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PS: "référendum" politiquement risqué sur l'unité de la gauche

  • Publié le 16 octobre 2015 à 08:32

Le Parti socialiste organise de vendredi à dimanche un "référendum" sur l'unité de la gauche aux régionales dont les résultats ne font guère de doute, mais dont les bénéfices politiques sont incertains, surtout si la participation n'est pas au rendez-vous.


Le vote débutera vendredi à 8H00 pour se clore dimanche à 20H00. Les électeurs devront répondre à une seule question: "Face à la droite et à l'extrême droite, souhaitez-vous l'unité de la gauche et des écologistes aux élections régionales ?"
Ils pourront voter sur internet (www.referendum-unite.com) ou dans quelque 2.500 points de vote répartis sur la majeure partie du territoire, en fournissant nom, prénom, adresse mail. La consultation sera ouverte à tous ceux qui se "retrouvent dans les valeurs de gauche", qu'ils soient ou non inscrits sur les listes électorales - des modalités qui rapprochent davantage ce scrutin d'une "votation citoyenne" que d'un référendum, convient une porte-parole du PS.
Objectif affiché de l'opération, organisée par le PS avec la myriade de partis écologistes qui soutiennent le gouvernement (Front démocrate, Génération écologie, Union des démocrates et écologistes, Ecologistes!): lutter contre la division de la gauche, alors qu'EELV est allié dans quatre régions sur treize avec un Parti de gauche en guerre contre le PS, au risque de laisser le FN l'emporter en PACA et Nord-Pas-de-Calais-Picardie.
La question posée ne précise pas, toutefois, s'il s'agit de faire l'union dès le premier tour des élections de décembre, ou au second, une option défendue par la secrétaire nationale d'EELV Emmanuelle Cosse.
Annoncée par surprise le 19 septembre par le Premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis, l'initiative a été saluée par le Premier ministre Manuel Valls, mais s'est immédiatement attirée les lazzi de la gauche de la gauche.
"On peut aussi faire un référendum pour savoir si on est pour la paix ou contre la guerre ! Oui je suis pour la paix contre la guerre, oui je suis pour le rassemblement (...) Je pense qu'il faut faire de la politique et dire très concrètement (...) ce qu'on fait", s'est agacée l'ancienne patronne des Verts Cécile Duflot.
L'initiative n'a pas non plus soulevé un enthousiasme délirant parmi les élus et militants PS. "Il y a plein de gens qui se demandent à quoi ça sert (...) Je ne vois pas trop le but. Il ne va pas y avoir grand monde", balaye le député de la Côte-d'Or Laurent Grandguillaume.

- Objectif revu à la baisse -

Jean-Christophe Cambadélis a d'ailleurs revu à la baisse lundi son objectif de participation, évoquant le chiffre de 200.000 votants après avoir déclaré qu'il serait "satisfait" s'ils étaient 300.000. Mercredi soir, treize fédérations départementales n'avaient toujours pas fait connaître la liste de leurs points de vote, selon la carte publiée sur le site de la consultation.
Dimanche soir, le PS devrait proclamer un score de maréchal. Mais pour quel bénéfice politique ? "C'est une manière de faire campagne, cela va créer une dynamique", veut croire un cadre du parti.
Il s'agit aussi de tenter de peser sur les appareils partisans. "Un électeur pas d'accord avec la ligne d'autonomie d'EELV ira plus facilement voter PS. Avec les cadres d'EELV ce sera plus facile de négocier", plaide ce responsable.
Mais beaucoup soupçonnent le premier secrétaire du PS de nourrir d'autres objectifs: affaiblir EELV, lui faire porter le poids d'une probable déroute aux régionales. "Quelle est l'utilité ? Rejeter la faute sur les autres ? mais comment faire l'union si on les a humiliés ? Si le but c'est de les affaiblir, il faut faire attention à ce que cela ne se retourne pas contre nous", met en garde un député européen de l'aile gauche du PS.
A l'encontre du but recherché, le "référendum" met plus que jamais en lumière les divisions de la gauche, ou même les attise. "Le chantage au rassemblement crée (...) de la division", a prévenu lundi Mme Cosse dans une lettre ouverte à M. Cambadélis.
Un responsable du PS préfère retenir que ce courrier mentionne clairement le rassemblement au second tour des forces de gauche. Preuve, selon lui, de l'utilité de la démarche.







Par Karyn NISHIMURA-POUPEE - © 2015 AFP
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