Courrier des lecteurs d'Alain Lan-Yeung

Le temps est venu en ces temps difficiles de vivre un football exemplaire

  • Publié le 2 septembre 2020 à 15:07

Au plus fort de la crise sanitaire liée à la pandémie de COVID-19, le pape l'a affirmé solennellement : "Chaque crise est un danger mais également une opportunité..... l'humanité en ressortira meilleure ou pire..." De même, Nicolas HULOT, énergique défenseur d'un monde à l'écoute de ses richesses naturelles et de ses êtres vivants, affirme avec force que le " le temps est venu " de changer de paradigme et ainsi de construire une société plus équitable, plus sereine et plus connectée au développement durable. (Photo rb/www.ipreunion.com)

Ces affirmations nous conduisent, nous, membres dirigeants et éducateurs bénévoles du football amateur, à nous interroger sur le bien fondé de notre action au sein de nos clubs envers les quelques centaines de licenciés et par incidence envers les parents qui nous confient leurs enfants 3 à 4 fois par semaine afin d'être éduqués aux règles de notre discipline. Pourquoi utiliser le verbe "EDUQUER" ? A ce jour, le sport fait partie intégrante du Ministère de l'Education et de la Jeunesse. La pratique du sport devient incontournable chez les jeunes.

Le sport, et le football en particulier, participent et contribuent totalement :

- à l'animation sportive des territoires et des quartiers,

- à la cohésion et à la paix sociale,

- à l'insertion et à l'inclusion sociale,

- à la lutte contre les inégalités,

- aux enjeux de santé publique,

- à la valorisation de l'image d'une ville sur le plan local, national voire international.

Nous avons donc la grande responsabilité d'orienter les jeunes des générations à venir afin qu'ils puissent gommer les erreurs d'une société actuelle avide de surconsommations . Cette dérive génèrent de la pollution sur toute la planète causant une destruction rapide de nos richesses naturelles.

A l'échelle d'une ville ou d'un quartier, au delà de la pratique compétitive très loin du monde des professionnels du PSG et de l'OM, là où aucun de nos joueurs et joueuses séniors vivent du football, nos associations assurent ces missions d'animation et d'entraînement emmenées par des éducateurs bénévoles diplômés dans un espace de convivialité et de cohésion sociale renforcées.

L'apparition du COVID-19, virus transporté par l'être humain et extrêmement dangereux, voire mortel, a contraint les autorités à siffler la fin de la récréation organisée en toute connaissance de cause par la LRF. Tout est à l'arrêt dans nos clubs qui reposent sur des dirigeants passionnés. Les parents n'ont plus confiance et les licenciés sont orphelins de leur passion : plus de dépenses physiques, ce qui est synonyme de bien-être et de meilleure santé mentale et corporelle ; plus d'animation de quartier le dimanche après-midi. Or, les sports et les activités physiques individuels restent autorisés tant qu'il n'y a pas de contact.

On peut s'interroger sur l'avenir à court et à moyen terme des clubs de sports collectifs dans toute l'île : les parents auront-ils suffisamment confiance en la structure associative pour remettre leurs enfants chéris dans ces disciplines. Mêmes perspectives chaotiques que les écoles ? Quand bien même le protocole sanitaire, bien qu' assoupli, soit toujours en vigueur !

De même, quid de la prévision catastrophique de la hausse de licenciement suite à la mort d'entreprises dans tout secteur confondu . Est ce que nous nous orientons également vers une fermeture massive d'associations se consacrant aux disciplines collectives et de combats? N'y a t'il pas lieu d'anticiper ce scénario catastrophe ?

Nous, éducateurs, et dirigeants,amoureux du football, nous avons tous envie de rechausser nos crampons, de vibrer lors d'actions collectives travaillées à l'entraînement par nos jeunes, de créer un environnement d'apprentissage propice aux échanges et indirectement à la cohésion sociale de notre jeunesse et de la mixité générationnelle.

