Grand prix du festival nature de Namur

Quand les baleines et les tortues mènent Rémy Tézier à la récompense

  • Publié le 24 octobre 2020 à 16:31

Rémy Tézier a obtenu le grand prix de la 26ème édition du festival nature de Namur en Belgique avec son film "Quand baleines et tortues nous montrent le chemin". L'événement qui se déroulait du 9 au 15 octobre 2020 a récompensé ses deux années de travail dans les eaux réunionnaises. (Photos : Rémy Tézier)

"Le sujet était sous mon nez depuis des années et comme souvent lorsque c’est le cas, on ne le voit pas." Rémy Tézier habite à Saint-Gilles-les-Bains et regarde l’océan tous les jours depuis trente ans. C’est en voyant l’évolution de la vie marine depuis sa fenêtre qu’il a finalement eu l’idée de réaliser un documentaire sur le retour des baleines et des tortues dans les eaux réunionnaises.

Lire aussi : Les baleines et les tortues de La Réunion, stars du nouveau documentaire de Rémy Tézier

Le réalisateur est un passionné de nature, il plonge en mer depuis de nombreuses années et a déjà réalisé plusieurs documentaires animaliers. Il voulait faire un film positif sur l’environnement : "le message de ce film est simple, si on se reconnecte à la nature, nous avons de fortes chances de résoudre les problèmes climatiques et environnementaux." 

- L'histoire de Ti Bouchon et Petite Cabosse -

Il choisit alors de raconter l’histoire de Ti Bouchon, un baleineau né à La Réunion, et de sa maman qui l’aide à grandir dans l’immensité de l’océan, jusqu’à rejoindre les eaux glacées de l’Antarctique. Il raconte aussi la vie de Petite Cabosse, une tortue verte, qui a grandi dans les eaux de l’île et qui s’apprête à retrouver sa plage de naissance pour s’y reproduire à son tour.

Car ce sont bien les animaux qui sont les stars de ce documentaire, c’était l’une des exigences de Rémy Tézier. "J’ai voulu les mettre au premier plan et les hommes au second, contrairement à ce que l’on voit d’habitude dans les reportages animaliers" explique le réalisateur. "Je ne voulais pas suivre un scientifique, ce sont les baleines et les tortues qui m’intéressaient" précise-t-il.

C’est peut-être ce regard neuf qui lui a permis de se distinguer dans la compétition. 774 films issus de 82 pays différents ont candidaté pour le festival belge avant que Rémy Tézier ne remporte finalement le premier prix, face aux trente et un derniers concurrents retenus.

- Savoir s'adapter, la clé d'un bon film animalier -

Le réalisateur a également su s’adapter au milieu qu’il filmait. Déjà parce qu’après trente années passées sur l’île, il connaît parfaitement La Réunion : "c’est une force d’habiter le lieu que l’on filme ; nous avons tourné au Cap Lahoussaye, à Saint-Gilles et à Saint-Leu, nous étions tous les jours en mer pendant des mois contrairement aux équipes qui viennent de loin et ne sont là que pour deux ou trois semaines".

Ensuite, parce qu’il a appris à connaître puis à apprivoiser les vedettes de son film. "Je n’étais pas un grand connaisseur des baleines au début" se souvient-t-il. Il a filmé pendant deux saisons, en 2017 et 2018 et explique : "la première année m’a permis d’apprendre, j’ai découvert les baleines, je les ai observées, ensuite je les ai filmées. C’était un travail sur le long terme".

"Ma première rencontre avec une baleine était impressionnante, j’avais l’impression d’être face à un autobus" se remémore-t-il en riant. "Puis on se familiarise avec l’animal, on s’habitue" ajoute le passionné.

Cette proximité avec le cétacé et ce travail en profondeur lui ont aussi permis d’apporter des ajustements qui lui ont sans aucun doute permis d’obtenir de telles images et in fine, la reconnaissance du milieu.

"Nous avons préféré utiliser un recycleur plutôt que des bouteilles de plongée traditionnelles par exemple, car il était important que nous n’émettions pas de bulles" explique Rémy Tézier. "Les baleines font des bulles quand elles chassent, quand elles se sentent attaquées et lorsque les mâles font leur parade amoureuse." Sans cet équipement, l’air relâché par leurs équipements les auraient empêchés de réaliser un travail d’une telle qualité.

Il a aussi décidé de plonger seul plutôt qu’en équipe : "on a commencé par aller à l’eau à deux puis je me suis rendue compte que cela se passait mieux avec les animaux lorsque j’y étais en solitaire" précise-t-il.

Le réalisateur n’a pas hésité à donner de sa personne : "je suis allé jusqu’à 50 mètres de profondeur pour suivre un mâle qui chantait". Le comportement des baleines n’est pas le même à la surface et sous l’eau : "on peut facilement filmer les baleineaux en surface, mais l’allaitement, les chants… Beaucoup de choses se passent en-dessous".

- Le poids des politiques locales et internationales en matière d'environnement -

Le documentaire nous permet de connaître les raisons du retour des baleines et des tortues à La Réunion après des années d'absence. Selon le cinéaste, "les décisions politiques locales et internationales ont permis d’arriver à ce résultat".

Un moratoire international sur la chasse à la baleine et l’arrêt du braconnage a été signé en 1982 et des mesures de protections locales ont été adoptées dans les années 90. D’après Rémy Tézier, "la réserve marine a favorisé la réapparition des tortues dans les eaux réunionnaises : il est important que la population sache que les décisions prises politiquement ont un réel impact sur le monde animal".

Maintenant qu’il a montré la cohabitation de l’animal avec l’homme sur notre île, Rémy Tézier aimerait "raconter la suite de l’histoire" : "les baleines et les tortues sont de grandes voyageuses, les baleineaux peuvent parcourir jusqu’à 6.000 kilomètres et les tortues 2.000, j’aimerais conter ces aventures".

Si la crise sanitaire ne l’empêche pas, "Quand baleines et tortues nous montrent le chemin" sera en lice pour le festival international du film et du livre d’aventure de La Rochelle qui se déroule du 9 au 15 novembre 2020.

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