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Sécurité: les conducteurs du RER A, en grève, dénoncent des négligences

  • Publié le 10 décembre 2015 à 18:20

Les conducteurs du RER A, ligne la plus fréquentée d'Europe, étaient massivement en grève jeudi pour dénoncer la négligence de leur hiérarchie lors de la découverte d'objets suspects, dont les signalements se multiplient depuis les attentats du 13 novembre.


Alors que le pays est soumis à l'état d'urgence, quatre syndicats (Unsa, CGT, SUD et FO) accusent l'encadrement de la RATP de ne pas respecter strictement les consignes de sécurité.
La grève, suivie par plus de 90% des conducteurs selon l'Unsa, a fortement perturbé le trafic sur la partie de la ligne exploitée par la RATP (branches Saint-Germain-en-Laye, Boissy-Saint-Léger et Marne-la-Vallée-Chessy). Conformément aux prévisions, un train sur deux circulait aux heures de pointe (du matin comme du soir) et un sur quatre en heures creuses.
Dans leur préavis commun de grève d'une journée - jusqu'à vendredi 06H30 -, les syndicats protestent contre des "consignes managériales inadaptées et dangereuses lors du traitement des objets abandonnés".
"Les directives pour protéger les zones dans lesquelles se trouve un colis suspect ne sont pas respectées", a notamment expliqué à l'AFP Jacques Eliez, secrétaire général de la CGT RATP.
Les signalements d'objets "déclarés suspects", en hausse depuis le début d'année, ont été multipliés par quatre depuis les attentats du 13 novembre, selon la RATP.
Mise en cause, la régie assure que lorsqu'un colis suspect est signalé à un membre du personnel, il "prévient la permanence générale qui demande l'intervention des services de police". "Quand la police déclare un colis suspect, la RATP applique strictement ses consignes", explique l'entreprise.
"Normalement, en attendant la police, il faut interdire l'approche de la zone où a été découvert l'objet suspect et empêcher toute manipulation" mais "on a plusieurs exemples où des responsables de ligne prennent la valise et repartent avec, ou bien l'ouvrent", affirme Laurent Gallois (Unsa).
"Il n'est pas normal qu'on doive faire grève sur ce sujet de la sécurité, nous avions lancé une alerte sociale et la RATP aurait dû tout faire pour rassurer les usagers et agents en revenant à un traitement professionnel des objets abandonnés", dit le délégué.
- 'Je ne m'énerve pas' -
Plus de 90% des conducteurs étaient selon lui en grève jeudi et les cadres ont été appelés pour conduire les trains. Interrogée, la RATP n'a pas fourni d'estimation.
Malgré les perturbations, sur les quais, l'ambiance est restée apaisée, sans bousculade particulière, ont constaté plusieurs journalistes de l'AFP. "Tout se passe bien. Pourvu que ça dure", constate à la station Auber Jérôme Gabez, agent RATP.
Idem à Châtelet, malgré une forte affluence: "J'arriverai quand j'arriverai, je ne m'énerve pas", confiait dans la matinée un brin fataliste Stéphanie Constantin, enseignante en route pour préparer des sujets d'examen.
L'interconnexion avec la partie SNCF de la ligne (Poissy et Cergy-Le-Haut jusqu'à Nanterre-Préfecture), non concernée par le préavis, a été maintenue mais avec moins de trains que d'ordinaire, a précisé un porte-parole de la régie.
Pour pallier le manque de trains, la RATP, qui a renforcé dès l'aube les lignes 1 et 14 de métro, devait le faire "progressivement pour les lignes 2, 6 et 9" certaines lignes de bus régulières, a ajouté le porte-parole.
Pour cause justement de colis suspect au métro Bourse, la ligne 3 a, elle, été interrompue pendant une heure en début de matinée, entraînant un goulet d'étranglement au métro République.
Les syndicats font état d'une même préoccupation sur les lignes de métro. Récemment, selon M. Gallois (Unsa), "un chauffeur de métro n'avait pas été prévenu de l'intervention de la police pour un colis suspect et a débarqué tous les passagers sur le quai" alors qu'il aurait dû aller directement à la station suivante.
"On a l'impression que parfois la RATP fait passer avant les bonus et malus de régularité des trains, au détriment de la sécurité des agents et des salariés", estime le délégué syndical.

Par Edouard GUIHAIRE - © 2015 AFP
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