Les compétitions de surf annulées jusqu'en mai

Coronavirus : Johanne Defay dans l'expectative

  • Publié le 17 mars 2020 à 19:19
  • Actualisé le 25 mars 2020 à 11:09

La surfeuse réunionnaise Johanne Defay devait entamer sa septième saison sur le World Tour fin mars, en Australie, puis enchainer 5 manches du World Tour jusqu'au début des Jeux olympiques le 24 juillet. Jeudi dernier, elle terminait aux portes des quarts de finale sur le premier Challenger Series de l'année à Sydney et apprenait dans la foulée que la World Surf League annulait l'ensemble des compétitions jusqu'à nouvel ordre. Débutait alors, pour elle, une nouvelle étape : rentrer au plus à la Réunion, avant la fermeture des frontières pour contenir la pandémie de covid-19. (Photos rb/www.ipreunion.com)

Vous être rentrée prématurément d'Australie ce dimanche après avoir disputé une seule manche de World Qualifying Series (WQS). Que s’est-il passé ?

Oui, je suis rentrée plus tôt que prévu, je devais passer deux mois en Australie pour deux épreuves de WQS et trois manches du World Tour. J'ai terminé en 8èmes de finale jeudi, à Sydney, pour mon premier WQS de la saison et je devais partir disputer un autre WQS en Nouvelle-Zélande, samedi. Le vendredi, la World Surf League nous a informés que la compétition en Nouvelle-Zélande était reportée et que la 1ère étape du World Tour, à Snapper, était annulée à cause du coronavirus.

J'ai été assez surprise, car l'Australie était très peu touchée par le virus à ce moment et tous les surfeurs étaient déjà sur place. Mais comme la WSL est une organisation américaine, et que les Etats-Unis ont commencé à fermer leurs frontières, je pense qu'elle a suivi le mouvement pour que son personnel ne se retrouve pas bloqué à l'autre bout du monde.

D'autres évènements sportifs ont été annulés en Australie comme le Grand Prix de Formule 1. Du coup, même surprise, je pense que c'était une bonne décision. Sans attendre de savoir si la seconde manche de World Championship Tour (Bells Beach 8-18 avril) était annulée, j'ai décidé de changer mes billets pour rentrer chez moi car, a priori, beaucoup de pays commencent à fermer leurs frontières et je ne voulais pas risquer de me retrouver bloquer loin de chez moi pour plusieurs semaines.

Comment s'est déroulé votre retour?

Plutôt bien dans l'ensemble. C’était un peu compliqué de joindre les compagnies aériennes vendredi, donc un peu stressant, mais finalement j'ai pu changer mes billets facilement car les avions n'étaient pas pleins. J'ai bataillé pour arriver dimanche soir au lieu de lundi matin à la Réunion et ne pas me retrouver bloquer à Maurice.

Vous êtes partie en Australie après un séjour de deux semaines à Tahiti, puis quelques jours en Métropole, avant de repasser à la Réunion début mars. Quel était votre ressenti face au début de l'épidémie en Europe ?

Pour être honnête, je ne l'ai pas trop prise au sérieux au début. Je pensais que ça touchait uniquement certaines personnes sensibles et c'était difficile de comprendre. À Maurice et à Tahiti, on nous a pris notre température en arrivant sur le territoire à la descente de l'avion, mais ça ne m'a pas alarmé. Je voyage beaucoup et j'ai l'habitude de prendre soin de moi pour avoir un système immunitaire solide, mais c'était plus dans une démarche de bien-être personnel en vue d'être performante sur mes compétitions.

Je n'ai pas trop suivi les informations non plus quand j'étais en stage à Tahiti parce qu’on n'avait pas la télévision et une mauvaise connection internet. Et je passais énormément de temps chaque jour à l'eau. Sur le retour, j'ai fait attention aux règles d'hygiène dans les avions et aéroports, beaucoup de voyageurs avaient des masques mais je n'en portais pas. Rien n'indiquait qu'une épidémie était en cours à l'aéroport de Los Angeles, ni à celui de Paris.
Arrivée à Paris pour quelques jours (28 février au 2 mars), rien n'affectait la vie parisienne à première vue. Il n'y avait pas de consignes particulières à l'aéroport pour mon retour à la Réunion, tout était normal.

