150 km pour "la dignité et la sécurité alimentaire"

L'Adefar a marché pour réclamer une filière bovine saine

  • Publié le 1 février 2019 à 12:20
  • Actualisé le 1 février 2019 à 13:52

L'Adefar (association de défense des éleveurs de La Réunion) a entamé une marche de 150 kilomètres le 5 décembre 2018. L'objectif était de sensibiliser la population sur le manque de transparence dans l'élevage local, le manque de surveillance sanitaire et demande des comptes sur le fait que la réglementation ne soit pas appliquée sur l'île. Après la vingtaine d'étapes depuis la Plaine-Des-Palmistes, en passant par Saint-Pierre et l'ouest du département. Ils ont posé leur campement sur le parvis des Droits de l'Homme à Saint-Denis pour compléter cette démarche de pédagogie et d'information. Les membres de l'Adefar font le point de cette marche et de la rencontre avec la population. (Photo Photos JB - ImazPress)

Cinq membres de l'Adefar (association de défense des éleveurs de La Réunion) ont marché 150 kilomètres entre le 5 décembre dernier et ont posé un campement sur le parvis des Droits de l'Homme de Champ-Fleuri à Saint-Denis le 18 janvier 2019. Ils ont ensuite sensibilisé la population au problème sanitaire de la LBE (leucose bovine enzootique). Dès décembre ils ont onvoyé un courier à 26 destinataires dont le Préfet, les députés de La Réunion, le GDS (Groupement de Défense Sanitaire de La Réunion), la Sica Revia, la Région Réunion et d'autres interlocuteurs. Ils ont reçu une seule réponse, celle du Préfet de La Réunion.

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Depuis le 18 janvier 2019, les membres de l'Adefar sont restés sur le campement installé en face du Teat de Champ-Fleuri. Ils ont organisé des dégustations de produits sains et des ateliers sur les étiquettes des produits transformés localement. 350 personnes ont été accueillis, dont des sympathisants, des représentants d'associations culturelles, l'évêque de La Réunion, Monseigneur Gilbert Aubry, des représentants de la communauté Comorrienne et Mahoraise et des citoyens. Le livret "Scandal bovin à La Réunion - La poizon dan manzé".

Certains visiteurs avaient connaissance de l'ampleur et de l'origine de ce scandale tandis que la "grande majorité" découvraient le problème. La plupart des personnes rencontrées ont pris le temps d'échanger et de formuler des propositions.

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Tableau dressé par les visiteurs

Ces rencontres ont rassemblé des constats et proposer quelques pistes pour faire avancer la cause de l'Adefar et ont donné "la photographie d'une certaine réalité Réunionnaise"

• Une société de consommation sans fin : Trop de publicités, dans la rue, sur les écrans, à la radio. Les citoyens sont conscients que ces méthodes incitent à la surconsommation. "Nous sommes dans la mal-bouffe, overdose de médicaments, l'absorption à outrance d'additifs, de conservateurs" indique Annie Claude Abriska, présidente de l’Adefar.

• Des politiques qui brillent par leur absence : Depuis la crise des Gilets Jaunes, beaucoup de citoyens qui sont passés sur le campement sont unanimes. "Que font les politiques que nous avons élus face à cette situation ? Combien sont venus vous voir ?" sont les questions qui reviennent souvent. Contacté par l'Adefar, des députés ont promis d'apporter une réponse, cependant au 1er février 2019 : toujours pas de réponses.

• Une information qui n'informe plus : "Pourquoi après tant d'années, ce problème n'est-il pas connu de la majorité de la population ?". L'Adefar fait ce travail de sensibilisation depuis 2006, cependant Annie Claude concède que trop d'informations tue l'information. A l'heure des réseaux sociaux, Facebooj diffuse de l'éphémère. "Chaque citoyen à sa propre responsabilité qui doit approfondir le sujet pour se faire son opinion".

• Les hommes au service des normes : les visiteurs relèvent que les agriculteurs, les éleveurs sont sous le joug des normes administratives et sanitaires. Ils se questionnent sur le fait que d'échanger des semences animales ou végétales est illégal alors que c'est courant à La Réunion. Cependant élever des animaux en batterie avec une alimentation composée de médicaments et d'OGM n'est passible d'aucune peine. Ce développement va à l'encontre de la société.

• Liberté, Égalité, Fraternité ? Kel ? Ousa ? : Les citoyens ne se retrouvent pas dans cette devise. La pièce de théâtre "Anlèr piton" sur l'esclavage a été jouée sur le parvis le 25 janvier permettant le parallèle avec la situation des éleveurs. Beaucoup d'éleveurs "acceptent leurs chaînes invisibles jusqu'à la déchéance totale".

Bilan

Selon l'Adefar "les autorités sont en état de récidive". L'association dénonce l'indifférence, l'irrespect, le déni, l'omerta des élus, des instances agricoles, des autorités administratives et des collectivités. Le Préfet dans son courrier daté du 11 janvier 2019, témoigne de l'excellence des produits-péi, dont la viande bovine et le lait. Pourtant il est l'auteur d'un arrêté préfectoral interdisant d'exporter la viande péi depuis 2008. Pour la LBE (leucose bovine enzootique) , l'arrêté de 1990 est toujours en vigueur. "Comment un représentant de l'État peut-il passer outre cette réglementation dont il a obligation et autorité pour la faire appliquer malgré la condamnation de son prédécesseur ?" (Dominique Sorain). L'association de défense des éleveurs de La Réunion explique qu'ils ont fait leur part du boulot. La prochaine Assemblée Générale prévue fin février ou début mars permettra de voir quelles actions seront menées dans l'année. En attendant, l'Adefar continue son combat.

jb/www.ipreunion.com

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