Colère contre la vie chère et le prix des carburants

Réunion avortée en préfecture

  • Publié le 17 février 2012 à 16:00

La réunion de réflexion sur le prix des carburant qui devait avoir lieu ce vendredi 17 février 2012 en préfecture a avorté. L'intersyndicale des transporteurs et Jean-Hugues Ratenon de l'alliance des Réunionnais contre la pauvreté ont refusé de participer à la table ronde. "Tant que les vrais problèmes des Réunionnais, à savoir la cherté de la vie et la baisse du pouvoir d'achat ne seront pas mis à l'ordre du jour de la réunion, nous n'y participeront pas" a souligné Jean-Hugues Ratenon. "Le préfet n'entend pas les revendications du peuple et des transporteurs concernant le prix des carburants. Pour la réunion de ce vendredi, il a fixé un ordre du jour qui ne correspond pas du tout à ce que nous avions demandé. Il est hors de question que nous participions à des discussions stériles" a jeté Jean-Bernard Caroupaye, porte-parole de l'intersyndicale. Dans les jardins de la préfecture, une cinquantaine de personnes s'est rassemblée spontanément pour venir dire leur "ras le bol de la vie chère".

La réunion devait commencer à 15 heures. Les services de l'État, les représentants des collectivités locales étaient là et sont entrés en préfecture. Les représentants de l'intersyndicale des transporteurs (IPR) et des associations de consommateurs étaient là mais sont restés dans les jardins de la préfecture.

A 15 heures 45 Hugues Atchy, président de l'IPR est finalement entré dans la préfecture pour dire au préfet, Michel Lalande, que sa structure et les associations de consommateurs ne participeraient pas à la réunion. "On ne va pas une nouvelle fois aller s'assoir autour d'une table et parler pendant des heures sur des questions qui ne concernent pas les préoccupations des Réunionnais" explique Jean-Hugues Ratenon. "Nous avions demandé l'ouverture de discussion sur le cherté de la vie, sur les prix des carburants et des autres produits, dont certains de première nécessité, qui n'arrêtent pas de grimper. On ne nous a pas entendu. Nous n'allons pas nous lancer dans de grandes discussions abstraites" commente encore le chef de file de l'ARCP.

Même dialogue du coté de Jean-Bernard Caroupaye. Le porte-parole de l'IPR n'est pas venu dans les jardins de la préfecture, mais sur les ondes d'une radio locale, il notait "le préfet joue au sourd. Il affirme que 25 centimes de baisse sur le prix des carburants est impossible. Nous lui avons transmis une motion lui demandant de nous faire une proposition. Il ne nous a pas répondu". Il poursuivait visiblement agacé : "pour la réunion d'aujourd'hui, le préfet n'a pas tenu compte de la volonté du peuple et des transporteurs. Il a fixé un ordre du jour qui ne correspond en rien à nos attentes. Ce n'est pas au préfet de donner les directives, c'est à la population de dire ce qu'elle veut. Chacun devra assumer ses responsabilités". Il terminait en prévenant "le préfet nous a demandé de lever les barrages en nous promettant de discuter du prix des carburants. Nous sommes des gens responsables, nous avons levé les barrages. Il faut maintenant que chacun respecte la parole donnée. Sinon les barrages pourraient revenir".

Vers 16 heures 15, Jean-Hugues Ratenon est entré à son tour dans la préfecture pour aller chercher Hugues Atchy. Les deux hommes sont ressortis peu de temps après. "L'ordre du jour ne correspondait pas à ce que nous avions demandé, donc nous n'avons pas participé à la réunion" a indiqué le président de l'IPR. Jeudi, il avait été accusé par Jean-Bernard Caroupaye d'avoir été "faible" face au préfet et d'avoir "baissé la tête" devant le représentant de l'État.

A 16 heures 30 les autres participants de la table ronde sont sortis de la préfecture. "Nous n'avons pas beaucoup discuté, nous avons juste évoqué la mise en place d'ateliers de réflexion. Mais nous ne sommes pas allés très loin dans la discussion compte tenu de la situation" a souligné Bernard Picardo, président de la chambre de métiers.

La cinquantaine de personne qui s'était spontanément rassemblée dans les jardins de la préfecture s'est dispersée dans le calme. Aucune nouvelle date de réunion n'a été fixée. Un enseignement majeur est toutefois à tirer de cette journée. L'expression d'un ras le bol généralisé contre la cherté de la vie est en train de largement prendre le pas sur la seule revendication d'une baisse du prix des carburants.

Les appels à la mobilisation citoyenne contre la baisse du pouvoir d'achat lancés sur les ondes des radios se multiplient. Et, fait plus rare, ils semblent avoir un écho réel. Ce que prouvent les rassemblements devant les mairies, ou comme ce vendredi devant la préfecture, même s'ils sont encore timides. Venus du Tampon en stop, de Saint-André ou de Saint-Denis, tous sont venus faire entendre leur "colère" contre la vie chère. Un convoi d'une dizaine de voitures a fait le déplacement du Chaudron jusqu'à la préfecture. "Il y a un vrai problème à résoudre. Tout le monde subit la hausse des prix", déclare Jean Jo, citoyen en colère. Il appelle l'ensemble des Réunionnais à rouler les phares allumés en signe de protestation.

"Les grands mouvements commencent toujours de cette façon", veut croire Stéphanie, une habitante de la Saline les hauts "mobilisée depuis plusieurs jours". "Quand je vois la baisse du pouvoir d'achat, je souffre", affirme-t-elle. Si elle se félicite de la prise de conscience des Réunionnais, Stéphanie regrette que cela a été "tardif". "Il faut arrêter de dire qu'on est solidaire et qu'on reste derrière son poste de radio", poursuit-elle.

La jeune femme se dit également "prête à aller jusqu'au bout". "Nous continuerons jusqu'à ce que le mouvement grossit et là le préfet verra que nous vraiment en colère", prévient-elle.

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