Le virus est présent pour encore quelques mois voire quelques années d'après les scientifiques . le vaccin n'apparaîtra que dans 6 mois ou plus et sera destiné à un public ciblé. Comme dans les entreprises et les lieux publics, nous devons accepter d'autres habitudes de vie, de changer nos modes de consommation et d'échanges amicaux et familiaux afin de protéger nos glorieux anciens et les "sujets à risques".

C'est notre plus grand devoir pour enrayer la propagation de ce virus. Il est également de notre devoir de réfléchir, de proposer et de mettre en œuvre à notre petit niveau d'amateurs, un environnement de reprise du football pérenne avec 2 objectifs :

- Le premier, ce serait de rassurer les parents au sein de nos clubs en ajustant des protocoles sanitaires viables,

- Le deuxième , ce serait de rassurer les autorités pour ne pas devoir arrêter systématiquement nos activités dès une éventuelle hausse de contamination.

Bien entendu, le combat n'est pas gagné. Mais nous sommes des compétiteurs et comme lors d'une saison sportive ou avant le début d'un match, même si les rapports de force sur le papier sont inégaux, un match n'est jamais gagné tant que l'arbitre n'a pas sifflé la fin de la rencontre . Et le ballon est rond pour toutes les équipes...

Pour conclure , dixit Nicolas Hulot :  "le moment est venu .... le temps et le moment sont venus" :

- de changer de paradigme en considérant que notre football local évolue dans un cadre amateur encadré par des passionné(e)s diplômé(e)s et structuré(e)s

- de traiter les racines de la crise sanitaire et de confiance en posant, dans un contexte incertain et fluctuant, au regard des décisions des autorités, les bases d'un débat serein où toutes les bonnes volontés seront écoutées.

- d'être dans une démarche de démocratie inclusive tenant compte des enjeux environnementaux, sociétaux et éducatifs au sein d'un partenariat élargi avec les collectivités et le monde des entreprises.

Il est temps d'avoir un football exemplaire et faisant montre de résilience pour sortir grandi de cette période difficile.

Alain Lan-Yeung Educateur dipômé de football et dirigeant bénévole du club

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1 Commentaires
Raymond Lauret
Raymond Lauret
3 ans

La réflexion à laquelle, dans son billet, Alain Lan Yeung nous invite ici est la bienvenue. Oui, plus que jamais, le Sport a besoin que l'on use d'un "S" majuscule pour qu'on en fasse un sujet d'importance dans notre société. Les Municipales viennent d'avoir lieu et, dans la foulée, des intercommunalités se sont mises en place. Le Sport ne doit-il pas être une préoccupation de nos responsables politiques en charge d'une grande part de l'avenir des réunionnais, préoccupation que partagent nombre de nos responsables du mouvement sportif ? Il est urgent qu'il y ait une réflexion que nos EPCI soutiendraient auprés des municipalités qui les composent pour la porter au niveau des Conseils Département et Régional sur, par exemple, l'usage du vélo comme moyen de déplacements de chaque jour, que ce soit pour se rendre à l'école ou au bureau, avec ce que cela suppose comme moyes à mettre en place pour le montage des vélos ici même....Une réflexion également sur une organisation de la pratique de sports individuels ou collectifs dans chacun des quartiers de nos cités pour valoriser la relation humaine, et même - pourquoi pas?- la recherche de partenariat avec des pays étrangers dans des domaines où nous avons prouvé ici à La Réunion que nous disposons d'un savoir-faire reconnu ... Avec une réussite exemplaire, Claude Lowitz et Alain Lan Yeung ont, il y a quelques années de cela, oeuvré à Chongming, en Chine, pour mettrre en place des centres de formation des jeunes espoirs chinois en football....Cette expérience, si elle est relancée , ne peut être que profitable pour La Réunion et ses jeunes valeurs. Nos Intercommunalités seraient les mieux placées pour accompagner la Région et le Département dans ce type de démarche.Merci à Alain d'ouvrir ainsi un débat qui peut être porteur de belles et utiles initiatives.Raymond Lauret