Polémique sur la nouvelle route du Littoral

Notre-Dame-des-Landes atterrit à La Réunion

  • Publié le 8 avril 2014 à 16:50

De Nantes à Saint-Denis, Notre-Dame-des-Landes a fait un beau voyage, et donné naissance à un avatar exotique : Notre-Dame du littoral. Rien à voir avec un quelconque pèlerinage, pas de théophanie non plus, mais une belle polémique partie de La Réunion qui nous revient après avoir été dûment ondoyée par la presse nationale, l'hebdomadaire Challenges pour ne pas le nommer.

La genèse de cette affaire qui met en joie le personnel politique de l'ex-Alliance, sans oublier EELV et les néo-écologistes-catholiques amis des orgues, remonte à la mi-2012, époque à laquelle Jean-Pierre Marchau, allié malheureux de l'Alliance aux régionales 2010, et candidat EELV tout aussi malheureux aux législatives de juin 2012, sur la première circonscription de Saint-Denis (2,44 % des suffrages pour 798 voix), se relance en portant le collectif "Non à la NRL !".

Succédant es qualité de porte-parole d’Europe Ecologie-Les Verts à Vanessa Miranville, démissionnaire, il communique sur l'opposition des écologistes à la NRL en décembre 2012, et use d'un parallèle entre l'opposition métropolitaine au futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes, et celle d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) Réunion à la nouvelle route du littoral (NRL). D'où l'expression Notre-Dame du littoral, alors reprise sur le net par Fabrice Nicolino, journaliste et écologiste engagé sur son blog "Planète sans visa", repris sur Convergences Révolutionnaires.org, et altermonde-sans-frontiere.com, sans oublier Charlie Hebdo, entre autres publications. Mais ce nouveau "scandale" fait alors long feu…

Entre temps Jean-Pierre Marchau a rallié Gilbert Annette pour les dernières municipales et s'associant à une majorité qui réalisera la nouvelle entrée Ouest de Saint-Denis pour un montant annoncé de 450 millions d’euros, sur le même calendrier que le chantier de la NRL dont la mise en service est annoncée à l'horizon 2020. Parallèlement, il a fait acte de candidature pour les européennes 2014. Son opposition à la NRL n'a pas été efficace en tant qu'argument de vote pour les dernières législatives, mais un  Notre-Dame-des-Landes ultramarin est sans doute du meilleur goût dans le cadre de la campagne européenne actuellement en cours, au-delà même du seul cas Marchau.

"Nous attendons toujours la contribution de la Région"

Pour demeurer dans le contexte politique, un autre intervenant, Thierry Robert, maire de Saint-Leu et propriétaire de la franchise "La politique autrement", vient de saisir cette nouvelle balle polémique au bond.

Après les requins, la NRL. Il est vrai que le maire de Saint-Leu est d'ores et déjà en campagne pour les régionales 2015 et qu'il est objectivement allié au PCR. Un tel positionnement ne peut que ravir ce qui reste de l'électorat de feue l'Alliance, qu'il dispute à Huguette Bello.

Reste que sa proposition d'organiser un "référendum" sur le web et les réseaux sociaux, "afin de déterminer réellement qui est d'accord ou contre ce projet" s'apparente plus à un coup de com qu'à une initiative sérieuse, de par la forme proposée, mais surtout du fait que le projet de NRL, entré en phase de réalisation, bénéficie d'une déclaration d’utilité publique (DUP) en bonne et due forme. DUP confortée par le tribunal administratif de Saint-Denis en octobre 2013, suite au rejet en première instance d'une requête en annulation portée par Paul Vergès et neuf autres citoyens de ses proches.

De ce rejet on retiendra deux paramètres : le dossier financier est jugé crédible et maîtrisé, la collectivité sincère dans l'acception budgétaire du terme ; par ailleurs "compte tenu des risques encourus sur l’actuelle route et son importance stratégique, la nécessité du projet" a été jugée "incontestable", le représentant de l'Etat, alors le secrétaire-général de la préfecture, insistant d'ailleurs sur la nécessité politique et donc économique de sa réalisation. Maître Boniface a clairement perçu l'injonction de l'Etat en ce sens.

Néanmoins, Paul Vergès et ses amis ont contesté ce rejet et engagé début janvier une requête auprès de la Cour administrative d'appel de Bordeaux. Interrogé sur le délai d'examen, leur avocat Maître Aubert, estime qu'il serait possible de voir aboutir la procédure assez rapidement, dans les mêmes temps qu'en première instance, soit 18 mois ; mais, souligne-t-il, "nous attendons toujours la contribution de la Région", qui n'a peut-être pas besoin de hâter la décision, du fait du précédent favorable de la première instance. Mais il est possible que la Cour se montre plus interventionniste dès lors que la Région aura communiqué son mémoire…

Loin de l'agitation manifestée par Thierry Robert, l'opposition à la NRL s'est donc transportée sur Bordeaux. Une histoire à rebondissements à n'en pas douter.

www.ipreunion.com

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3 Commentaires
adopteunsoustraitant
adopteunsoustraitant
10 ans

Autre ressemblance NDDL-NRL : c'est le meme bureau d'études BIOTOPE qui dans les deux cas est payé pour labelliser "écologique" ces deux aménagements en béton: ils ont des bureaux à SAINT-ANDRÉ

quel talent
quel talent
10 ans

Voilà un article d'une objectivité parfaite, aucun esprit polémique ! Bravo IPR ! C'est rare de voir un média témoigner d'une aussi grande indépendance d'esprit face au Conseil Régional.

JORI
JORI
10 ans

Cette Nouvelle Route du Littorale est une bénédiction pour nos usagers de la route. Il en convient que plus tard il nous faudra nous tourner vers d'autres modes de transport (Tram Train dossier qui n'a jamais été abandonné mais simplement reporter)!

Contrairement au Tram Train la NRL est plus urgente car elle permettra la sécurité des usagers (Touriste, travailleurs qui l'empruntent chaque matin, et chaque soir, professionnels transporteurs et commerciaux)

Merci à Didier ROBERT d'avoir prit l'initiative de lancer un tel projet et surtout, au bout de 3 ans et demi de commencer les travaux, contrairement à Paul Verges qui ne faisait que parler mais qui ne passait jamais à l'action.