Uniquement si vous êtes une femme

Couvrez ce nombril que je ne saurais voir

  • Publié le 1 octobre 2020 à 02:58
  • Actualisé le 1 octobre 2020 à 10:23

Triste polémique que les femmes doivent de nouveau endurer cette semaine. Il semblerait que pas un jour ne puisse passer sans qu'un homme, ou une femme, quel(le) qu'il ou qu'elle soit ne se sente obligé(e) de commenter la tenue, le corps ou les engagements des femmes. Cette fois-ci, ce sont les collégiennes et étudiantes qui sont la cible de ces attaques, et pas par n'importe qui : Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education nationale. (Photo rb/www.ipreunion.com)

On pourrait penser que notre ministre a d'autres préoccupations que le nombril des adolescentes. Le nombre d'élèves contaminés a augmenté dans les établissements scolaires et les universités. Des classes entières sont entassées dans des salles trop petites pour respecter les distanciations physiques. Les professeurs appellent à l'aide, dans un système éducatif chaque année plus en difficulté. Des postes sont supprimés. L'échec scolaire en France en général et à La Réunion en particulier est encore beaucoup trop important...

Tant de problématiques qui devraient alerter Jean-Michel Blanquer. Et pourtant, ce dernier a décidé de monter au créneau sur une question des plus urgentes : la tenue "républicaine" des élèves. Outre le fait que tout le monde se demande ce qu'une "tenue républicaine" peut bien être, on se demande aussi s'il n'y a plus important à traiter en ce moment. Au point que même la presse internationale s'est emparée du sujet, se moquant de notre ministre dans leurs colonnes. Beau rayonnement de la France que voilà.

- Un sondage et des illustrations réducteurs -

La polémique aurait pu s'arrêter là, chaque journée apportant son lot de sujets chauds à traiter. C'était sans compter sur le magazine Marianne, avec l'aide de l'organisme de sondage Ifop, qui a décidé de surfer sur la vague de l'indignité.

Adieu la tenue républicaine pour tous les élèves. Dans sa nouvelle édition, Marianne s'attaque directement aux tenues des jeunes filles. Car tout le monde le sait, seules les femmes doivent répondre de leur accoutrement, que ce soit dans la rue ou dans les couloirs de l'école.

Il faut notamment remarquer les illustrations qui ont accompagné ce sondage, demandant aux sondés - adultes ! - s'ils trouvent acceptable de porter un "crop-top" (haut court, ndlr) ou de ne pas mettre de soutien-gorge à l'école. Une forte poitrine, mise en évidence et dessinée de façon exagérée trône fièrement sur le papier. Une belle façon de sexualiser le corps des adolescentes qui sont, on le rappelle, mineures.


On peut aussi relever l'élégante tournure de phrase choisie pour décrire la pratique du "no-bra" : "un haut sans soutien-gorge à travers duquel la pointe des tétons est visible". Charmant....

A savoir que le "no-bra" consiste simplement en une absence de soutien-gorge. Mais il était manifestement utile et nécessaire pour Marianne et l'Ifop d'ajouter la mention des tétons.

Bien sûr, cela ne concerne que les tétons des jeunes filles d'ailleurs, la question de la tenue vestimentaire des garçons n'étant pas une seule fois abordée.

- Un double-standard constant -

Les garçons sont-ils donc autorisés à porter des marcels, des shorts ? Que se passe-t-il si leurs tétons à eux sont visibles ? Il ne nous semble pourtant pas que les hommes soient épargnés par ce phénomène physiologique. Pour Marianne en tout cas, cette question ne semble pas se poser.

Il semblerait donc que seules les femmes aient à répondre de leur tenue. Et s'il ne s'agit pas d'une tenue qui en dévoile trop, on s'attaquera aux femmes qui n'en dévoilent pas assez. Le ventre à l'air ou les cheveux cachés par un voile, les vêtements des femmes sont inlassablement scrutés par tous, commentés sur les plateaux télés, parfois par des hommes de plus de 70 ans qui se disent "déconcentrés" à la vision de nombrils adolescents. D'autres avouent "descendre du bus lorsqu'il y a une femme portant le voile à bord".


Alors disons les choses clairement : qu'importe ce que les femmes décident de porter, il se trouvera toujours quelqu'un ou quelqu'une pour les incriminer. Car finalement bien au-delà des vêtements, des coiffures, du maquillage arborés, se pose la réalité du contrôle que certain(e)s veulent avoir sur le corps des femmes.

La police de la bienséance débouche de tout temps sur la culture du viol et donc sur le crime et le drame... Il serait bon de s'en souvenir et d'en tenir compte.

as / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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2 Commentaires
Mayaqui, depuis son mobile
Mayaqui, depuis son mobile
3 ans

Mais n avons nous rien d autre a faire en ces périodes de crise sanitaire, économique , de violence, d attentat, que de s occuper de la tenue des femmes et des sapins de noël à supprimer !
On marche sur la tête .....

hardcore
hardcore
3 ans

Haha, auparavant c est l eglise catholique qui justifiait ce sexisme et ce coincage du cul. En fait la france est un etat qui provoque reactionnisme patriarcat et impuissance