Sénat

Paul Vergès ne démissionnera pas tout de suite

  • Publié le 27 septembre 2011 à 14:35

Paul Vergès ne va pas démissionner de son mandat de sénateur. "Sa démission est toujours d'actualité mais elle ne se fera pas tout de suite", indique ce mardi après-midi 27 septembre 2011, un membre du bureau politique du parti communiste réunionnais. Cette décision a été prise après que la direction nationale du parti socialiste ait publiquement demandé à Paul Vergès d'assurer la présidence, en tant que doyen d'âge, de la séance d'ouverture du Sénat ce samedi 1er octobre. Car il n'est réglementairement pas certain que Gélita Hoarau puisse immédiatement siéger en remplacement du fondateur du PCR. "Or dans un contexte de rapport de force gauche -droite très serré où chaque voix comptera, il n'était pas possible de prendre le risque de priver le camp anti Sarkozy d'une voix" explique un élu communiste

Les interventions n'ont cessées de se succéder depuis ce lundi matin et l'annonce faite par Paul Vergès de sa démission du Sénat. Feutrées dans un premier temps, dans le cadre d'échanges téléphoniques confidentiels, elles se sont faites publiques et appuyées depuis ce matin. Jean-Pierre Bel, le président du groupe socialiste au Sénat, dans un premier temps, sur les ondes de Réunion Première, puis Harlem Désir, secrétaire national par intérim - en remplacement de Martine Aubry durant la primaire socialiste -, du parti socialiste.

Chacun de reprendre sur le thème : "Nous voulons que Paul Vergès préside la séance d'installation du Sénat ce samedi, en sa qualité de doyen d'âge", a déclaré Harlem Désir sur Europe 1 ce mardi. Un tel appel est la traduction des enjeux considérables de la séance de samedi, mais surtout, du poids que fait peser l'annonce de la démission de Paul Vergès sur la perspective du basculement à gauche du Sénat.

Le changement historique de majorité tant attendu par la gauche française se fera à quelque voix près. Les tractations vont bon train entre les deux grands partis nationaux d'une part et les petits groupes d'élus sans étiquette d'autre part. Chaque voix va compter. Hors, Paul Vergès a annoncé sa démission, dimanche soir, sur le plateau de Télé réunion première, laissant ainsi la place à Gélita Hoareau, sénatrice sortant et seconde sur la liste de l'Alliance.

Mais la réglementation n'est pas claire sur le fait de savoir si elle pourra effectivement siéger en cas de défection de sa tête de liste. Si ce n'est pas le cas, alors c'est une voix définitivement perdue pour la gauche. Or, c'est le ministère de l'intérieur qui est compétent pour trancher en dernier recours sur cette question. Dans un tel contexte, le risque est grand de s'en remettre à l'appréciation de l'administration conduite par Claude Guéant. Les hautes instances du parti Communiste réunionnais en sont conscientes : "Paul Vergès ne démissionnera pas tout de suite. Le risque était que Gélita Horeau ne puisse pas réglementairement assister à cette séance d'installation. Dans la configuration qui est celle du nouveau Sénat, toute voix compte et une défection serait lourde de conséquence" dit-on du côté de la direction du PCR

Depuis ce lundi soir, les échanges sont donc particulièrement soutenus entre le PS national et le PCR. "Il y a eu, ce n'est un secret pour personne, plusieurs coup de fil passés. A l'initiative de la direction parisienne du PS", tient à préciser un cadre éminent du parti communiste. Une décision d'urgence devait donc être prise. "Si la démission de Paul Vergès est toujours d'actualité, elle ne s'appliquera pas tout de suite", précise t-on dans les sphères du PCR.

Voilà qui vient relativiser l'annulation faite dans un premier temps, lundi soir, des billets d'avion initialement prévus pour Paul Vergès et son entourage proche ce mardi soir. Paul Vergès ira finalement au sénat. Toutefois, au sein de son parti, ce qui s'est passé dimanche devra faire l'objet d'un débat sans concession, ne cache pas une élue communiste. "Car sauf à considérer qu'il ne s'est rien passé, il est évident que nous sommes arrivés au bout d'un processus" indique t-elle. Et d'ajouter, "il y a des élus qui se disent de gauche à La Réunion, qui ont fait passé leurs intérêts personnels avant ceux de la France et de La Réunion. Cela s'est fait au détriment des Réunionnaises et des Réunionnais et au bénéfice du gouvernement de Nicolas Sarkozy".

Il n'en reste pas moins que c'est un singulier renversement de situation qui se déroule dans cette rencontre inattendue entre les péripéties électorales réunionnaises et l'histoire politique française. Car alors que les analystes politiques de toutes tendances confondues soulignent depuis dimanche soir un revers pour Paul Vergès, l'annonce de sa démission fait de lui le plus courtisé de tout les sénateurs de France, tenant étrangement dans sa main, presque de façon irréelle, le sort du basculement du Sénat à gauche pour une première historique depuis 1958 et l'avènement de la cinquième République.

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