Politique

Après les 35 heures, Macron récidive sur les fonctionnaires

  • Publié le 19 septembre 2015 à 10:04

Après sa critique des 35 heures fin août, le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a récidivé vendredi en jugeant le statut des fonctionnaires "plus justifiable", s'attirant un recadrage immédiat de François Hollande qui s'est dit "attaché" à ce statut.

Le statut des fonctionnaires n'est "plus adapté au monde tel qu'il va" et, "surtout, n'est plus justifiable compte tenu des missions", a déclaré M. Macron lors d'un débat public organisé par le groupe de réflexion "En temps réel", selon des propos rapportés par Les Echos.

En déplacement dans son fief corrézien de Tulle, le président de la République, conscient du caractère explosif de telles déclarations, a profité d'une remise de décorations pour aussitôt s'employer à éteindre l'incendie.

Honorant un fonctionnaire, il a loué en lui "un fonctionnaire d'Etat, un fonctionnaire attaché à son département de la Corrèze et, comme je le suis, attaché à son statut".

Le chef de l'Etat a désavoué son jeune ministre en se livrant à un véritable éloge de la fonction publique: "Etre fonctionnaire, ce n'est pas être dans une position figée, ce n'est pas refuser la modernité, être fonctionnaire, c'est, au contraire, être toujours capable d'anticiper, de prévoir et de servir".

"Et c'est la raison pour laquelle le fonctionnaire a des droits, le statut, et a des devoirs et qu'il doit en permanence s'adapter, évoluer et être capable d'être au meilleur pour être au service du public", a souligné François Hollande

De son côté, M. Macron a lui aussi voulu minimiser la portée de ses propos, comme il l'avait fait après la polémique qu'il avait déclenchée sur les 35 heures.

"A aucun moment je n'ai parlé d'une réforme du statut de la fonction publique que le gouvernement envisagerait", a assuré le ministre de l'Economie auprès de l'AFP.

Ce "statut n'est pas remis en cause", a déclaré en ajoutant: "Les propos partiels rapportés donnent une vision déformée de ma pensée".

La droite ironise

Quoi qu'il en soit, Emmanuel Macron avait tenu des propos décapants et toujours aussi iconoclastes pour un membre d'un gouvernement de gauche.

"On va progressivement entrer dans une zone - on y est déjà d'ailleurs - où la justification d'avoir un emploi à vie garanti sur des missions qui ne le justifient plus, sera de moins en moins défendable", avait affirmé le ministre, lui-même haut fonctionnaire.

"Je ne sais pas justifier que quelqu'un qui travaille dans la cybersécurité dans une PME soit un contractuel en CDD et que quelqu'un qui travaille, par exemple, dans mon ministère dans le développement économique doit être un fonctionnaire", a-t-il illustré.

La droite s'est aussitôt engouffrée dans la brèche: "Excellentes remarques de sur le statut des comme je l'écrivais dans mon livre", a ironisé l'ancien ministre Eric Woerth, délégué général au projet des Républicains.

"Ca commence à faire beaucoup, il faut vraiment qu'il se la boucle ! Il se croit tout permis avec sa cote de popularité mais il nous fait du tort", a déploré un ministre, inquiet de telles déclarations à quelques mois de régionales déjà bien périlleuses pour la gauche.

"Cet Ovni fou veut aussi détruire le statut de la fonction publique", a dénoncé Gérard Filoche, membre de l'aile gauche du PS.
", le gars qui vient de la Banque Rothschild et qui voudrait faire passer l'infirmière ou le policier pour un privilégié...", a également dénoncé sur Twitter Ian Brossat, adjoint PCF à la maire de Paris Anne Hidalgo.

Fin août, juste avant l'ouverture de l'université d'été du PS à La Rochelle, Emmanuel Macron avait heurté la gauche par sa dénonciation des 35 heures. Le Premier ministre Manuel Valls l'avait aussitôt recadré et dénoncé des "petites phrases" qui font "mal à la politique".

AFP

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