Insee - Projection de la population en 2040

La Réunion vieillit

  • Publié le 8 décembre 2010 à 07:08

En 2040, La Réunion devrait compter 1 061 000 habitants, soit un tiers de plus qu'aujourd'hui, indique l'enquête "projection de la population" menée par l'Insee et présentée ce mardi 7 décembre 2010. "D'ici là, la croissance annuelle de la population devrait ralentir, mais demeurer à un niveau élevé" indique l'institut de la statistique. "Les naissances continueront d'être bien supérieures aux décès, et les flux migratoires seront très importants, dans les deux sens" dit encore l'Insee. L'enquête révèle aussi qu'en 2040, les plus de 60 ans représenteront un quart de la population.

Si les tendances démographiques observées ces dernières années se prolongent, La Réunion atteindra 1 061 000 d'habitants en 2040, a donc annoncé l'Insee dans sa conférence de presse de ce mardi. La population aura alors augmenté de 266 000 habitants, soit 33 % de plus qu'en 2007. La croissance annuelle de la population devrait néanmoins diminuer au cours de la période. "Ainsi, le taux de croissance annuel de la population qui était de 1,48% entre 1999 et 2007, devrait diminuer jusqu'à 0,62% en moyenne entre 2030 et 2040" estime l'Institut de la statistique. Le taux sera alors de 0,32 % en France métropolitaine.

Dans les autres départements d'Outre-mer, la population pourrait décroître à partir de 2025 en Martinique et de 2035 en Guadeloupe, alors que la Guyane resterait sur une croissance très forte de 3% en moyenne entre 2007 et 2040. En France métropolitaine, la croissance annuelle moyenne serait de 0,41% et de 0,88% à La Réunion sur la période.

La baisse du taux de croissance s'explique par différents éléments notent les enquêteurs. Les décès augmentent alors que les naissances croissent légèrement. Dans le même temps, le solde migratoire négatif s'accentue. L'incertitude sur l'évolution future des migrations est importante, reconnaît toutefois l'Insee. Ces déplacements sont en effet liés "à un certain nombre de paramètres difficilement prévisibles tels que l'environnement économique et social" ou la pérennisation des " dispositifs existants d'aide à la mobilité" remarquent les enquêteurs.

L'étude révèle ensuite que quel que soit le scénario envisagé, le solde naturel (naissances - décès) sera à lui seul à l'origine de l'accroissement de la population. Dans le scénario central, malgré une baisse envisagée de 2,5 à 2,3 enfants par femme, le nombre de naissances continuera de croître jusqu'en 2040, du fait d'une population plus nombreuse de femmes en âge d'avoir des enfants.

Ainsi, même s'il ne naissait que 2,1 enfants par femme à partir de 2030, la diminution de la fécondité n'entraînerait qu'une baisse de 1 000 naissances par an. "A l'inverse, si la fécondité observée ces dix dernières années se maintenait à 2,5 enfants par femme, il pourrait naître jusqu'à 17 000 bébés par an, soit 2 000 de plus qu'aujourd'hui" remarque l'Insee.

Le phénomène est similaire pour la mortalité. Les hommes vivront 6 ans de plus et les femmes 3 ans de plus. Mais malgré ces gains d'espérance de vie, l'arrivée à un âge avancé de la génération "baby boom" doublera le nombre de décès. Le seuil de 8 000 décès annuels pourrait être atteint en 2040. "Quelles que soient les hypothèses envisagées, le solde naturel sera toujours très positif en 2040, ce qui laisse à penser que la transition démographique ne sera pas totalement achevée" prévient l'institut de la statistique.

S'intéressant aux migrations, l'Insee note que si les tendances migratoires récentes se maintenaient, le solde migratoire serait très légèrement négatif. "D'ici 2040, La Réunion perdrait 7 000 habitants soit 200 par an en moyenne" estiment les enquêteurs. Néanmoins, les flux migratoires dans les deux sens devraient être très importants. Les 324 000 arrivants compenseraient presque les 331 000 partants. Les comportements migratoires étant différenciés selon les destinations, il y aurait davantage de départs vers la France métropolitaine et les Dom que d'arrivées, et plus d'arrivées d'étrangers ou de Mahorais que de départs, prévoit l'Insee.

