de la journée d'appel et de préparation pour la défense (JAPD). Elles révèlent qu'entre 2007 et 2009, en moyenne 3 500 jeunes par an ont été identifiés comme étant "en grave ou très grave difficulté de lecture".

Mise en place en 2007, le plan et la charte 2007-2013 pour prévenir et lutter contre l'illettrisme à La Réunion subit une réactualisation à mi-parcours pour plusieurs raisons. D'une part, les premiers résultats sont mitigés et comme le précise le sous-préfet "j'ai la sensation que plein de choses se font à La Réunion, mais les énergies sont parfois éparses".

Alors afin de mieux se comprendre et pour établir un plan cohérent, le comité s'est concentré sur certains dysfonctionnements et a déterminé des axes de progrès. Le comité a par exemple décidé de réduire le nombre de ses membres pour en faire un comité restreint afin que le pilotage du dispositif soit plus efficace et davantage réactif.

Le problème de l'évaluation de l'efficacité du dispositif a également été évoqué. "Dorénavant les mesures mises en place seront évaluées scientifiquement par une personne extérieure afin de vérifier les effets du dispositif ou constater les résultats", précise Richard-Daniel Boisson. Et d'ajouter : "avec cet outil, une évaluation sera faite en cours de projet et permettra de réajuster si nécessaire".

Autre constat, "la motivation de certains stagiaires est fluctuante. Il va donc falloir les pousser à être assidus", lâche le sous-préfet. "Il faut une continuité dans le parcours, essayer de faire en sorte qu'il n'y ait pas de trou pour éviter que la personne décroche".

Dernier point important, la transparence sur ce qui est fait et mis en place. "Il y a un véritable problème de communication. On ne parle pas assez de ce que les gens ont à disposition pour les aider", constate Richard-Daniel Boisson. Un exemple, les centres de formation ne sont pas pleins, alors que bon nombre de personnes souhaitent ou sont dans l'attente d'une formation.

Pour ce faire, et chacun à son niveau, les membres du comité de pilotage que sont l'Etat, la Région, le Conseil général, La Poste, la Caf, l'Académie de La Réunion et la mission régionale de l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (Anlci) mettent en place différentes actions pour prévenir et lutter contre l'illettrisme.

Par exemple, au niveau de l'académie "l'objectif est de lutter contre le décrochage et l'absentéisme scolaire, facteurs qui peuvent conduire une personne en situation d'illettrisme", explique Bernard Zier, inspecteur d'académie. L'attention est également portée sur le problème de la maternelle. "Dès l'enfance, il faut être sensibilisé par le plaisir de lire", souligne l'inspecteur d'académie.

La Caf, qui fait partie du comité, travaille quant à elle sur deux axes : "l'éveil à la lecture des tout petits, ainsi que le soutien et l'accompagnement scolaire". En 2009, 7 000 enfants ont bénéficié de ce soutien. Toujours dans un souci d'efficacité, "nous serons plus attentif sur la qualité de l'accompagnement scolaire mais également sur l'investissement des parents", affirme Liliane Pause de la Caf.

Cet organisme qui est en constante relation avec le public, détecte à titre expérimental les personnes qui ont des difficultés à remplir les documents et les oriente vers des associations. "D'une part les associations vont les aider à remplir le document et ensuite elles vont les orienter vers d'autres structures pour les aider et les sensibiliser à la lecture et à l'écriture", explique Liliane Pause.

"L'illettrisme n'est pas une fatalité" avait lancé Luc Chatel, le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative, lors de la présentation du plan de prévention de l'illettrisme en mars 2010.

Julie Fioretti pour
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