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L'UE à l'offensive diplomatique pour affronter la crise migratoire

  • Publié le 15 octobre 2015 à 08:48

Les dirigeants des 28 pays membres de l'Union européenne finalisent jeudi à Bruxelles leur offensive diplomatique pour tarir les flux migratoires à la source, au-delà des frontières européennes, pressant tout particulièrement la Turquie réticente d'apporter sa contribution.


L'attentat-suicide meurtrier de samedi à Ankara (99 morts) a ralenti une négociation déjà difficile, mais la coopération de la Turquie est devenue urgente pour les chefs d'Etats et de gouvernement européens, réunis jeudi pour un nouveau sommet sur les migrants.
Ce pays limitrophe de la Syrie en guerre est "devenu la porte d'entrée pour des centaines de milliers de réfugiés vers l'Europe", rappelle le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. "L'UE a besoin de la Turquie et la Turquie a besoin de l'UE", selon son dauphin Frans Timmermans, justement en Turquie mercredi pour mener des tractations.
Un accord avec la Turquie, avec "des concessions" pour la convaincre, "n'a de sens que s'il réduit effectivement le flux de migrants", a souligné le président du Conseil européen, Donald Tusk, maître d'oeuvre du sommet de jeudi.
"La principale chose qu'on leur demande, c'est qu'ils continuent d'accueillir des réfugiés, avec notre aide", souligne un diplomate. Plus de deux millions de Syriens ont déjà trouvé refuge en territoire turc.

- Zone de sécurité -

Au rayon des "concessions", outre une aide financière proposée, les Européens ont voulu faire preuve de bonne volonté en acceptant de discuter de la "zone de sécurité" que le président Recep Tayyip Erdogan a appelée de ses voeux le long de sa frontière avec la Syrie.
"C'est un vrai dilemme, et l'intervention de la Russie et de l'Iran rend la situation encore plus difficile", tempère toutefois un haut responsable européen doutant de la faisabilité de ce "sanctuaire", que la Russie rejette formellement.
En guise de carotte, les Européens sont aussi prêts à discuter d'une "libéralisation" des visas pour les Turcs voyageant dans l'UE, même si le sujet suscite "des sueurs froides dans certains Etats membres", selon un diplomate.
La Turquie, où doit se rendre dimanche la chancelière allemande Angela Merkel, ne monopolisera toutefois pas les débats jeudi.
Les chefs d'Etats vont aussi exprimer "leurs inquiétudes au sujet des attaques russes contre l'opposition syrienne et les civils" en Syrie, où la situation dramatique est la source principale des vagues de réfugiés vers l'Europe, selon un projet de conclusions du sommet lu par l'AFP.
Même s'ils sont divisés sur le rôle que peut jouer le président syrien Bachar al-Assad dans une transition politique, les Européens vont réaffirmer leur consensus sur le fait qu'il ne "peut y avoir de paix durable en Syrie" sous le régime actuel.

- 'De la parole aux actes' -

Le sommet va également rappeler la coopération que l'UE veut instaurer avec les pays de la "Route des Balkans", empruntée par les réfugiés, et plus loin, avec l'Afrique.
"Il y a un consensus très fort autour du principe du +more for more+" (plus pour plus) à appliquer à la relation avec les pays africains, explique un diplomate européen. En clair: s'ils veulent plus d'aide, ces pays doivent davantage faciliter le retour sur leur sol de leurs ressortissants renvoyés par l'UE quand ils n'obtiennent pas le statut de réfugié.
Le sujet sera au coeur du Sommet de La Vallette, qui réunira l'UE et des pays africains à Malte les 11 et 12 novembre. A ce sujet, la Commission va sermonner jeudi les dirigeants des Etats membres qui n'ont pas encore apporté de contribution au nouveau fond d'urgence pour l'Afrique.
Ils n'ont pas encore tenu non plus leur promesse d'apporter au moins 500 millions d'euros pour les agences de l'ONU oeuvrant pour les réfugiés dans les pays voisins de la Syrie.
Ils "doivent passer des paroles aux actes", a lancé mercredi l'exécutif européen, exhortant les Etats membres à fournir à Frontex (l'agence européenne chargée des frontières extérieures) les moyens nécessaires pour accomplir sa mission.
Frontex, que la Commission souhaite faire évoluer vers un véritable "corps européen" de gardes-frontières, a demandé la mise à disposition de quelque 775 personnes. Les Etats membres, qui doivent réaffirmer jeudi leur volonté de renforcer l'agence, n'en ont promis pour l'heure qu'une cinquantaine.

- © 2015 AFP
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