Un blog met en cause un vice-président de Région

Frédéric Cadet accusé d'absentéisme à l'Université

  • Publié le 2 septembre 2011 à 22:00

Selon un article publié le vendredi 2 septembre 2011 par le blog http://www.bonanniversairedidier.fr, le vice-président de la Région Réunion Frédéric Cadet percevrait depuis un an de l'université un salaire d'enseignant de 8 000 euros mensuels pour des heures de cours qu'il n'aurait jamais effectuées. Dans un communiqué sans entête envoyé dans la même soirée, Frédéric Cadet reconnaît que le président de l'université, Mohamed Rochdi, lui a demandé d'effectuer des heures jugées "manquantes". Ce qu'il a commencé à faire, dit-il, depuis le 22 août 2011. Il estime ensuite que l'article du blog "comporte des contre-vérités avec un objectif de dénigrer et de nuire".

Frédéric Cadet, professeur de biochimie à l'université et vice-président du conseil régional délégué à la recherche a-t-il perçu un salaire de 8 000 euros mensuels pendant un an sans donner le moindre cours à l'université? C'est en tout cas ce qu'affirme le blog réunionnais www.bonanniversairedidier.fr dans un article paru vendredi 2 septembre 2011. En réaction, Frédéric Cadet a envoyé un communiqué dans lequel il estime "depuis plusieurs semaines" être "victime de rumeurs mensongères et diffamatoires".

D'après l'auteur du blog, l'ancien président de l'université (2002-2004) devenu recteur de l'académie de Poitiers en 2004, percevrait un salaire de 8000 euros nets mensuels depuis son retour à l'université de La Réunion en 2008. Un recteur de retour en fonction à l'université a légalement droit à un congé d'un an au cours duquel il percoit ses émoluments. Frédéric Cadet a ainsi repris réellement ses fonctions d'enseignant en biochimie à la rentrée universitaire de 2009. Suite à l'élection de Didier Robert à la présidence du conseil régional en 2010, il est devenu vice-président de la Région, délégué à la recherche. C'est donc à la rentrée de 2010 qu'il "a demandé à pouvoir bénéficier de (ses) droits en tant qu'élu", indique son communiqué. Des modalités légales, dit-il, (autorisations d'absence et crédit d'heures) qui lui permettraient en effet d'obtenir, dit-il dans son communiqué, 175 heures d'allègement sur ses 192 heures annuelles de cours dues. Donc, toujours selon Frédéric Cadet, "le service dû est de 17 heures équivalent travaux dirigés,
soit en fait de 11,3 heures de cours magistraux en présence des étudiants".

Un décompte qui n'est pas celui de www.bonanniversairedidier.fr. L'universitaire n'est pas aujourd'hui pas en mesure de justifier ces heures, car, affirme le blog, depuis la rentrée 2010, il "disparaît complètement des salles de cours universitaires (...) sans renoncer à son salaire de professeur". A ce propos, Frédéric Cadet reconnaît avoir reçu un courrier du président de l'université, Mohamed Rochdi, en date du mois de juin 2011, qui l'informait que son service pour 2010 - 2011, sur la base des crédits d'heures, aurait dû être de 158 heures . Autrement dit, il lui demandait d'effectuer les heures manquantes. "Ce courrier comporte une erreur et ne tient pas compte des autorisations d'absence", estime le professeur de biochimie.

Pour sa part, le blog www.bonanniversairedidier.fr précise que lorsque l'administration de l'université lui demande de transmettre sa fiche de services faits (un état administratif annuel des missions réalisées - ndlr), Frédéric Cadet bénéficie du soutien de quelques collègues bien intentionnés qui lui ont "donné" leurs heures supplémentaires pour justifier le service rendu... donc son salaire. Dans son communiqué, Frédéric Cadet confirme ce fait. Il explique que cette décision a été prise au mois de juin, par l'équipe de direction de la faculté des sciences.

Le procédé n'a pas été du goût du président de l'université, Mohamed Rochdi, qui a tout simplement refusé cette solution et demandé à Frédéric Cadet d'effectuer ses heures. Ce que le professeur affirme s'être engagé à faire. " En attendant de clarifier la situation et en réponse au courrier du président de l'université du 29 juin, j' ai informé (...), le président de l'université avoir pris acte de sa demande d'effectuer les heures, et j'ai entrepris de les effectuer dès le 22 août 2011 ", indique-t-il dans son communiqué.

Interrogé sur le sujet, Mohammed Rochdi, le président de l'université, n'a pas souhaité s'exprimer. Mais cette affaire rappelle étrangement celle de l'ancien ministre de l'éducation Luc Ferry qui avait perçu un salaire de 4 499 euros net par mois pour des cours de philosophie qu'il n'avait jamais donné. C'est finalement Matignon qui avait dû rembourser à l'université Paris 7, les salaires versés pour ce service non rendu. Et selon l'article de www.bonanniversairedidier.fr, lors de l'assemblée plénière de novembre 2010 du Conseil régional, "un rapport avait pour objet de faire prendre en charge les cours non-réalisés de Frédéric Cadet par la collectivité". Le rapport aurait finalement été retiré.

Marine Veith pour
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