Energie intermittente - Société Corex

Le salut du photovoltaïque passera par le stockage

  • Publié le 30 avril 2011 à 06:00

À La Réunion le développement de la filière photovoltaïque se heurte à la limite des 30% d'énergie intermittente pouvant circuler sur le réseau EDF. Cette limite a été mise en place pour garantir la stabilité du réseau électrique local. Cette limite, quasiment atteinte sur l'île, risque de mettre un coup d'arrêt à l'industrie du photovoltaïque sur l'île. A moins que le développement des systèmes de stockage énergétique ne lui donne un second souffle. C'est en tout cas le pari de l'entreprise Corex Solar qui fait figure de pionnière sur l'île avec l'arrivée de son système nommé Smartgrid.

Au 31 mars 2011, 92 Mégawatt (MW) de centrales photovoltaïques étaient connectées au réseau. 58 MW de centrales étaient en attente de raccordement au réseau et 13 MW de centrales étaient en attente de contrat de raccordement. "Aujourd'hui, le seuil des 30% d'énergie intermittente sur le réseau électrique est virtuellement dépassé", constate Patrice Galbois, directeur de la société Corex Solar. En effet, l'énergie totale produite sur le réseau réunionnais est d'environ 500 MW. Avec près de 160 MW fournis par le photovoltaïque d'ici la fin de l'année, le seuil sera effectivement dépassé.

En cas de dépassement, le réseau électrique réunionnais risque d'être déstabilisé, selon EDF. L'énergie intermittente, comme son nom l'indique, est très aléatoire. Dans le cas du photovoltaïque, elle dépend fortement des heures de la journée et du climat. La nuit ou en cas de mauvais temps, sa production est quasi nulle, faute d'ensoleillement, ce qui risque de déstabiliser le réseau et provoquer des coupures de courant intempestives.

Cette limite des 30% signe-t-elle donc la fin de l'ère du photovoltaïque à La Réunion ? Pas pour Patrice Galbois qui veut miser sur le stockage de l'énergie intermittente dans des batteries pour donner un second souffle à une filière qui "a énormément souffert des récentes mesures gouvernementales" (réduction du crédit d'impôt et baisse des tarifs de rachat de l'électricité - ndlr). Cette technologie est à ses balbutiements sur l'île. Quelques sites de stockage existent sur l'île mais ne sont mis en place qu'à titre expérimental. La société Corex Solar souhaite démocratiser cette technologies grâce à son système nommé Smartgrid.

"Smartgrid, c'est la solution à l'intermittence de l'énergie. Elle ouvre de nouvelles perspectives au développement du photovoltaïque", lance Patrice Galbois. Cette technologie développée par une entreprise néerlandaise en partenariat avec Corex qui est une première sur l'île est "le fruit d'une réflexion menée depuis plusieurs années". "Elle permet le stockage, la revente et l'autoconsommation de l'énergie produite", détaille le chef d'entreprise.

Concrètement, Smartgrid est un système électronique relié aux panneaux photovoltaïques qui adapte l'utilisation de l'énergie aux besoins. En temps normal, il fournira l'énergie à EDF qui la rachète à des prix attractifs, supérieurs au prix auquel il fournit ses abonnés. "Il peut aussi stocker l'énergie dans des batteries que nous louons au client qui prendront le relai en cas de problème sur le réseau électrique", indique Patrice Galbois qui prend l'exemple des récents délestages suite à la grève chez EDF et la Séchilienne Sidec.

"En cas de délestage, la batterie prend le relais et le propriétaire des panneaux consomme sa propre énergie", explique le dirigeant de Corex. Une batterie a une autonomie de "3 à 4 heures". "Il est possible de brancher plusieurs batteries. Avec 6 batteries, une personne a du courant pour toute une journée", précise Patrice Galbois. "En bref, c'est un groupe électrogène financé par EDF", plaisante-t-il.

Si cette technologie se démocratise effectivement, "elle permettrait de mettre fin au problème de l'intermittence". "EDF serait alors capable d'agir sur la production parmi la multitude de fournisseurs pour stabiliser le réseau", explique Patrice Galbois.

La présentation du système Smartgrid a été l'occasion pour Patrice Galbois d'évoquer les nouveaux panneaux photovoltaïques développés par l'entreprise. Des panneaux qui respectent la nouvelle réglementation qui impose l'installation de panneaux "intégrés au bâtis". Là encore, Corex fait partie des pionniers sur l'île puisqu'il fait partie des premières entreprises de l'île a obtenir l'agrément zone 5 (zone cyclonique) pour ce type d'installation.

Mounice Najafaly pour
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