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Déboutées aux prud'hommes, les "dames pipi" parisiennes poursuivent leur combat

  • Publié le 29 septembre 2015 à 15:15

Touchées mais pas coulées.

Les médiatiques "dames pipi" des monuments parisiens ont perdu mardi une manche du long combat judiciaire les opposant au nouveau gestionnaire de plusieurs toilettes qui refuse de les reprendre, mais feront appel du jugement des prud'hommes.
Depuis le changement de gestionnaire des lieux d'aisance de plusieurs attractions touristiques (Sacré-Coeur, Notre-Dame, Place de l'Etoile...), onze salariées, souvent âgées et comptant de 12 à 32 ans d'ancienneté, se sont retrouvées sur la touche et neuf ont saisi la justice.
Le conseil de prud'hommes de Paris a débouté mardi six d'entre elles de leur procédure d'urgence, en estimant "qu'il n'y a pas lieu à référé", a indiqué à l'AFP l'avocat du nouveau prestataire Sarivo PointWC (2theloo), Paul Coëffard.
Immédiatement, l'avocat des préposées aux toilettes a indiqué qu'il ferait appel.
"Nous allons même solliciter l'autorisation d'assigner en appel à jour fixe (...) pour que l'affaire soit examinée le plus rapidement possible", a dit Me Fiodor Rilov.
Si la demande aboutit, l'avocat "espère replaider l'affaire dans quelques semaines".
"Déçu" par ce jugement, le syndicat Force ouvrière qui soutient les six employées, a regretté un "non-positionnement (qui) complique la situation".
"Il faut maintenant qu'on trouve le moyen de maintenir leur salaire jusqu'à la décision" au fond, a dit Hortense Betare (FO).
Non reprises et pourtant pas licenciées, elles ne peuvent en effet pas prétendre à une indemnité chômage.

- "Grande précarité" -

La nouvelle entreprise, Sarivo PointWC, filiale du groupe néerlandais 2theloo, avait été choisie à l'issue d'un appel d'offres passé par la mairie de Paris. Mais elle refuse d'appliquer la convention du secteur de la propreté, dont l'article 7 prévoit la reprise automatique des salariés.
La société fait valoir que son activité principale "ne relève pas de la propreté" mais consiste en "l'exploitation commerciale de sites". Avec son concept de "toilettes-boutiques", 2theloo offre "un service inspiré des conciergeries de luxe", c'est "totalement différent", avait souligné à l'audience Me Coëffard.
Le jugement des prud'hommes de Paris "conforte la position qui est la nôtre depuis le début", a-t-il commenté pour l'AFP. Selon lui, il n'était pas possible en référé de statuer sur la convention collective dont dépend une entreprise.
"C'est maintenant à Stem (l'ancien employeur) d'en tirer les conséquences", conclut-il.
Force ouvrière entend aussi "solliciter l'ancien employeur", ainsi que la mairie de Paris "qui doit nous apporter une solution rapide par rapport à l'avenir professionnel de ces salariés".
Mme Betare est en effet convaincue que "c'est le flou juridique dans l'appel d'offres (passé par la mairie) qui nous amène à cette situation".
A l'audience, la mairie avait rappelé les obligations du nouveau gestionnaire en matière de reprise des salariés, l'appelant "à une attitude responsable", selon un porte-parole.
Cette situation met les employées "dans une grande précarité", la mairie trouvera "une solution" pour "qu'aucune salariée ne reste sur le carreau", avait-il promis.
Les six dossiers jugés mardi avait été examinés lors d'une première audience le 26 août, avant d'être renvoyés entre les mains d'un juge professionnel. La décision concernant les trois autres sera connue le 28 octobre.



Par Rosa SULLEIRO - © 2015 AFP
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