Compagnie aérienne - Augmentation de capital

Air Austral : la Sematra verse 18 millions d'euros

  • Publié le 13 décembre 2011 à 18:29

La Sematra, principale actionnaire d'Air Austral, augmente de 18 millions d'euros sa participation dans le capital de la compagnie. La décision a prise ce mardi 13 décembre 2011. En mettant la main à la poche, la structure présidée par Didier Robert demande aussi "la recomposition du conseil de surveillance" actuellement présidé par Paul Vergès. L'augmentation de capital se fait à la demande d'Air Austral qui, en raison des augmentations du prix du carburant, doit faire face à un résultat d'exploitation négatif de 23,9 millions d'euros au premier trimestre 2011. Air Austral mise sur une augmentation totale de capital de 40 millions d'euros

Le conseil d'administration de la Sematra, principal actionnaire d'Air Austral, a voté à l'unanimité, ce mardi, sa participation à l'augmentation de capital de la compagnie aérienne. Cela conformément à la demande de la direction de l'entreprise. Présidée par Didier Robert, président UMP du conseil régional, la Sematra réaffirme "sa confiance" au directoire de la compagnie "et à son président Monsieur Gérard Éthève". Elle demande par ailleurs la recomposition du conseil de surveillance d'Air Austral, présidé par le communiste Paul Vergès. Gérard Ethève se dit "satisfait" de la décision la Sematra d'augmenter sa participation financière.

Avec 46,59% des parts, la Sematra est le principal actionnaire de la compagnie aérienne. La structure partage son actionnariat entre la Région (50% des parts), le Département (30% des parts) et d'autres institutions, dont la chambre de commerce et d'industrie. Le reste des actions de l'entreprise, 53,41% au total, est détenu par des actionnaires privés.

Dans son communiqué, la Sematra dit aussi avoir "renouvelé la demande d'informations concernant l'analyse de la situation financière de la société, l'expertise des comptes prévisionnels et du business plan, la mise en cohérence de la gouvernance de la société avec son actionnariat". Ce qui pourrait s'apparenter fortement à une lus sous tutelle de la compagnie. Pourtant Gérard Ethève, président du directoire de la compagnie, disait ce mardi, ne voir "aucun mauvais dessein dans cette prise de position. Que la Sematra veuille savoir ce que l'on fait de l'argent qu'elle accepte de donner est tout à fait logique". Il précise toutefois : "tous les éléments d'analyse financière ont bien sûr toujours été donnés à la Sematra".

Sur le souhait de la Sematra de faire participer "aux opérations (des) investisseurs privés" - ce qui ne s'est jamais produit jusqu'à présent -, Gérard Éthève ne fait pas de commentaire. Pas plus qu'il n'en fait sur la volonté affichée de l'actionnaire principal de mettre "en cohérence la gouvernance de la société avec son actionnariat" Gérard Ethève ne fait pas de commentaire. Sans doute parce que cette prise de position relève plus du politique que de la stratégie économique. Le conseil de surveillance de l'entreprise est en effet dirigé par le communiste Paul Vergès. Cette fonction lui avait été attribuée alors qu'il était président du conseil régional.

Élu en mars 2010 à la tête de la collectivité régionale, Didier Robert avait révoqué dès septembre 2010 Nassimah Dindar, présidente du conseil général, de son poste de présidente de la Sematra. La Région étant actionnaire principale de la structure, il estimait que ce poste lui revenait de droit. En novembre 2010, Paul Vergès a failli être évincé de son siège de président du conseil de surveillance toujours la demande de Didier Robert. Ce dernier l'a finalement laissé en place.

Une position qui, à la lecture du communiqué de ce mardi soir, pourrait ne plus être à l'ordre du jour. En novembre 2010, Didier Robert avait évoqué la possibilité de placer Nassimah Dindar à la tête du conseil de surveillance. "La Région préside la Sematra. Il me paraît logique que le Département prenne la tête du conseil de surveillance", avait t-il affirmé. L'intéressée avait simplement répondu "Je ne suis pas candidate". À l'époque, elle était proche politiquement de Paul Vergès puisque c'est avec l'aide du PCR et de l'Alliance qu'elle avait conservé son fauteuil de présidente du conseil général, contre la volonté de Didier Robert. Depuis les choses se sont nettement gâtées entre la présidente du Département et le dirigeant communiste. De là à dire qu'elle accepterait la présidence du conseil de surveillance serait sans doute prématuré.

Dans son communiqué, le conseil d'administration de la Sematra dit avoir "par ailleurs acté la constitution d'un comité stratégique pour accompagner les projets d'Air Austral ainsi que le recours à une assistance juridique et financière". Ce qui pour certains pourrait s'apparenter à une volonté de mettre la main, à plus ou moins court terme, sur la direction de la compagnie aérienne. Gérard Ethève, pour sa part, n'y voit, là également, "aucun mauvais dessein".

La Sematra doit maintenant acter le montant de la participation financière de chacun de ses membres. La logique voudrait que chacun d'entre eux augmente sa participation de manière à garder le même taux (50% pour la Région, 30% pour le Département etc). Air Austral se réunira ensuite en assemblée général afin d'achever le tour de table financier avec ses autres actionnaires. À l'issue, l'augmentation finale du capital sera effective. La compagnie aérienne avait demandé un effort financier de 40 millions d'euros.

Et pour cause, Air Austral, d'une santé florissante jusqu'en 2009, a été mise à mal par une hausse constante du prix du carburant. Le résultat d'exploitation de l'entreprise au premier semestre est en effet négatif de 23,9 millions d'euros par rapport à la même période l'année précédente. C'est pour éviter une hausse tarifaire, à terme insupportable pour les clients, que la direction de l'entreprise a pris la décision de demander à ses actionnaires de mettre la main à la poche. 



Dans le même temps, la compagnie aérienne s'est lancé "dans une politique de réduction des coûts" indiquait Gérard Ethève à Imaz Press Réunion le vendredi 2 décembre. Air Austral va ainsi se séparer d'un Boeing 777-200 et va réduire les fréquences de certaines rotations. Les vols vers Bangkok (Thaïlande), Johannesburg (Afrique du Sud) et les Seychelles ont ainsi d'ores et déjà été réduits de moitié.

Il en sera de même prochainement pour les rotations vers les destinations de prestige que sont l'Australie et la Nouvelle Calédonie. Dans le même temps, en cas de faible taux de remplissage, certains vols pourront purement et simplement être annulés, note en substance Gérard Ethève.

Aucune modification n'est par contre prévue sur les fréquences des rotations en direction de la métropole, "même si certaines destinations vers la province pourraient être suspendues". Et surtout aucun plan social n'est prévu. "Le redéploiement économique se fait dans l'optique de conserver tout le personnel actuel, nous ne sommes pas du tout dans une logique de licenciements" affirme Gérard Ethève.

Mahdia Benhamla pour
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