Une troisième enquête publique démarre lundi 25 juin 2018

Carrière de Bois-Blanc : rien n'est encore joué

  • Publié le 23 juin 2018 à 13:00
  • Actualisé le 20 juillet 2018 à 00:26

Ce samedi 23 juin, le collectif qui se bat contre l'ouverture d'une carrière à Bois Blanc organise une réunion d'informations. Et ce, deux jours avant le lancement d'une troisième enquête publique portant sur le projet nécessaire, selon la Région, au bon déroulement du chantier de la Nouvelle route du littoral (NRL). Cette réunion intervient aussi quelques jours après la déclaration de Dominique Fournel, conseiller régional en charge des travaux de la NRL, qui espère que la carrière ouvrira au mois de novembre à la Ravine du Trou.

Ivan Martin, directeur adjoint de la Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DEAL), le confirme : "il est très difficile de préciser un délai, tant que l'enquête publique n'est pas terminée". Et, pour cause, elle n'a pas encore commencé!

Des délais "incompressibles"

Cette enquête publique fait partie de la procédure obligatoire pour autoriser ou interdire, l'ouverture et l'exploitation d'une carrière comme celle de Bois Blanc. Le responsable adjoint de la DEAL l'explique :  "Ces délais sont incompressibles. Il y a une enquête publique d'un mois. Une fois réalisée, la commission d'enquête a un mois pour rendre son rapport. Elle peut donner un avis favorable, un avis favorable avec réserve(s) ou un avis défavorable". 

A l'issue, le projet de carrière "doit passer devant la commission départementale de la nature, des sites et des paysages (CNDPS)". Il s'agit d'une commission paritaire au sein de laquelle sont représentés l'Etat et les Villes concernées (Saint-Leu, Les Avirons et L'Etang-Salé). Cette CNDPS "va émettre un avis sur le projet d'exploitation de la carrière". 

Le préfet doit attendre les avis consultatifs pour prendre sa décision

Une fois que ces deux avis consultatifs seront communiqués, le préfet Amaury de Saint-Quentin prendra, ou non, un arrêté préfectoral autorisant l'ouverture et l'exploitation de la carrière de Bois-Blanc. 

"Ca s'est déjà vu, des préfets qui signent un arrêté malgré des avis défavorables mais c'est très difficile explique Ivan Martin. Le projet sera fragilisé et suscceptible de faire l'objet de recours devant le tribunal administratif". S'il y a avis défavorable, "c'est qu'il y a un manquement au dossier" prévient le directeur adjoint de la DEAL. Il ajoute : dans ce cadre, "si le préfet se retrouve devant un juge du tribunal administratif, sa position serait très fragile et son arrêté, facilement attaquable".

"La population a le droit de dire non, encore une fois!"

Pour résumé, l'enquête publique qui démarre lundi pourrait avoir un impact important sur l'autorisation ou non de l'ouverture de la carrière. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le collectif Touch pas nout roch, farouchement contre le projet, tient à informer la population. Dès, ce samedi : 

"La population a le droit de dire non, encore une fois!" clame Elodie Marais, porte-parole du collectif qui espère pouvoir mobiliser les Réunionnais et les inciter à participer à l'enquête publique qui commence lundi.

Cette dernière ajoute : "ce projet suscite plusieurs interrogations : la Région aurait besoin de trois millions de tonnes de roches pour terminer le chantier de la NRL. Alors pourquoi ouvrir une méga carrière à Ravine du Trou qui permettrait d'extraire neuf millions de tonnes de matériaux? On a davantage l'impression que la SCPR veut prendre le monopole sur les agrégats". 

Pour le savoir, nous avons tenté de contacter la Société de concassage et de préfabrication de l'île de La Réunion. En vain. Nos demandes sont restées sans réponse.

Quid de l'annulation du schéma départemental des carrières?

Autre question que se pose le collectif Touch pa nout roche : "la cour d'appel de Bordeaux a annulé le schéma départemental des carrières de 2014 (N.D.L.R. : au sein duquel apparait la carrière de Bois Blanc), mais le préfet et la Région persistent. Comment peuvent-ils faire fi des modifications de ce schéma ? "

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A contrario, cette question ne semble pas inquiéter Didier Robert, président du conseil régional. Le 11 juin dernier, ce dernier a affirmé, au micro de Gaël Le Dantel (La 1ere) : "on peut continuer sans ce schéma." Interrogée plusieurs fois par le journaliste, il a fini par déclarer :  "On peut envisager l'exploitation de la carrière dans le cadre du schéma départemental qui aura naturellement été révisé. Ca fait partie du quotidien".

Didier Robert, optimiste

Lui qui envisage une exploitation de la carrière de Bois Blanc dès 2019 est optimiste. En effet, ce délai pourrait être tenu si le préfet prend bel et bien un arrêté autorisant l'ouverture et l'exploitation en novembre. Et que la SCPR obtient un permis de construire dès le début de l'année 2019. Une démarche qui ne se fait pas "en un claquement de doigt" précise Ivan Martin.

Ce dernier le rappelle : le projet impose aussi la mise en compatibilité du Plan local d'urbanisme (PLU) de Saint-Leu. Imposée à la municipalité par la préfecture qui a déclaré le projet d'intérêt général, cette procédure est en cours. L'enquête publique a d'ailleurs pris fin le 17 mai. 

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A l'heure actuelle, rien n'est donc encore joué. 

sw/www.ipreunion.com

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