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Singapour: un pasteur coupable de fraude pour financer la carrière musicale de sa femme

  • Publié le 21 octobre 2015 à 13:47

La flamboyante femme du pasteur voulait devenir une star internationale de la pop: six dirigeants d'une riche Eglise évangélique ont été reconnus coupables mercredi à Singapour d'avoir siphonné 32 millions d'euros afin de financer sa carrière musicale.

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Ce procès qui a duré deux ans a passionné les habitants de la cité-Etat avec ses récits de dépenses somptuaires et de détournements financiers. Les accusés risquent de longues peines de prison.
Le pasteur Kong Hee et cinq de ses collaborateurs ont été reconnus coupables d'avoir pris 24 millions de dollars de Singapour dans les coffres de l'Eglise de la City Harvest Church (CHC, Eglise de la moisson) pour financer la carrière musicale de Sun Ho.
Ils ont également été reconnus coupables d'avoir fait main basse sur 26 autres millions de dollars singapouriens afin d'effacer les traces de leurs méfaits.
Les dirigeants de la CHC arguaient que la carrière musicale de Sun Ho --qui n'est pas, elle, poursuivie dans cette affaire-- revêtait en réalité un caractère missionnaire. Sa musique, ont-il fait valoir, pouvait servir à attirer les fidèles au-delà des frontières.
Las, la carrière de Sun Ho, 43 ans, n'a jamais décollé.
En 2007, dans une tentative pour faire la transition entre la pop chinoise et une audience plus internationale, Sun Ho avait tourné un clip vidéo avec le musicien de hip hop Wyclef Jean, ancien membre du groupe de R&B The Fugees.
- "Mr Bill" -

L'Eglise produisait des vidéos bling bling, comme le clip "Mr Bill" dans lequel une Sun Ho très légèrement vêtue joue le rôle d'une épouse qui menace de tuer son mari, joué lui par le top model afro-américain Tyson Beckford, le tout sur un air aux accents reggae.
Le pasteur Kong et un autre responsable évangélique ont été reconnus coupables d'abus de confiance, chef passible dans le code pénal de la perpétuité mais pour lequel ils encourent en réalité 20 ans de réclusion, selon le parquet.
Les quatre autres accusés, dont les comptables de l'Eglise, ont été reconnus coupables de falsification de documents comptables.
D'après l'accusation, les fonds étaient prélevés sur le budget alloué à la construction d'églises et placés dans des obligations bidon. Puis les comptes étaient falsifiés pour faire croire au rachat des titres.
"Les accusés ont choisi de se livrer à des opérations clandestines et de conspirer pour les couvrir", a relevé le juge See Kee Oon.
Ils ont été libérés sous contrôle judiciaire en attendant le rendu de la sentence, dont la date n'a pas encore été fixée.
Une centaine de personnes, pour la plupart des fidèles, s'étaient pressées dans la salle d'audience pour écouter l'énoncé du verdict.
Le pasteur Kong, qui avait fondé cette église avec son épouse en 1989, n'a fait aucun commentaire en quittant le tribunal.
La chanteuse, également présente, a elle remercié ses partisans sur Facebook.
"Le pasteur Kong et moi-même sommes émus par l'afflux considérable d'amour et de soutien que vous nous avez manifesté. Nous vous remercions pour vos prières", a-t-elle dit.
Le couple était jadis très en vue à Singapour. La congrégation s'était agrandie sous leur influence, avec 17.500 membres, selon un rapport officiel de 2014.
Mais lorsque les inculpations avaient été prononcées en 2013, ils étaient tombés en disgrâce.
Le tribunal a pu entendre comment l'Eglise avait financé la création de vidéos musicales, des opérations marketing et un train de vie luxueux.
Sun Ho avait déménagé à Los Angeles en 2009 pour tenter de percer dans les milieux musicaux à Hollywood mais le scandale avait réduit ses ambitions à néant.
Singapour, petit pays de 5,4 millions d'habitants, est à majorité bouddhiste et taoïste mais certaines églises chrétiennes ont amassé de vastes fortunes grâce à la richesse de la population.




Par Coralie FEBVRE - © 2015 AFP
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