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Retraites complémentaires: réunion des partenaires sociaux, l'échec pas exclu

  • Publié le 16 octobre 2015 à 08:17

François Hollande les presse de prendre des "mesures courageuses" pour sauver les régimes de retraites complémentaires mais les partenaires sociaux, qui se retrouvent vendredi pour une sixième et peut-être ultime séance de négociation, n'ont jamais paru si loin d'un accord.


Huit mois après le lancement des discussions, syndicats (CGT, CFDT, CFTC, FO, CFE-CGC) et patronat (Medef, CGPME, UPA) se remettent autour de la table pour tenter de renflouer les caisses déficitaires des régimes de retraites complémentaires Agirc (cadres) et Arrco (tous les salariés du privé).
Pour l'heure, seule l'éventualité d'un échec fait consensus. "Il y a une probabilité pour que cela ne marche pas", a ainsi reconnu mardi le patron du Medef, Pierre Gattaz. "Un compromis semble difficile", avait déjà prévenu le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, sur la même ligne que son homologue de FO, Jean-Claude Mailly.
La CGT appelle à un rassemblement devant le siège du Medef pour empêcher la signature d'un "texte au rabais".
L'enjeu est de taille. Avec la crise économique, l'arrivée des papy boomers à la retraite et le chômage de masse, l'Agirc et l'Arrco ont vu leurs déficits cumulés se creuser à plus de 3 milliards d'euros en 2014.
Si rien n'est fait, leurs réserves, qui permettent de compenser ces pertes, seront épuisées d'ici à 2018 pour l'Agirc, à 2027 pour l'Arrco. Conséquence, les pensions complémentaires des cadres seraient amputées de 11% dès 2018.
Il faudra donc prendre des "mesures courageuses", a récemment insisté le président, François Hollande, s'en remettant à la "responsabilité" des partenaires sociaux.
Mais si le patronat a modéré ses projets depuis juin, son objectif reste le même: inciter les salariés à travailler plus longtemps, "seule solution", selon M. Gattaz, pour pérenniser l'Agirc-Arrco.

- pas de 'catastrophe immédiate' -

Il propose ainsi un système de bonus-malus pour tout départ avant ou après l'âge d'équilibre des régimes, âge permettant de maintenir ces régimes à l'équilibre, actuellement de 64,5 ans.
Concrètement, à partir de 2019, un salarié partant à la retraite à 62 ans subirait une décote de 25%, puis de 15% à 63 ans, avant de retrouver une pension à taux plein à 64 ans. A 65 ans, il profiterait au contraire d'une retraite bonifiée de 15%, puis de 25% à 66 ans.
C'est loin "du taux raisonnable" demandé par certaines organisations, dont la CFE-CGC, explique son représentant, Serge Lavagna, alors que seules FO et la CGT s'opposent au principe d'un abattement.
La CFTC plaide ainsi pour un taux de 5% la première année de départ à la retraite, puis de 4%. La CFDT lui préfère "une contribution de solidarité intergénérationnelle" de 4% assumée, pendant deux ans, par tous les nouveaux retraités.
Les syndicats exigent en outre que les entreprises, invitées par François Hollande "à prendre leur part", augmentent leurs cotisations. Une requête qui laisse M.Gattaz "très circonspect" en raison de "la pression fiscale énorme en France". Surtout, le Medef exige "en contrepartie un report de l'âge de départ à la retraite", regrette Eric Aubin (CGT).
Du coup, certains s'interrogent sur la volonté du patronat de parvenir à un accord, l'accusant de temporiser avant les élections de 2017 et une éventuelle réforme des retraites, ce qu'il dément. De leur côté, les syndicats refusent de servir de "poisson-pilote" au gouvernement et au régime général en actant des mesures douloureuses pour les complémentaires.
A défaut d'un plan à long terme, "un accord a minima" pourrait être signé autour des "mesures paramétriques" d'économies proposées jusqu'à l'horizon 2019, comme une sous-indexation des pensions par rapport à l'inflation, selon un syndicaliste.
Mais M.Gattaz "aimerait éviter ce genre de pseudo-échec". Pour Jean-Louis Malys (CFDT), "ce serait une très mauvaise nouvelle".
Et un coup dur pour le paritarisme, à quelques mois de la renégociation des règles de l'assurance chômage.
Seule bonne nouvelle: un échec pur et simple n'entraînerait pas de "catastrophe immédiate" pour les pensions, concède-t-on en coulisses.


Par Karyn NISHIMURA-POUPEE - © 2015 AFP
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