Lutte contre la leucose enzootique bovine

Une spécificité péi

  • Publié le 3 février 2015 à 14:59

Depuis bientôt dix ans, les éleveurs - ou ex-éleveurs de bovins ruinés - de l'Association de défense des agriculteurs de La Réunion (ADEFAR), tentent de faire reconnaître par l'Etat et la justice les circonstances qui conduisent la filière laitière réunionnaise à la catastrophe, sanitaire notamment, du fait des errements de ceux là-mêmes qui la gèrent et l'encadrent au mépris du bon sens et possiblement des lois et règlements, français et communautaires.

En effet, depuis le début des années 2000 le cheptel réunionnais est affligé par de multiples maladies, dont certaines ont été importées de métropole au mépris de tous les contrôles d'ordinaire en vigueur. En termes administratifs on concède des "surmortalités" et les missions d'expertise se sont succédées sans que rien ne change, sinon dans la litanie des maladies enregistrées, et le nombre sans cesse décroissant des exploitations laitières : 151 exploitations livrant du lait en 2000,  60 en 2013, selon le contrôle laitier, moins encore en 2014 ; étant précisé que sur le nombre, 48 exploitations se trouvent dans une situation économique plus que précaire, avec le RSA comme ligne d'horizon.

Or, parmi les multiples affections qui affectent la santé des vaches entre autres bovins, certaines sont légalement soumises à un dépistage systématique, dont la fameuse leucose bovine enzootique, qui lorsqu'elle est signalée dans un élevage français doit conduire à l'abattage systématique des bêtes séropositives. Des mesures radicales qui ont produit leur effet en France, le territoire national étant officiellement indemne de leucose depuis 1999, pour l'Union européenne. Tout le territoire ? Non. La Réunion fait exception, si l'on en croit M. Degenmann de la Direction de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt de La Réunion (DAAFR) qui a déclaré : "On ne sait pas exactement de quoi il retourne, faute de disposer de données précises depuis 2007, époque à laquelle le cheptel laitier était touché à 70%, le cheptel à viande l'étant à 30%... (Ndlr : extrait de son intervention devant la Chambre d'agriculture en décembre dernier)".

Cet aveu extraordinaire d'incertitude découle du fait que depuis 2007, cette maladie ne figure plus dans les priorités et il n'y a plus d'analyse LBE. Cette exception inexplicable du fait de l'appartenance de La Réunion à l'espace européen, es qualité de région ultra-périphérique, bénéficiaire des aides agricoles de l'Union, on la doit à une dérogation d'Etat reposant sur un raisonnement par l'absurde dont la seule finalité est d'éviter l'abattage massif du cheptel séropositif, comme ce serait le cas partout ailleurs en France. Un argument ainsi exprimé par Olivier Degenmann, le 5 décembre 2014, devant les élus de la Chambre d'agriculture : "S'agissant de la leucose, si l'on applique strictement la règle nationale, c'est l'abattage dans les six mois de l'animal positif. Si la prévalence est à 70% dans l'élevage laitier, dans les six mois, c'est l'abattage de 70% du cheptel. C'est la mort de la filière laitière..." Moralité, pour éviter un abattage massif et la supposée mort de la filière laitière, en fait la Sicalait et les intérêts qui lui sont liés, on a préféré laisser crever les éleveurs à petit feu, car ce sont eux qui ont financièrement supporté les conséquences de cette option aberrante, contraire à tout le dispositif sanitaire français et européen.

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