Hommage aux Gilets jaunes morts en Métropole

Cérémonie au Barachois : "nous allons continuer notre lutte"

  • Publié le 12 janvier 2019 à 02:59
  • Actualisé le 12 janvier 2019 à 08:47

Un hommage a été rendu par les gilets jaunes de La Réunion aux personnes décédées pendant les manifestations en métropole. Le mouvement a souhaité honorer leur mémoire vendredi 11 janvier à 18 heures à Saint-Denis. Aucun bilan officiel n'a été établi par les autorités, mais l'on dénombre au moins 10 victimes dont quatre directement liées aux manifestations depuis le 17 novembre 2018. En France Il faut remonter à plusieurs dizaines d'années en arrière pour déplorer autant de morts lors d'un mouvement contestataire. (Photo Photos JB - ImazPress)

Hommage des Gilets Jaunes de la Réunion

Vendredi 11 janvier 2019, vers 19 heures, les gilets jaunes de La Réunion se sont donné rendez-vous à Saint-Denis devant la préfecture pour rendre hommage aux morts depuis le début du mouvement. Environ 150 personnes ont participé au rassemblement. Après un discours solennel, ils sont allés devant la stèle de Sarda Gariga sur le barachois afin d'entonner une Marseillaise. Les référents des différentes délégations ont, à l'aide de flambeaux, représenté les victimes.

Le cortège s'est ensuite dirigé vers la stèle de la Croix de Lorraine pour allumer des lanternes et respecter une minute de silence. Tout au long de l'hommage, plusieurs automobilistes ont klaxonné en soutien aux gilets jaunes massés devant la préfecture. Quelques personnes ont pris la parole afin de partager quelques mots avec l'audience présente. La route n'a pas été bloquée pendant l'évènement. Les forces de l'ordre ont surveillé à distance les gilets jaunes et s'occupant de la circulation. Le commandant de police a également pris la parole pour informer les gilets jaunes qu'ils ont bloqués la route pour raison de sécurité. En effet des enfants et des personnes à mobilité réduite ont participé au rassemblement. Le commandant a souhaité clarifier la situation afin de ne pas perturber la cérémonie. La plupart des gilets jaunes ont applaudit l'initiative alors que quelques-uns ont sifflé l'officier. Ils se sont ensuite tous rassemblés à la Kaz du peup réyoné pour un pot convivial.

10 morts recensés depuis le 17 novembre 2018

Lors des évènements des gilets jaunes 10 morts ont été recensés dont quatre gilets jaunes :
- Samedi 17 novembre: une femme est renversée par une automobiliste voulant forcer un barrage de gilets jaunes, lors du premier week-end de mobilisation, en Savoie.
- Mardi 20 novembre: un motard décède dans la Drôme après avoir été percuté par un camion-benne en marge d’un barrage. Le véhicule, qui faisait demi-tour sur un rond-point bloqué, l’a heurté alors qui remontait la file de gauche.
- Samedi 1er décembre: le conducteur d’une camionnette percute un poids lourd à l’arrêt en marge d’un barrage près d’Arles (Bouches-du-Rhône). "Cet accident est directement lié à un barrage de Gilets jaunes qui a provoqué un gigantesque embouteillage de dix kilomètres", dénonce le procureur.
- Dimanche 2 décembre: à Marseille (Bouches-du-Rhône), une femme décède au bloc opératoire après avoir été blessée dans son appartement, touchée par un éclat de grenade lacrymogène alors qu’elle fermait ses volets.
- Lundi 10 décembre: une automobiliste s’encastre dans un camion bloqué par un barrage en Charente.
- Jeudi 13 décembre: dans la nuit du jeudi au vendredi, un gilet jaune est percuté par un poids lourd à Avignon (Vaucluse).
- Vendredi 14 décembre: un automobiliste meurt sur le coup après s’être encastré dans un camion, lors d’un barrage à la frontière franco-belge.
- Vendredi 14 décembre: la passagère d’un véhicule à contresens décède près de Soissons (Aisne) lors d’une collision avec un autre véhicule.
- Jeudi 20 décembre: le porte-parole des gilets jaunes de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne) est renversé par un routier sur un rond-point d’Agen.
- Vendredi 21 décembre: un automobiliste est mort en percutant un camion, immobilisé à un péage près de Perpignan à cause d’un barrage filtrant organisé par des gilets jaunes.

Les gilets jaunes de la Réunion ont eux rendu hommage à 12 victimes. Nous n'avons pas pu vérifier les deux autres victimes mentionnées lors de cette cérémonie.

Des morts pendant les mouvements constataires dans le passé

Il faut remonter dans le temps pour compter plusieurs morts suite à un mouvement de contestation en France. L'un des évènements les plus marquants est le massacre du 17 octobre 1961 à Paris. Le contexte est particulièrement tendu en 1961, la guerre d'Algérie oppose la France et le FNL (Front de libération nationale) depuis 1958. Pendant l'été 1961, la guerre d'Algérie entre dans une phase critique. Les négociations entre le gouvernement français et le gouvernement provisoire de la République algérienne, en vue de la prochaine indépendance algérienne, provoquent des dissensions dans chaque camp. Une manifestation est organisée en secret par les Algériens en France pour protester contre le couvre-feu appliqués seulement aux Nord-Africains. Les défilés nocturnes sur les grandes artères de la capitale donnent lieu à des affrontements au cours desquels des policiers font feu. Les bilans de cette répression font état de 38 morts et jusqu'à 300 morts en 3 mois après la date du 17 octobre 1961.

Hors période de guerre, d'autres grands mouvements ont rassemblés des centaines de milliers de personnes et comptent des morts liés à ces contestations. La contestation de Mai 68 est marquée par des manifestations étudiantes, et des grèves générales et sauvages. Les évènements de mai-juin 1968 font au moins sept morts sur tout le territoire français. Mai 68 a pronfondément boulversé la société française.

Plus récemment, lors des émeutes de 2005 dans les banlieues françaises, 4 morts on été recensés entre le 27 octobre et le 17 novembre 2005. Certains spécialistes estiment qu'il est difficile de relier directement ces morts avec les émeutes, mais 2 victimes sont mortes à cause d'incendie de voiture ou de bus. En 2014, lors des manifestations contre le barrage de Sivens organisées le 25 et 26 octobre, Rémi Fraisse décède après l'explosion d'une grenade lancé par un gendarme. Les morts dans les mouvement contestataire (hors période de guerre, comme pour les évènements d'octobre 1961) restent donc rares en France.

jb/www.ipreunion.com

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