Risques sanitaires graves, salaires non versés, barrages...

Mayotte s'enfonce dans la crise

  • Publié le 29 mars 2018 à 08:33
  • Actualisé le 29 mars 2018 à 12:08

Le conflit contre l'insécurité se poursuit à Mayotte. L'île est entrée ce lundi 26 mars 2018 dans sa sixième semaine de grève. Et les problèmes s'amplifient jour après jour. L'ancien préfet de La Réunion Dominique Sorain est devenu ce mercredi nouveau préfet de Mayotte. Le point sur la situation.

- Dominique Sorain pour résoudre le conflit

Ce mercredi 28 mars à l'issue du conseil des ministres, l'ancien préfet de La Réunion Dominique Sorain a été nommé nouveau préfet de Mayotte et délégué interministériel afin de trouver une issue à la crise touchant le département. L'actuel directeur de cabinet de la ministre des Outre-mer Annick Girardin, aura à charge de négocier avec les élus, l’intersyndicale et le collectif des citoyens de l'île. Il arrive à Mayotte ce jeudi.

- Les barrages se poursuivent

Pendant ce temps, le 101ème département français s'enfonce dans la crise. Malgré l’appel des élus de Mayotte en faveur d’un retour à la normale, l’intersyndicale poursuit son combat et les barrages se poursuivent. Fermés depuis le 5 mars en signe de ralliement au mouvement contre l'insécurité, les services publics des collectivités ont été appelés à la réouverture par les élus. Seules les mairies sont de nouveau ouvertes. Les établissements scolaires sont toujours fermés. Le conseil départemental a voulu rouvrir mais les barrages ont empêché les déplacements des employés : le président du Département a indiqué que des mesures seraient prises et que des retenues sur salaires seront effectuées pour les personnes non présentes à leur poste.

- Les prémices d'une crise sanitaire

La situation sanitaire de l'île se détériore elle aussi. Mayotte Hebdo relate qu'en 24 heures, "un nourrisson de quatre mois est mort des suites d’une bronchiolite et un homme d’un AVC. Ces deux décès auraient pu être évités si l’île n’était pas paralysée, selon un médecin. Le personnel du SMUR est par ailleurs en droit de retrait mais 'il fonctionne'". Les douze barrages, placés à des points stratégiques de l'île, empêchent notamment l'accès aux urgences de Mamoudzou. Des pénuries de médicaments ont été observées et des patients peinent à se rendre dans des structures médicales.

À la demande de l’Agence régionale de santé (ARS) Océan Indien, pour faire face aux difficultés de fonctionnement du Centre Hospitalier de Mayotte (CHM) après plusieurs semaines de paralysie de l’île, et sur décision du ministère de la santé, une première équipe de 15 professionnels de santé vient en renfort du CHM à compter du 28 mars 2018.

- Le renvoi de certains immigrants illégaux vers les Comores à nouveau possible

Alors que les tensions sont vives actuellement entre Paris et Moroni sur la question migratoire, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a affirmé mardi, que son homologue comorien avait rouvert "la possibilité de renvoyer un certain nombre" d'immigrants illégaux de Mayotte vers les Comores. "En matière de lutte contre l'immigration clandestine, j'ai pris contact avec mon collègue, ministre de l'Intérieur des Comores qui avait cessé d'accueillir tout retour. Il vient de rouvrir la possibilité de pouvoir renvoyer un certain nombre d'illégaux", a déclaré le ministre lors d'une séance de questions au gouvernement au Sénat.

"C'est déjà un premier pas dont je me félicite", a ajouté le ministre de l'Intérieur. Selon l'entourage de Gérard Collomb, "le ministre a échangé avec son homologue comorien pendant le week-end. Le ministre (Mohammed) Daoudou a publié un arrêté pour faciliter le retour des Comoriens en situation irrégulière souhaitant revenir aux Comores".

- Des salaires de mars non versés

L'économie est quasiment au point mort sur l'île aux parfums. Si bien qu'une intersyndicale à l'initiative du Medef craint "le naufrage de milliers d'emplois" dans une lettre adressée à la ministre des Outre-mer. Ce seraient 2.300 salariés qui n'auront pas de revenus selon les syndicats. "Les dégâts sont considérables et déjà plus d’une centaine d’entreprises se sont mises sous protection de la DIECCTE pour tenter de trouver des solutions". "Le Medef demande des mesures urgentes pour éviter le naufrage de milliers d’emplois, mais je crains que ce ne soit déjà trop tard" s’inquiète le syndicat. "La crise actuelle aura raison de l’optimisme et de la confiance qui était revenue après la première crise".

Parmi les 14 demandes effectuées à la ministre des Outre-mer Annick Girardin, celle de "l'engagement d’un grand plan quinquennal d’investissements à Mayotte doté d’un fonds exceptionnel de 2 milliards d’euros abondé par l’État afin de permettre au territoire de rattraper les retards accumules dans les domaines vitaux (établissements scolaires, développement du réseau routier, réseaux de transports urbains et interurbains, logements et aménagement, eau et assainissement, équipements de santé, équipements pour la jeunesse).

- L'État prêt à abandonner le statut de département ?

Dans leurs éditions de ce mercredi, le Canard Enchaîné et le Monde indique que dans les hautes sphères de l'État, le dossier Mayotte divise. Du côté du ministère des outre-mer, on plaiderait pour un renforcement de la coopération avec les Comores, en exigeant en contrepartie des engagements des autorités comoriennes à lutter contre l’immigration clandestine.

Une idée qui ne serait pas partagée le ministère des affaires. Il défendrait la création d'une "communauté de l'Archipel des Comores". Il s’agirait de proposer une association entre Mayotte et les Comores dans le cadre d’un accord de coopération régionale. "Cette option aurait également les faveurs de l’Elysée, en particulier du conseiller outre-mer d’Emmanuel Macron", indique le Monde. "L'île resterait française mais abandonnerait son statut de département", indique pour sa part le Canard enchaîné. 

hf/www.ipreunion.com

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2 Commentaires
Carlos
Carlos
6 ans

Le préfet arrive les mains vides.
Et l' invasion comorienne continue...
Rien n ' à changer, au contraire ..
Il faut vivre à Mayotte pour commencer comprendre...

KUNTA KINTé
KUNTA KINTé
6 ans

L'État prêt à abandonner le statut de département ?
Enfin une bonne nouvelle , semble t-il !
A La Réunion où, faut-il le rappeler, les clignotants sont toujours au rouge dans bien des domaines (social, économique…), où la moitié de la population vit toujours en dessous du seuil de pauvreté (400 000 pauvres) dans notre île aux 150 000 chômeurs, aux 110 000 illettrés, aux 60 000 mal logés (30 000 familles sont toujours en attente d’un logement) et aux 22 000 jeunes sortis du système scolaire et qui n’ont aucune perspective d’avenir. Une île où les contrats aidés vont être supprimés…
La REUNION ne peut pas encaisser toute la misère des terres voisines , que l'archipel des comores et son président prennent ses responsabilités ... Peut être y a t-il incompétence aux comores en déviant les vrais problème ?