Analysant les raisons des déplacements, les enquêteurs soulignent que les comportements migratoires dépendent aussi de l'âge. Entre 20 et 24 ans, les départs sont très nombreux pour la poursuite des études ou la recherche d'un emploi et ne compensent pas les arrivées. Entre 30 à 49 ans, la tendance s'inverse. Les personnes de retour dans l'île, ou celles qui viennent s'installer à La Réunion sont majoritaires. La croissance de la population accentue le phénomène. "Le nombre de jeunes augmentant, le nombre de départs vers la France métropolitaine devrait également s'accentuer, sous réserve du maintien des dispositifs actuels favorisant la mobilité" estime l'Insee.

Les principales régions d'échanges entre La Réunion et la France métropolitaine seraient sans surprise l'Île-de-France, la Provence Alpes Côtes d'Azur PACA et le Rhône-Alpes, qui sont aussi les régions les plus peuplées. L'Ile de France concentrerait ainsi plus de 20% des échanges, PACA et le Rhône-Alpes10 % chacune. D'autres régions (Midi-Pyrénées, Aquitaine et Languedoc-Roussillon) assureront chacune 7% des mouvements migratoires.

L'institut de la statistique analyse ensuite ce qu'il appelle le "déséquilibre homme - femmes". "Actuellement, les femmes représentent 51 % de la population réunionnaise. D'ici 2040, le déséquilibre devrait s'accentuer, pour atteindre 54 % de femmes" indiquent les enquêteurs. Les femmes seraient alors 80 000 de plus que les hommes. Les flux migratoires accentueront le phénomène. "Ainsi, entre 25 et 30 ans, les hommes devraient être plus nombreux à partir vers la France métropolitaine que les femmes, ce qui crée un premier déséquilibre. Ensuite, parmi la population étrangère ou mahoraise, les femmes seraient plus nombreuses à arriver que les hommes, ce qui amplifie le constat" analyse l'institut de la statistique.

Un chapitre de l'enquête concerne le vieillissement de la population. En 2040, un quart des personnes vivant à La Réunion devrait avoir plus de 60 ans. "Au fil des ans, la structure de la population réunionnaise se modifie" remarquent les enquêteurs. Les moins de 20 ans seraient 11 000 de plus en 2040 (un peu plus d'un Réunionnais sur quatre aura moins de 20 ans), mais leur part dans la population devrait diminuer de 10 points. Dans le même temps, le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans devrait augmenter de 185 000. Ces personnes seront alors trois fois plus nombreuses qu'aujourd'hui. Comme les plus jeunes, elles représenteraient plus d'un quart de la population, contre 11 % aujourd'hui. Les personnes de plus de 80 ans seront au nombre de 63 000, soit 4,5 fois plus qu'aujourd'hui. Elles représenteront alors 6% de la population.

"Comme partout en France, la population vieillira, mais ici plus vite qu'ailleurs. Le département resterait tout de même un des plus jeunes de France avec la Guyane et Mayotte" indique l'Insee. En 2040, les Réunionnais auront 40 ans en moyenne, soit 8 ans de plus qu'aujourd'hui. En France métropolitaine, l'âge moyen atteindrait 44 ans, soit 4 ans de plus qu'aujourd'hui.

La part de la population âgée de 20 à 59 ans devrait diminuer de 54% à 47 % en 2040, ce qui entraînera une augmentation du rapport entre le nombre de personnes "d'âge inactif" (moins de 20 ans et plus de 60 ans) et "d'âge actif" (20 à 59 ans). De 86 personnes d'âge inactif pour 100 d'âge actif aujourd'hui, il devrait passer à 114 pour 100 en 2040. Il serait alors identique à La Réunion et en France métropolitaine.

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