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Obama et Xi avancent sur le climat sur fond de vives tensions

  • Publié le 26 septembre 2015 à 00:57

Barack Obama et Xi Jinping ont affirmé vendredi leur volonté d'avancer ensemble sur le climat, tout en affichant sans détour leurs désaccords, des droits de l'homme aux disputes territoriales en mer de Chine.


Pour cette première visite d'Etat du président chinois à la Maison Blanche, l'exécutif américain a sacrifié à la prestigieuse cérémonie d'accueil, mais lors de la conférence de presse commune, le ton était ferme et la tension palpable.
Le président américain, critiqué par ses adversaires républicains pour sa trop grande prudence vis-à-vis de Pékin, n'a pas mâché ses mots, dénonçant en termes particulièrement forts les atteintes aux libertés en Chine.
"J'ai exprimé de manière très franche notre conviction profonde qu'empêcher des journalistes, des avocats, des ONG et la société civile de travailler librement (...) était problématique" a-t-il déclaré, citant explicitement le dalaï lama, prix Nobel de la paix et chef spirituel tibétain en exil, qui est la bête noire de Pékin.
Ces derniers jours, l'exécutif américain a exprimé ses inquiétudes concernant un projet de loi en préparation à Pékin qui limiterait le champ d'action des ONG étrangères et "réduirait encore l'espace de la société civile en Chine".
Même tonalité sur la situation en mer de Chine méridionale, théâtre de tensions entre voisins asiatiques. M. Obama a exprimé ses inquiétudes concernant les opérations de remblaiement et "la militarisation de zones disputées qui rend plus difficile un règlement pacifique des désaccords".
Son homologue chinois a de son côté réaffirmé le droit de Pékin à maintenir sa "souveraineté territoriale" sur des îles "qui sont des territoires chinois depuis des temps immémoriaux".
Seule légère avancée sur les sujets qui fâchent: les deux dirigeants ont évoqué un accord pour qu'aucun des deux gouvernement ne mène ou ne soutienne, "en connaissance de cause", le vol informatique de propriétés intellectuelles, notamment des secrets commerciaux. Ils ont cependant donné peu de précisions sur la traduction concrète d'un tel engagement.

- Bei Bei le panda -

Véritable éclaircie dans un ensemble plutôt sombre: les deux dirigeants ont fait de nouvelles annonces dans la lutte contre le changement climatique à l'approche de la conférence de Paris qui vise à conclure un accord mondial pour enrayer la hausse des températures.
Selon une déclaration commune diffusée par la Maison Blanche, la Chine s'est engagée à mettre en place en 2017 un marché national de quotas de CO2 visant à donner un prix au carbone et ainsi encourager les réductions d'émissions de gaz à effet de serre dans le secteur industriel.
Selon le même document, Pékin s'est aussi engagé à débloquer 3,1 milliards de dollars pour aider les pays en développement à lutter contre le changement climatique.
Lors de leur rencontre en novembre 2014 à Pékin, MM. Obama et Xi avaient annoncé un accord inédit dans lequel ils présentaient leurs objectifs en termes d'émissions de gaz à effet de serre: réduction de 26% à 28% d'ici 2025 par rapport à 2005 pour les Etats-Unis, "pic" à l'horizon 2030 pour la Chine.
"Si les deux principaux émetteurs (de gaz à effet de serre) de la planète travaillent ensemble de cette manière, il n'y a aucune raison pour les autres pays - développés ou en développement - de ne pas faire de même", a déclaré M. Obama, saluant avec force les engagements chinois.
Le président de la Banque mondiale Jim Yong Kim s'est félicité de ces annonces qui enverront "un message fort au reste du monde".
"Le partenariat Chine/Etats-Unis sur la climat (...) contribue à une excellente dynamique à l?approche de Paris", a de son côté estimé Jennifer Morgan du World Resources Institute (WRI).
Durant deux jours à Seattle (nord-ouest), le président chinois avait vanté les liens commerciaux entre les deux pays et souligné sa volonté d'ouvrir "toujours plus" la Chine au monde.
Evoquant le sérieux ralentissement de l'économie chinoise, il a assuré vendredi que la deuxième économie mondiale n'était pas en danger.
"Je suis confiant pour l'avenir: la Chine va sûrement, pour tout le monde, pour chacun d'entre nous, apporter une croissance saine qui consolidera la confiance", a-t-il affirmé.
Loin des séances de travail sur la cybersécurité ou la dévaluation du yuan, Michelle Obama et la première dame chinoise Peng Liyuan, se sont rendues au zoo de Washington où elles ont dévoilé le nom du bébé panda géant né fin août: il s'appelle Bei Bei, ce qui signifie "précieux, trésor".
Lors d'une cérémonie devant l'enclos des pandas avec de jeunes élèves, elles ont libéré deux rouleaux de papier de leurs rubans pour révéler le nom du petit mâle en idéogrammes chinois et en alphabet latin.

Par Antoine FROIDEFOND, Antoine Froidefond à Paris, Maude Brulard à La Haye - © 2015 AFP
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