Après une interpellation chez un gérant de Saint-Denis

Gérard Lebon sur le zamal dans les stations-service : "le message est clair, retirez tout"

  • Publié le 19 juillet 2019 à 08:52
  • Actualisé le 19 juillet 2019 à 08:57

L'information n'est pas passée inaperçue ce mardi 16 juillet 2019... lorsque la BAC a débarqué dans une station-service de Saint-Denis pour interpeller son gérant, qui vendait du cannabis thérapeutique dans son commerce. Avant de filer le lendemain chez son fournisseur, également à Saint-Denis, dont l'entrepôt fut perquisitionné. Des paquets de zamal à faible dose de THC (la molécule active du cannabis) destinés à une consommation thérapeutique. On appelle ça communément le CBD pour "cannabidiol", le composant du cannabis réputé pour avoir des effets bénéfiques sur la santé. Problème : sa vente, où qu'elle se fasse en France, est liée à une juridiction très floue. Officiellement commercialiser du cannabis est interdit, pourtant, le produit est si faiblement dosé ici qu'il échappe à la législation. Mais à La Réunion, avec cette interpellation le message est clair : pas le droit de vendre du CBD. Pour en savoir plus sur la politique des stations-service sur la question, nous avons interrogé Gérard Lebon, président du syndicat réunionnais des exploitants de stations-service. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Étiez-vous personnellement au courant que des paquets de cannabis CBD étaient vendus en station-service ?

Oui, je savais qu'il y avait des points de vente par-ci par-là. Mais il s'agit de produits au taux de cannabis très faible. Techniquement on dit que ce n'est pas illégal. Et c'est dommage de croire que les stations-service sont les seuls endroits à pointer du doigt. S'il y a un fournisseur, il y a forcément d'autres points de vente... J'ai trouvé assez choquant d'embarquer ce gérant de station-service et le voir placé en garde à vue. C'était un peu "poussé" selon moi.

Il existe une juridiction très floue autour de ces ventes...

Et c'est tout le problème ! A La Réunion, la police débarque et demande expressément de retirer tous ces produits de la vente. Or il y a d'abord eu l'importation de ces produits, avec un fournisseur, qui a d'ailleurs été perquisitionné lui aussi. Il a passé les douanes avec ses produits... Donc s'attaquer à celui qui ne fait que les vendre, je trouve ça dommage. C'est simple : c'est aux services publics, voire au préfet via un arrêté officiel, de statuer là-dessus et mettre un peu d'ordre.

Vendre du zamal sous forme de CBD, serait-ce un commerce florissant dans les stations-service ?

Il faut bien faire la part des choses entre la morale et le business. Si je vous parle avec mon regard de commercial, forcément ce type de ventes peut être rentable. Et en même temps ce n'est pas garanti. Je connais un gérant qui n'a réussi à vendre que 5 paquets sur 12, comme quoi... Si je vous parle en tant que citoyen, je m'interroge. Est-ce qu'on a vraiment besoin de ça pour se faire plaisir et potentiellement s'abîmer la santé, en plus des cigarettes, de l'alcool, des gâteaux ? D'un point de vue purement thérapeutique par contre, ça peut être vraiment bénéfique. A voir comment on pourrait encadrer ça dans les pharmacies.

Si vendre ces paquets devient légal, quelle serait la position du syndicat ?

C'est dur à dire, ça dépend des gérants. Mais en soi si c'est très encadré, pourquoi pas. Je me pose une question cependant : comment contrôler quelqu'un qui consomme du cannabis ? Comment vérifier que c'est du CBD et pas plus ? Vous savez, il y en aura toujours pour contourner la loi...

Quels conseils donnez-vous aux gérants des stations-service en attendant ?

Plusieurs m'ont déjà appelé. Après cette interpellation je leur dis clairement : ne prenez pas de risques inutiles. Pour ceux qui vendent ces paquets, enlevez-les. Auujourd'hui, pas besoin de tenter le diable, attendons de voir comment la législation évolue là-dssus. Mais à La Réunion le message est clair : il vaut mieux retirer ces produits des rayons.

mm/www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com

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