Précarité quotidienne

Mayotte : un tiers des habitants vit sans eau courante

  • Publié le 2 septembre 2019 à 02:59
  • Actualisé le 2 septembre 2019 à 06:37

Les conditions de logement à Mayotte sont difficiles, note l'Insee. Selon une étude effectuée en 2017 et publiée ce jeudi 29 août 2019, "29 % des logements n'ont toujours pas d'eau courante et 81 000 habitants sont concernés". Six habitations sur dix sont dépourvus du confort sanitaire de base (eau courante, toilettes, ou douche). Quant à l'électricité elle est absente dans un logement sur dix. L'institut de la statistique souligne également que le quart des 63 000 résidences principales de Mayotte sont des constructions fragiles (maisons en tôle, bois, végétal ou terre). "65% de ces habitations sont occupées par des étrangers, contre 25 % des Français natifs de l'île" souligne l'Insee (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

L’accès à l’eau courante reste une problématique majeure à Mayotte : en 2017, 81 000 habitants n’ont pas d’eau dans leur logement, soit un habitant sur trois. Au-delà de son influence sur les conditions de vie, l’accès plus ou moins aisé à l’eau a en effet des conséquences sanitaires. L’eau manque ainsi dans 29 % des résidences principales, soit deux fois plus qu’en Guyane (14 %).

"Cependant, l’accès à l’eau s’est considérablement amélioré à Mayotte en vingt ans : en 1997, 80 % des logements n’avaient pas encore l’eau courante. L’amélioration a été particulièrement spectaculaire entre 2007 et 2012, période au cours de laquelle le nombre de logements sans eau courante baisse de moitié. Mais celui-ci repart à la hausse entre 2012 et 2017 (+ 17 %), en lien avec les nombreuses constructions en tôle édifiées sur cette période" indique l'Insee.

Un peu plus de la moitié des maisons en tôle sont dépourvues d’eau courante (56 %), mais une partie des logements en dur le restent aussi (12 %). La moitié des ménages qui n’ont pas d’eau dans leur logement résident dansles communes de Mamoudzou et de Koungou, où l’habitat en tôle est très répandu. C’est à Ouangani que l’accès à l’eau courante est le moins fréquent : plus de 1 000 ménages déclarent ne pas avoir d’eau courante, soit 43 % des ménages. À l’inverse, seuls 10 % des ménages sont concernés à Mtsamboro.

- Risque sanitaire -

Sur les 18 300 ménages qui ne bénéficient pas d’eau courante dans leur logement en 2017, 7 900 disposent malgré tout d’un robinet dans leur cour et 3 700 font appel à des tiers, voisins ou parents (figure 4). Les autres, essentiellement des habitants de maisons en tôle, s’approvisionnent à une borne fontaine, dans un puits ou directement à une rivière ou un ruisseau.

Ainsi, 3 000 ménages, dont la moitié habitent Mamoudzou, se ravitaillent à l’une des bornes fontaines de l’île. Ces bornes permettent au total à 14 000 habitants de consommer de l’eau potable. Entre 2012 et 2017, le nombre de ménages ayant recours à une borne a progressé de 54 %.

1 600 ménages doivent se résoudre à s’approvisionner dans une rivière ou un ruisseau. Ce nombre progresse fortement depuis 2012 (+ 37 %), en lien avec la forte immigration récente. Près de 1 000 ménages déclarent y avoir recours dans les communes de Mamoudzou, Koungou et Dembeni. Le risque sanitaire associé à ce moyen d’approvisionnement (maladies hydriques) peut toucher 7 300 habitants sur l'île, dont 1 450 enfants de moins de cinq ans.

En plus de la problématique de l’accès à l’eau, le raccordement électrique des logements n’est pas généralisé. L’électricité reste absente dans 10 % des logements, et jusqu’à 21 % dans les maisons en tôle. Dans la grande majorité de ces maisons en tôle, le sol est en terre battue ou simplement recouvert d’un tapis ou lino : 71 % contre 16 % dans les logements en dur.

- Les constructions fragiles persistent -

Le parc de logements de Mayotte reste constitué d’un habitat à deux facettes : des constructions fragiles (maisons en tôle, bois, végétal ou terre) perdurent à côté de bâtiments plus solides en dur.

Depuis 1997, les constructions fragiles marquent toujours autant l’habitat mahorais: elles en constituent une part stable, d’environ quatre logements sur dix. Leur nature a cependant évolué dans le temps. Ainsi, en 1997, 21 % des habitations avaient des murs en torchis ou raphia, voire en feuilles de cocotiers, tandis que les cases en tôle ne constituaient alors que 14 % du parc de logements. Dix ans plus tard, en 2007, les cases en tôle sont quatre fois plus nombreuses (33 % du parc) et celles en torchis ou raphia ont diminué de moitié (6 %). En 2017, il ne subsiste plus que 1 % de maisons en bois, végétal ou terre.

La part des habitations fragiles ne diminue pas car il s’en construit toujours beaucoup. Moins onéreuses et plus faciles à édifier que les maisons en dur, elles répondent en effet rapidement aux besoins en logements des nouveaux arrivants, en particulier des nombreux immigrants venus des Comores entre 2012 et 2017. La croissance démographique ayant été plus forte encore entre 2012 et 2017 qu’entre 2007 et 2012, les constructions récentes en tôle sont plus nombreuses que sur la période précédente. Ainsi, 11 600 d’entre elles ont moins de cinq ans en 2017, soit 47 % de l’habitat en tôle ; en 2012, la part de l’habitat récent en tôle était de 38 %. En comparaison, 27 % des logements en dur ont moins de cinq ans en 2017.

- Les étrangers sont les plus mal logés -

Les conditions de logement sont les plus difficiles pour les personnes de nationalité étrangère. Ainsi en 2017, 65 % d'entre elles habitent dans une maison en tôle, contre 25 % des Français nés à Mayotte ou à l’étranger, et seulement 3 % des Français nés en métropole ou dans un autre DOM. Ces parts sont relativement stables par rapport à 2012.

"Même quand les étrangers habitent un logement en dur, celui-ci est dépourvu du confort sanitaire de base (eau courante, toilettes ou douche) dans six cas sur dix ; c’est deux fois plus que pour les Français nés à Mayotte ou à l’étranger. De plus, l’équipement sanitaire dans les logements en dur a nettement progressé pour les Français, natifs de Mayotte ou non, mais il n’a guère évolué pour les étrangers" termine l'institut de la statisque.

www.ipreunion.com

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1 Commentaires
Malou
Malou
4 ans

Très très triste...