Point de situation sur la saison cyclonique 2010-2011

Une activité "exceptionnellement" faible

  • Publié le 8 mars 2011 à 06:00

A ce jour, et alors que la seconde moitié de la saison cyclonique est déjà bien entamée, seulement deux systèmes dépressionnaires significatifs se sont développés sur le bassin du Sud-Ouest de l'océan Indien, Abele début décembre et Bingiza en février (tous deux devenus des cyclones tropicaux cependant). Pour les services de Météo France, cette saison cyclonique 2010-2011 est "exceptionnellement" faible. En cause, le phénomène La Niña.

Cette situation est exceptionnelle, "puisque sur les 50 dernières années, il n'était arrivé auparavant qu'une seule fois de se retrouver début mars avec seulement deux systèmes baptisés", soulignent les services de Météo France. Il s'agissait de la saison 1997-1998, au cours de laquelle la troisième tempête tropicale de la saison s'était développée à la fin de la première semaine de mars. C'est désormais la saison actuelle qui détient le record de la plus faible activité cyclonique pour la première partie de saison couvrant toute la période initiale allant jusqu'au 7 mars.

Météo France souligne aussi que "la saison 1997-1998 constituait également le seul cas, avant le présent exercice 2010-2011, d'une saison n'ayant pas vu la moindre tempête tropicale évoluer sur le bassin au cours du mois de janvier". Mais la saison actuelle n'est pas la plus tardive, contrairement aux saisons 1997-1998 (il avait fallu attendre le 8 février pour voir le premier phénomène baptisé - le futur cyclone tropical Anacelle) et 1986-1987 (le premier baptême n'intervenant que le 16 janvier 1987 - avec la tempête tropicale Alinina).

Quelles sont les raisons susceptibles d'expliquer l'exceptionnelle faiblesse de l'activité cyclonique dans la zone ? Rappelant qu' "il n'y a pas de certitude absolue", Météo France met en exergue deux facteurs explicatifs : "un contexte global et un facteur plus circonstanciel, à savoir une situation climatique particulière ayant cours cette année sur toute la zone Indo-Pacifique".

Concernant le contexte globale, Météo France note une baisse importante de l'activité cyclonique au niveau mondial depuis 4 à 5 ans, notamment dans le Pacifique Nord. Le bassin Sud-Ouest de l'Océan Indien suit aussi cette tendance puisque c'est la troisième année consécutive où on enregistre "un niveau d'activité faible". Jamais l'activité cyclonique mondiale n'aura été aussi faible depuis la fin des années 70. Météo France ne parvient pas à expliquer réellement les raisons de cette tendance, soulevant simplement quelques hypothèses. Il évoque "un simple cycle naturel décennal ou mutli-décennal" ou encore "un changement plus profond et durable".

Météo France constate aussi qu'il y a "des circonstances particulières" à cette saison chaude 2010/2011. Elles sont liées à "la situation inhabituelle qui prévaut actuellement sur toute la zone Indo-Pacifique où sévit une anomalie de la circulation atmosphérique, La Niña. Ce phénomène a pour conséquences des pluies en excès de l'Est de l'Océan Indien jusqu'au Pacifique Sud-Ouest et des conditions anormalement sèches dans l'Ouest de l'Océan Indien et sur le Pacifique central. Météo France relativise ensuite cette analyse, excluant tout phénomène de cause à effet "automatique" lié à La Niña. Il rappelle que lors de la saison 1988-1989, l'activité cyclonique a été supérieure à la normale alors qu'on enregistrait un épisode de La Niña d'intensité comparable à celui en cours.

Météo France estime donc que "l'actuelle exceptionnelle faiblesse de l'activité cyclonique sur la zone Sud-Ouest de l'océan Indien ne présage en rien de l'avenir". Cette deuxième partie de saison peut-être "plus active" même si " les projections actuelles laissent plutôt à penser que l'activité perturbée va demeurer inférieure à la normale au cours des deux prochains mois sur notre zone".

"A ce stade, on ne peut toutefois encore rien exclure pour quelque territoire que ce soit, et pour La Réunion en particulier", affirment les services de Météo France. Ils citent la saison 1986-1987 qui s'était achevée avec seulement cinq systèmes baptisés (sachant que la normale est de neuf). Mais La Réunion avait beaucoup souffert suite au passage du cyclone Clotilda.

Météo France rappelle enfin que "même dans un contexte environnemental anormalement sec, on n'est jamais à l'abri de la survenue d'un épisode pluvieux intense, comme celui que l'île a connu fin janvier, un petit épisode par la durée (3-4 jours), mais important en terme de quantités de précipitations, ayant à lui seul gommé une bonne partie du déficit pluviométrique".

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