En Australie, rien n'avait changé non plus : les Australiens sortent beaucoup, il y a toujours du monde dehors, dans les restaurants et les bars... Ça fait donc bizarre de passer de ça à l'annulation des compétitions et maintenant au confinement presque total. Tout est allé super vite ces trois derniers jours.

Pensez-vous que cette décision de la WSL évoluera dans les prochaines semaines ?

On a encore reçu un message ce matin : toutes les compétitions de la WSL sont annulées ou reportées jusqu'à fin mai. Ils ne savent pas trop comment les choses vont évoluer. Ils ne savent pas s'ils vont pouvoir reprendre les compétitions, car tout le Tour se fait à l'international et déplace des compétiteurs mais également du personnel venant des quatre coins du monde. C'est triste, on était tous prêts et motivés pour cette nouvelle saison, mais je suis aussi soulagée d'être en sécurité chez moi auprès des miens, et d'être en vacances, ce qui n'arrive jamais (rires).

Avez-vous des informations sur les Mondiaux ISA et les Jeux Olympiques ? (Les Mondiaux au Salvador sont la dernière compétition de qualifications pour les Jeux Olympiques où une douzaine de places sont encore à attribuer pour les Jeux Olympiques)

Aucune information pour le moment de la part de la fédération. L'ISA nous a envoyés un mail hier disant que le Salvador avait fermé ses frontières depuis déjà une semaine et pour un mois. Même si le pays est prêt à accueillir ces championnats du 9 au 17 mai, cela me parait compliqué vu le nombres d'équipes engagées et le nombre de compétiteurs à déplacer…

Pour les Jeux, j'ai entendu qu'il y aurait peut être deux options : les reporter d'un an ou deux, ou les faire à huis clos. Franchement, je n'ai aucune idée de comment cela va se passer.

Les Jeux peuvent-ils avoir lieu sans qu'aucun événement sportif international n'ait eu lieu avant ?

Ça parait compliqué, notamment en surf, où sur les 40 surfeurs olympiques hommes et femmes confondus, 30 à 40% ne sont pas encore qualifiés. Je ne sais pas comment ils pourraient obtenir une qualification sans compétition préalable. En ce qui me concerne, si je dois commencer ma saison là bas, je n'aurais pas le choix, je m'adapterai. Personnellement, je pense qu'il vaudrait mieux reporter à l'année prochaine si la crise sanitaire doit encore durer plusieurs semaines.

Comment abordez-vous ces prochaines semaines à la Réunion, par rapport à vos objectifs et votre préparation?

Je suis arrivée dimanche soir et lundi j'étais vraiment fatiguée. J'attendais d'avoir plus de nouvelles de la WSL. Maintenant que je sais qu'il n'y aura rien jusqu'à fin mai, je vais devoir en parler avec mon coach sachant que je peux m'entrainer à la maison pour le côté physique. Pour le surf, je n'imagine pas ne pas surfer pendant deux mois, donc à la Réunion ça va être compliqué entre le Coronavirus et les requins (rires). J'irai peut être en Métropole, dans le Sud-ouest où j'ai un pied-à-terre, mais cela reste à voir.

À quoi ressembleront vos journées dans les prochains jours?

Je vais reprendre l'entraînement physique doucement. Le Président Macron a dit lundi soir qu'on pouvait sortir pour faire de l'activité physique, donc j'irai courir ou nager au lagon. Je ferai mes séances de préparation physique à la maison comme d'habitude. Je vais aussi en profiter pour faire un maximum de yoga, prendre soin de moi et essayer de rester en forme. Je suis également des études en ligne (avec l'université de Brisbane, Australie) grâce à un partenariat avec la WSL depuis l'an dernier, donc c'est l'occasion d'y consacrer davantage de temps.

sp/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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