Actualités du monde

Nobel de littérature: une favorite bélarusse et des prétendants du monde entier

  • Publié le 8 octobre 2015 à 09:24

La Bélarusse Svetlana Alexievitch a les faveurs de la critique pour inscrire son nom au prestigieux palmarès du prix Nobel de littérature dont le lauréat 2015 est annoncé jeudi, mais elle pourrait voir la récompense lui passer sous le nez tant l'Académie suédoise qui la décerne aime surprendre.


Svetlana Alexievitch est la favorite des milieux littéraires et des sites de paris en ligne qui la placent devant deux "notables" des listes Nobel, les Américains Joyce Carol Oates et Philip Roth, ainsi que le Kenyan Ngugi wa Thiongo.
"Son oeuvre est à la frontière entre reportage et roman: un genre qui n'a pas été récompensé", explique à l'AFP Björn Wiman, rédacteur en chef des pages culturelles du quotidien Dagens Nyheter. Et il n'est pas le seul à imaginer l'écrivaine, dont l'oeuvre a été dernièrement rééditée en suédois, primée.
"Je veux que Svetlana Alexievitch gagne pour son journalisme visionnaire et plein d'espoir", a affirmé la journaliste Maria Lundström sur le compte Instagram de la radio publique suédoise SR.
Tout ce beau monde pourrait se tromper car "ce qui est certain, c'est que l'Académie suédoise aime surprendre", rappelle à l'AFP Gustav Källstrand, conservateur au musée Nobel.
En février, elle établit une liste de toutes les candidatures -- environ 220 cette année -- qui lui ont été soumises, avant de la réduire en mai à cinq noms, sur lesquels ses membres planchent pendant l'été avant de déterminer l'élu. Début octobre, arrive pour lui la consécration.
Des délibérations de l'Académie et de ses 18 membres, le public et les écrivains ignorent tout.
- La 14e femme -
"Il y a bien sûr des gens qui espèrent être sur la liste mais ils ne le savent jamais", s'amuse auprès de l'AFP le directeur administratif de l'Académie, Odd Zsiedrich.
"Ce sont seulement des individus qui reçoivent le prix (...). La nation, le sexe, la religion ne signifient rien. La géographie n'est pas notre domaine", martèle dans les colonnes du quotidien Svenska Dagbladet, un membre de l'Académie, Per Wästberg.
"Est-ce qu'un auteur peut obtenir le prix malgré ses positions politiques? Bien sûr. Est-ce qu'on peut l'avoir grâce à ces positions? Jamais", souligne-t-il.
Alors, qui pourrait succéder au Français Patrick Modiano, lauréat en 2014?
Cela pourrait-être une femme car la très paritaire Suède n'a accordé le prix qu'à 13 d'entre elles, sur 111 lauréats depuis 1901.
"Lors des dix dernières années, les statistiques, qui ne sont toujours pas réjouissantes, montrent une sensible amélioration (...) ce qui démontre qu'on est désormais conscient" du problème, et que le jury "s'efforce de faire des choix plus justes", souligne pour l'AFP Madelaine Levy, critique littéraire du Svenska Dagbladet.
La dernière femme, la Canadienne Alice Munroe, a été primée en 2013.
Outre Alexievitch, Oates et Roth, les sites de paris en ligne misent sur le Japonais Haruki Murakami, le Norvégien Jon Fosse et l'Irlandais John Banville.
Les milieux culturels suédois verraient bien le Roumain Mircea C?rt?rescu, l'Italien Umberto Eco, le Somalien Nuruddin Farah ou le Nigérian Ben Okri recevoir le prix.
"Je veux être surpris, volontiers aussi surpris que quand Dario Fo l'a eu" en 1997, confie le journaliste radio Gunnar Bolin, sur Instagram.
Réponse jeudi à 11h00 GMT.

Par Camille BAS-WOHLERT - © 2015 AFP
guest
0 Commentaires