De Syrie, les jihadistes français adressent leurs mots de haine de la France

"Empoisonnez-les, tuez-les avec des couteaux"

  • Publié le 31 décembre 2015 à 09:30

Les attentats du 13 novembre, comme ceux de janvier, ont nourri la propagande du groupe Etat islamique (EI), avec une multiplication de vidéos de jihadistes francophones qui, depuis la Syrie, laissent libre cours à leur haine pour la France, "tête des croisés".

Selon les derniers chiffres, plus de mille personnes ont rejoint de France la Syrie et l'Irak, dont environ 600 y sont toujours. Quelque 500 Belges ont été identifiés, dont 270 encore sur place. Ces combattants francophones sont régulièrement mis à contribution pour menacer la Belgique et la France, "ennemi N. 1" de l'EI, comme la décrit un jihadiste dans une de ces vidéos diffusées notamment via les réseaux sociaux.

Pour le spécialiste du terrorisme Alain Rodier, du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), les griefs entretenus par les jihadistes envers la France sont nombreux, en commençant par l'image de "la France, fille aînée de l'Eglise, d'où sont parties les croisades au Moyen-Age". "A cela vient s'ajouter la conviction absolue qu'ils ont que les musulmans sont maltraités en France, avec les lois sur le voile à l'école et la laïcité", ainsi que "les campagnes de bombardements en Syrie et en Irak": "la France devient l'ennemi absolu, abominable, avant même les Américains", notamment pour l'EI, dit-il à l'AFP.

Dans un message lu et diffusé le 14 novembre, le Toulousain Fabien Clain prévient "la France et ceux qui suivent sa voie (...) qu'ils restent les principales cibles de l'État islamique et qu'ils continueront à sentir l'odeur de la mort", notamment pour avoir frappé la Syrie "avec leurs avions qui ne leur ont profité en rien dans les rues malodorantes de Paris".

Le ton est donné pour les vidéos qui suivent. Les premières, le 16 novembre, "Combattez tous les associateurs" ou "Joie des musulmans de l'attaque de Paris", sont en arabe, avec notamment un discours d'Abou Mohamed Al Adnani, porte-parole du groupe jihadiste.

Mais apparaissent très vite des films en français ou bilingues. Le 17, "Combattez-les, Allah par vos mains les châtiera" s'ouvre sur un jihadiste francophone qui félicite les tueurs de Paris "venus pour venger les musulmans". "Dieu nous a accordé une bonne victoire", renchérit un autre, "Abou Omar al-Faransi" (le Français), dont les enquêteurs pensent qu'il s'agit d'un converti, Christophe Ouerad. "C'est un honneur pour la communauté de savoir qu'il y a encore des lions qui sont aux aguets et qu'ils arrivent à pénétrer les frontières de ces diables, pour les humilier", poursuit le jihadiste filmé en train de prier. Un autre conclut: "On continuera à frapper chez vous, dans le coeur de votre capitale".

"Par leurs vidéos de propagande", les organisations jihadistes "veulent que des personnes se reconnaissent dans les actions comme les attentats de Paris, qu'elles les reproduisent", expliquait il y a quelques mois à l'AFP une source policière française. "J'encourage tous les frères français et tous les frères dans le monde de faire la même chose, de se préparer, de les combattre comme ils nous combattent", exhorte ainsi un homme encagoulé dans "Paris s'est effondré", mise en ligne le 20 novembre.

"Empoisonnez-les, tuez-les avec des couteaux, prenez leurs armes, rentrez dans leurs maisons, égorgez-les, terrorisez-les!", demande dans "Faites exploser la France", diffusée le 21, un homme que les services spécialisés pensent avoir identifié comme un Français de 23 ans. "Oui, nous sommes des terroristes!", revendique-t-il. "Vous êtes la cible N.1, vous la France, vous la tête des croisés!", "Nous avons des frères prêts à exploser la France dans les quatre coins de France!"...

Dans "La France à genoux", "Abou Tayssir al Faransi" prévient ses compatriotes: "Pour vous, vivre en paix sera un rêve et un luxe".

Face à cet activisme sur internet, lieu de radicalisation de nombreux jeunes, le gouvernement français a lancé sa propre campagne avec le site stop-djihadisme.gouv.fr, pour diffuser un contre-discours.

AFP

guest
0 Commentaires