Incendie - Des parlementaires et des maires s'adressent à l'Élysée

Appel solennel au Président de la République

  • Publié le 31 octobre 2011 à 18:15

Dans un courrier adressé ce lundi 31 octobre 2011, les parlementaires et maires de la région sud-ouest ravagée par le gigantesque incendie, font "solennellement" appel au Président de la République, Nicolas Sarkozy, "afin que soient mobilisés des moyens de lutte aériens adaptés à l'ampleur de la catastrophe". Huguette Bello, députée-maire de Saint-Paul, Patrick Lebreton, député-maire de Saint-Joseph, Jean-Claude Fruteau, député-maire de Saint-Benoît, Michel Vergoz, sénateur, Roland Robert, maire de la Possession et président de l'association des maires, Jean-Yves Langenier, maire du Port et président du TCO, Roland Ramakistin, maire de Trois-Bassins, Thierry Robert, maire de Saint-Leu, Michel Dennemont, maire des Avirons, Jean-Claude Lacouture, maire de l'Etang-Salé et Claude Hoarau, maire de Saint-Louis sont signataires de cet appel. Nous publions ci-après l'intégralité de leur courrier

"Monsieur le Président de la République,

Moins d'une semaine après le début de l'incendie qui ravage les Hauts de l'Ouest de la Réunion, le scénario redouté s'est produit dans la nuit de samedi à dimanche : le feu a traversé la route forestière des Tamarins en sept points différents, les projections de braises et de flammèches multiplient les départs secondaires de brasier.

Au prix d'une lutte acharnée contre les flammes durant toute la nuit, et en mobilisant leurs efforts sur cette zone, les pompiers ont pu empêcher le feu de gagner en direction du littoral en dépit d'un vent tourbillonnant avec des rafales de 60 km/h.

Au bout de cette nuit terrible, plus de 2677 hectares ont déjà été parcourus par le feu, soit trois fois plus qu'en 2010. Pour la première fois depuis le début de l'incendie, une zone habitée a été directement menacée. Quarante-trois personnes ont dû être évacuées. Une exploitation agricole a été ravagée.
Cette évolution défavorable a conduit au déménagement en urgence du poste de commandement qui a été réinstallé à Petite France.

Fort heureusement aucune victime n'est à déplorer.

Cet incendie intervient juste un an après l'incendie dévastateur qui avait déjà détruit près de 800 hectares au Maïdo. Il a commencé mardi 25 octobre et s'est propagé très rapidement : en quelques heures seulement, 300 hectares ont été brûlés.
Alors que la situation semblait s'apaiser durant la journée de mercredi, les conditions météorologiques défavorables ont renversé la tendance : le vent a attisé les flammes, près de 1000 hectares ont été touchés en peu de temps.

Le bilan écologique est d'ores et déjà désastreux. Onze espèces végétales endémiques de la Réunion sont menacées et l'habitat de nombreux oiseaux rares comme les pétrels de Barau a été en partie détruit. Des dizaines d'années seront nécessaires à la reconstruction d'un éco-système déjà fragilisé.

Dès la première alerte, mardi dernier, les secours ont réagi rapidement. Les moyens déployés sur place sont importants : plus de 400 personnes sont actuellement mobilisées. Sapeurs pompiers, agents de l'Office National des Forêts, militaires, agents communaux, gendarmes sont sur le terrain. Nous ne pouvons que louer les efforts des personnels engagés dans cette lutte qui, souvent au risque de leur vie, tentent de limiter la propagation des flammes. Des renforts viennent également d'arriver de France continentale.

Face à l'ampleur de ce sinistre, nous nous interrogeons plus que jamais sur le niveau du dispositif aérien déployé. Huit hélicoptères, dont seulement quatre bombardiers d'eau, opèrent actuellement sur la zone. À chaque passage, entre six cents et mille litres d'eau sont déversés sur des zones précises.

La comparaison avec le scénario de l'année dernière est inévitable. L'intervention décisive de l'avion bombardier Dash 8 qui, en seulement cinq rotations, avait permis de maîtriser et de stopper l'incendie du Maïdo, est dans tous les esprits.

L'incompréhension est de plus en plus forte au sein de la population réunionnaise. En effet, elle s'interroge sur les raisons véritables qui font que le recours au Dash 8, dont les capacités de largage sont douze à vingt fois plus importantes, n'est toujours pas d'actualité alors que le désastre concerne déjà une superficie trois fois plus étendue qu'en octobre 2010 et qu'il s'agit, de surcroît, de la même zone d'intervention.

Plusieurs responsables des opérations de lutte ne sont guère optimistes quant à la mise sous contrôle totale du sinistre dans les prochains jours. Il existe toujours au moins un foyer particulièrement virulent sur une vingtaine de kilomètres, et des indices inquiétants laissent penser que la situation est encore très dangereuse. Nous ne devons plus prendre aucun risque et nous trouver à la merci de la moindre variation météorologique.

Ne pouvant nous résigner à voir ainsi brûler un site qui fait la fierté de tous les Réunionnais, un site qui est un c?ur du parc national de la Réunion et que l'Unesco a classé parmi le patrimoine mondial de l'Humanité, nous faisons solennellement appel à vous afin que soient mobilisés des moyens de lutte aériens adaptés à l'ampleur de la catastrophe et qui pourraient par ailleurs desservir la région de l'Océan Indien.

Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Président de la République, l'expression de notre très haute considération"

Huguette Bello, Patrick Lebreton, Jean-Claude Fruteau, Michel Vergoz, Roland Robert, Jean-Yves Langenier, Roland Ramakistin, Thierry Robert, Michel Dennemont, Jean-Claude Lacouture, Claude Hoarau
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