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Etats-Unis: le pape François aborde des sujets qui fâchent

  • Publié le 24 septembre 2015 à 09:42

Le pape François, accueilli dans la liesse aux Etats-Unis, a abordé mercredi des sujets qui fâchent, de l'immigration à la mise en garde de l'Eglise américaine sur la pédophilie, et en canonisant un moine controversé à la veille d'un discours historique au Congrès.

Le souverain pontife, qui foulait pour la première fois de sa vie le sol des Etats-Unis, a aussi affiché sa proximité avec le président Barack Obama sur les grands défis mondiaux: guerres, crises migratoires et réchauffement climatique.
Dans un pays qui compte 82 millions de catholiques -- un quart de sa population -- le pape François a dénoncé devant les évêques américains les "crimes" de pédophilie qui ont secoué leur Eglise.
"Je sais combien est gravée en vous la blessure des dernières années et je vous ai accompagnés dans votre généreux engagement pour guérir les victimes (...) et pour continuer à oeuvrer afin que de tels crimes ne se répètent plus jamais", a-t-il lancé au cours d'une longue prière à la cathédrale St Matthew de Washington.
Le scandale des prêtres pédophiles avait discrédité l'Eglise américaine dans les années 1980, les dédommagements des victimes ruinant plusieurs diocèses. Des milliers d'enfants et d'adolescents avaient été abusés sexuellement par des prêtres et des religieux.
Se déplaçant dans la capitale fédérale en papamobile, une Jeep surmontée d'un toit transparent, François est allé ensuite canoniser l'évangélisateur espagnol de la Californie à la fin du 18e siècle, Junipero Serra, au grand dam d'Indiens locaux: le moine franciscain est pour eux celui qui a contribué au dépérissement de leur culture mais, selon le souverain pontife, il "avait défendu leur dignité".
Devant des milliers de fidèles, prêtres et religieux, le pape a célébré, en espagnol, sa première messe aux Etats-Unis, au cours de laquelle il a déclaré saint ce missionnaire espagnol mort en 1784.

- Lettre sur l'immigration -

Le pape argentin, le premier venu des Amériques, avait entamé sa visite historique à Washington par une réception dans les jardins de la Maison Blanche, sous les auspices de son locataire Barack Obama, devant 11.000 personnes massées sur les pelouses inondées de soleil.
Autorité morale mais aussi allié politique du président américain, Jorge Bergoglio a d'entrée défendu les plus démunis et les exilés.
"Comme fils d'une famille d'immigrés, je suis heureux d'être un hôte en ce pays, qui a été en grande partie bâti par de semblables familles", a-t-il déclaré, dans une allusion à la controverse politique sur l'immigration hispanique aux Etats-Unis mais aussi aux réfugiés qui fuient vers l'Europe le Moyen-Orient ravagé par les conflits.
La journée a d'ailleurs été marquée par une scène lors de laquelle une petite fille de 5 ans, Sofia, a réussi à approcher le pape durant sa parade dans les rues de la capitale américaine. La fillette lui a glissé une lettre dans laquelle il est demandé à François de soutenir -- devant le Congrès et auprès du président Obama -- la légalisation des sans-papiers aux Etats-Unis.

- Discours devant le Congrès -

A moins de 500 jours de la fin de son second mandat, M. Obama compte sur l'appui du pape sur deux autres chantiers prioritaires: Cuba et le climat.
Il a par exemple évoqué le "soutien précieux" de François dans le rapprochement historique Washington-La Havane.
Sur la lutte contre le réchauffement climatique, François a insisté sur l'urgence d'un combat "qui ne peut être laissé à la génération future" et a jugé "encourageantes" les initiatives de M. Obama.
Les deux hommes ont eu aussi un tête-à-tête dans le Bureau ovale, le second après celui du printemps 2014 au Vatican.
Puis le pape a paradé sur la plus majestueuse avenue de Washington, debout et souriant sur sa papamobile, embrassant des enfants, sous les "Viva El Papa" et acclamations de milliers de personnes.
C'est seulement la troisième fois qu'un pape est accueilli à la Maison Blanche: Jimmy Carter avait reçu Jean-Paul II en 1979, et George W. Bush avait accueilli Benoît XVI en 2008.
Politiquement, cette visite papale tombe à pic pour l'administration démocrate.
Lorsqu'il s'exprimera jeudi devant le Congrès, une première dans l'histoire des Etats-Unis, François devrait encore plaider pour le rapprochement américano-cubain et pour le climat. Deux dossiers sur lesquels les adversaires républicains de M. Obama, qui contrôlent le Congrès, ne décolèrent pas.
Le fait qu'il soit arrivé aux Etats-Unis en venant de Cuba, où il n'a pas critiqué le président Raul Castro, a irrité ceux qui jugent que ce pape est un marxiste déguisé ou un traître à la foi catholique, trop souple sur la doctrine.

AFP

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