Prix de la vocation scientifique et technique des filles

Huit lauréates primées

  • Publié le 2 décembre 2010 à 07:00

Huit jeunes bachelières ont reçu en préfecture ce mercredi 1er décembre 2010 le Prix de la vocation scientifique et technique des filles. Cette distinction, remise après étude des dossiers des candidates sur la base de leurs résultats scolaires et de leur motivation, récompense des jeunes filles ayant fait le choix de poursuivre des études dans les filières scientifiques et techniques. Le Prix, qui existe depuis 1991, est doté à hauteur de 1 000 euros par l'État. Pour la première fois cette année, la SBTPC, une entreprise locale du Bâtiment et travaux publics, un secteur employant massivement des hommes, a ajouté une somme de 150 euros au Prix. L'entreprise a aussi signé un contrat pour la mixité des emplois.

Issues de différents lycées de l'île, les jeunes lauréates ont toutes été acceptées dans des écoles d'ingénieur ou dans des classes préparatoires aux grandes écoles scientifiques et techniques. Sept des huit primées ont d'ailleurs déjà rejoint leur lieu d'étude en métropole. Ce sont leurs parents qui ont reçu le Prix à leur place.

C'est un jury présidé par le préfet, Michel Lalande et composé notamment de chefs d'entreprise, qui a désigné les huit jeunes filles. Leurs dossiers a été retenus parmi les trente examinés par le jury. C'est en raison de "la qualité et de l'originalité des parcours envisagés, de la motivation des candidates et l'excellence de leurs résultats scolaires" que les huit lauréates ont été désignées.

À noter que La Réunion n'échappe pas au paradoxe français. Alors qu'elles ont de meilleurs résultats scolaires jusqu'au baccalauréat, les Réunionnaises rencontrent plus de difficultés d'accès à l'emploi que les Réunionnais. Les chiffres fournis par l'Insee et le Rectorat le prouvent.

Le score global moyen sur 100 atteint par les filles aux évaluations de 6ème, était de 50.3 en français et 52.6 en mathématiques, contre respectivement 40.3 et 51.8 pour les garçons. 63.8% des filles d'une génération ont le baccalauréat, contre 43.5% des garçons. Le taux de réussite au baccalauréat technologique des filles est de 81.5%, contre 77.1% pour les garçons (respectivement 84.2% et 83.9% pour le baccalauréat général et 78% et 73.3% pour le baccalauréat professionnel). Le taux de réussite des filles au baccalauréat général série scientifique est de 90.4%, contre 86.8% pour les garçons.

Les orientations post-baccalauréat restent malgré tout très stéréotypées. Si les filles représentent 61.9% des élèves de l'enseignement supérieur, leur présence est inégale selon les filières. Elles ne sont plus que 28.3% des effectifs en science de l'ingénieur, alors qu'elles trustent les rangs de la filière lettres-sciences du langages-arts où elles représentent 80.6% des inscrits (elles sont encore 78.7% en langues). De la même manière, les Réunionnaises représentent 75.6% des inscrits en écoles paramédicales et sociales, 70.9% des élèves d'IUFM et ... 26% des inscrits en sciences fondamentales à l'université.

"Ces choix d'orientation post baccalauréat, sans grande correspondance avec les résultats scolaires jusqu'à la terminale, ont un impact indéniable sur l'accès à l'emploi des jeunes filles et plus tard sur leur déroulement de carrière" commente la préfecture.

L'enquête "insertion dans la vie active", menée par le Rectorat auprès des élèves (issus de CAP, BEP, MC, Bac pro, des classes de seconde et première d'enseignement général et technologique, de terminale technologique et de BTS), 7 mois après leur sortie du système scolaire indique que 16.3% des garçons ont trouvé un emploi, contre 13.4% des filles.

Ces dernières se déclarent par ailleurs déjà inactives à 11.6%, contre 8.2% des garçons. La tendance s'inverse lorsqu'il s'agit de jeunes sortis de l'apprentissage : 38.9% des filles ont un emploi, contre 30.8% des garçons. Il est cependant à noter que les Réunionnais sont trois fois plus nombreux à accéder à l'apprentissage que les Réunionnaises.

Ces difficultés se retrouvent plus tard, sur les données du chômage mais également sur les écarts salariaux et l'accès aux postes d'encadrement. Les Réunionnaises, qui représentent 46.2% de la population active, sont plus touchées par le chômage. Ainsi, en 2009, seulement 38% des femmes en âge de travailler occupent réellement un emploi contre 50.4% des Réunionnais. En octobre 2010, elles constituent 49.5% de la demande d'emploi de catégorie A et leur nombre augmente de 14.6% en un an, contre 11.4% pour les hommes.

Lorsqu'elles travaillent, les Réunionnaises sont avant tout salariées (48% des effectifs) et occupent 70% des emplois à temps partiel. Par ailleurs, 15% des actives occupées souhaiteraient travailler davantage, contre 7% des actifs occupés. Cette situation est en partie due à la répartition des hommes et des femmes sur les familles de métiers. 50% des femmes occupent seulement 14 métiers, quand il faudrait 47 métiers pour concentrer la moitié des hommes. Les postes occupés par les femmes étant davantage pourvoyeurs de temps partiels que ceux occupés par les hommes.

Les dix emplois les plus occupés par les femmes sont les secrétaires et aide à domicile/aide ménagère, les adjointes administratives de la fonction publique, les employées de maison chez des particuliers, les professeures des écoles, les agentes administratives de la fonction publique (sauf écoles et hôpitaux), les professeures agrégées certifiées du secondaire, les assistantes maternelle, les gardes d'enfants, les employées comptables ou financières et les agentes de services des écoles primaires.

Les effets de cette répartition stéréotypée sont également notables sur les écarts de salaires. Les Réunionnaises ont un salaire moyen équivalent à 87.6% de celui des Réunionnais. L'écart s'aggrave pour les cadres, avec un ratio de 76.8%, et les ouvrier(e)s qualifié(e)s (68.2%). Enfin, l'accès aux responsabilités et le développement de carrière suivent le même mouvement puisque les femmes à La Réunion occupent seulement 38% des postes d'encadrement et représentent 25.5% des créateurs/créatrices d'entreprises.

* Les huit lauréates du Prix 2010 de la vocation scientifique et technique des filles sont Marion Neyrat, Nadia Paniandy, Raïssa Chamsidine, Marine David, Élodie Angama-Latchimy, Yasmine Abdillah, Fanny Gibert et Delphine Buchle.

guest
0 Commentaires