Près de 2.500 hectares parcourus par le feu (actualisé)

Incendie au Grand-Brûlé : la pluie tant attendue est arrivée

  • Publié le 26 janvier 2019 à 19:17

Depuis près d'une semaine, le Grand-Brûlé à Sainte-Rose est ravagé par le feu. Incontrôlable, galopant et vorace. Il dévore tout sur son passage, samedi 26 janvier 2019 en fin de journée près de 2.500 hectares de végétations ont été traversés. Les sapeurs-pompiers de plusieurs casernes de l'île sont mobilisés pour essayer de contenir l'avancée et la virulence des flammes. Celles-ci se rapprochent dangereusement des remparts de Saint-Philippe et de Sainte-Rose. Mais pour la première fois depuis plusieurs jours, les soldats du feu sont optimistes: la pluie est tombée et le vent s'est calmé, facilitant les opérations. Depuis le début du sinistre, un vent puissant ne cessait en effet d'attiser encore et encore cet incendie. Un terrain difficile d'accès, un incendie incontrôlable, plusieurs départs de feux et des milliers d'hectares de végétation ravagés, ce sinistre n'est pas sans rappeler les incendies du Maïdo de 2010 et 2011. Près de 3.500 hectares de végétation avaient été calcinés, les conséquences écologiques avaient été désastreuses.

Le vent est enfin tombé au Grand-Brûlé et une grosse masse nuageuse est venue couvrir le ciel. "En partie basse nous avons même eu un petit peu de pluie," se réjouit le lieutenant colonel Henri-Claude Pothin, optimiste.

"Nous faisons tout le nécessaire pour que le feu ne traverse pas la route en direction de la mer, décrit-il. Pour le moment c’est plutôt positif. Avec les hélicoptères, nous continuons à contenir le foyer sur le flanc côté Sainte-Rose et côté Saint-Philippe."

En fin d'après-midi, la pluie qui se faisait tant attendre est enfin tombée sur la moitié nord vers Sainte-Rose. "Elle nous a fait du bien, confie le colonel Pothin. Elle a rafraîchi la lisière du feu côté Sainte-Rose, nous l'avons accompagnée de largages d’eau avec les hélicoptères. "

Pour autant, le feu n’est toujours pas maîtrisé. "Du côté de Sainte-Rose, il n’y a plus de point chaud, mais du côté de Saint-Philippe nous avons essayé toute l’après-midi d’enrayer la propagation, signale-t-il. Deux tiers de la zone est sous contrôle, le dernier tiers, situé à plus de 1000 mètres d’altitude est plus problématique : les hélicoptères manquaient de visibilité pour aller l’arroser. "

Au Grand-Brûlé, c’est dans l’enclos du piton de la Fournaise entre les remparts de Saint-Philippe et de Sainte-Rose que l’incendie évolue. Un premier départ de feu le dimanche 20 janvier, un autre le mercredi 23. Deux foyers dont les causes sont encore indéterminées. Mais les conséquences, on les connaît. Un incendie d’une ampleur impressionnante contre lequel les hommes du feu mènent une lutte acharnée depuis près d’une semaine sur terre et surtout dans les airs.

En milieu d'après-midi samedi 26 janvier, près de 2.500 hectares ont été traversés par le feu... soit environ 3.081 terrains de football. "Il reste des zones, des poches où la végétation n'a pas été ravagés," explique le lieutenant colonel Henri-Claude Pothin.

Aux alentours de 10 heures, le feu s'était elargi avec le vent et l'Alizé, se rapprochant dangereusement des remparts : à 15 heures trouve à 800 mètres de celui de Saint-Philippe et à seulement 400 mètres de celui de Sainte-Rose.

"Nos actions se concentrent sur ces deux zones, explique le lieutenant colonel Pothin. Nous faisons tout pour stopper son avancé. Le vent a fait monter le feu, mais ce n'est pas gênant car il monte pour mourir ensuite."

Car le site est escarpé, difficile d’accès. Les soixante-dix pompiers sont appuyés par quatre hélicoptères bombardiers d’eau qui enchaînent les allers-retours avec des " Bambi bucket ", ces poches d’eau qu’ils versent sur les points les plus chauds de l’incendie. Une opération délicate, les pompiers doivent user de toute leur technicité pour contenir le sinistre.

La RN2, la nationale goudronnée qui se fraye un chemin à travers les coulée de lave, a été fermée à la circulation vendredi 25 janvier matin. Principe de précaution. Pour que l’incendie qui se trouve en amont de l’axe routier ne rejoigne pas la mer, les pompiers ont allumé des contre-feux, concrètement, ils ont allumé volontairement des feux pour brûler la végétation avant que l’incendie n’atteigne la bordure de route, qu’il soit incontrôlable et continue de tout engloutir sur son passage. Une technique de prévention pour contrôler le monstre.

Samedi 26 janvier, le feu est passé de l'autre côté de la route à deux endroits : "il passe par en dessus, mais il reste sous contôle," signale le lieutenant colonel Pothin. En fin de journée samedi, les pompiers continuaient d'arroser la zone pour la refroidir.

Mais malgré leur pugnacité, les pompiers n’arrivent pas à venir à bout de cet incendie. Le risque est qu’il se propage encore et atteigne les habitations qui se trouvent au Tremblet à Saint-Philippe.

Un scénario que redoutent les sapeurs et les autorités. Un scénario du même genre que celui des incendies du Maïdo. Des dizaine d’habitations avaient dues être évacuées, un agriculteur avait vu son exploitation durement touchée par le feu. Toutefois, c'est la nature qui avait payé le plus lourd tribut.

Le Maïdo, zone en cœur de Parc national et classée au patrimoine mondial de l'humanité avait perdu près de 3 500 hectares de forêt. Certaines espèces endémiques uniques au monde avaient disparu. D’autres espèces avaient été classées " en voie d’extinction ". Des dizaines de tamarins centenaires avaient été calcinés et le feu, avait favorisé la progression d’espèces invasives. " La végétation ne sera plus jamais la même " estimaient les experts à l’époque.

Lire aussi : le Maïdo n'aura plus jamais le même visage

La situation n’est pas comparable au Grand-Brûlé. L’endroit ne recèle plus beaucoup de flore indigène. Certes, le site se trouve aussi dans le cœur du Parc national mais les espèces sont surtout invasives. " Des goyaviers, des filaos, une végétation pionnière qui avait su trouver sa place et recouvrait au fur et à mesure des coulées de lave relativement récentes " explique Paul Ferrand, le directeur adjoint du Parc national. Pour l’expert, " la valeur écologique des pertes n’est pas extraordinaire mais quelques poches de forêts patrimoniales de bois de couleur intéressantes et le Piton de Crac ont été touchées par l’incendie, ce qui est dommage."

Ce qui inquiète Paul Ferrand, c’est une propagation après le rempart du Tremblet " là, il y aura un enjeu humain et écologique. La forêt du Tremblet abrite une faune et une flore riche et exceptionnelle, le conséquences pourraient être catastrophiques".

Afin d’éviter cela, les sapeurs pompiers combattent toujours l’incendie aidés par quelques averses épisodiques. Durant le second incendie du Maïdo, jusqu’à 600 pompiers avaient été mobilisés, des renforts aériens avaient été envoyés depuis la métropole pour faire face à ce sinistre qui avait duré trois mois.

fh/www.ipreunion.com

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2 Commentaires
Ramier
Ramier
5 ans

Koifé le Dash .. il est cense? etre Là pour ça NON ???

poisson pierre
poisson pierre
5 ans

Ou est le dash ???!!!