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Fifa: informés des motivations de leurs sanctions, Blatter et Platini peuvent faire appel

  • Publié le 9 janvier 2016 à 13:51

Le parcours judiciaire continue pour Joseph Blatter et Michel Platini, du moins au niveau de la justice interne de la Fifa: ils peuvent désormais faire appel après avoir été informés des motivations de leur suspension de huit ans de toute activité dans le football.


En annonçant sa décision de suspendre le président de la Fifa et le président de l'UEFA, le 21 décembre, la chambre de jugement de l'instance dirigeante du ballon rond avait seulement précisé avoir retenu les charges d'"abus de confiance", de "conflit d'intérêt" et de "gestion déloyale", et avoir écarté celle de corruption, mais sans motiver leur sanction.
Samedi, ces motivations ont donc été notifiées aux intéressés, sans que la Fifa n'en donne cependant publiquement le détail. Contactés par l'AFP, les entourages de MM. Blatter et Platini n'avaient pas encore réagi à cette information en milieu de matinée samedi.
En décembre, les juges de la Fifa avait pris leur décision en raison notamment d'un paiement controversé de 1,8 million d'euros effectué en 2011 par la Fifa à Michel Platini. Selon le Suisse et le Français, ce versement constituait le solde de la rémunération d'un travail de conseiller réalisé par Platini auprès du président de la Fifa entre 1999 et 2002, sur la base d'un contrat oral.
- Platini 'dilettante' avec l'argent -
"A notre époque, avoir un accord oral, c'est totalement irresponsable", a commenté récemment le prince jordanien Ali, un des cinq candidats encore en lice pour la présidence de la Fifa. "Avec mon argent, je suis plutôt dilettante", avait déjà reconnu l'ex-triple Ballon d'Or.
Fin septembre la justice pénale suisse s'était déjà saisie de ce versement entre les deux hommes, le ministère public suisse allant jusqu'à parler de "paiement déloyal" pour des "travaux prétendument effectués entre janvier 1999 et juin 2002" par le patron de l'UEFA.
Michel Platini avait alors été entendu comme témoin assisté, soit un statut intermédiaire entre celui de simple témoin et celui de mis en examen. Et une procédure pénale avait été formellement ouverte contre M. Blatter, pour "soupçon de gestion déloyale" et "abus de confiance", au sujet de ce paiement mais aussi suite à un "contrat défavorable à la Fifa" signé en 2005 avec Jack Warner, le président de l'Union caribéenne de football, sur les droits de retransmission télévisés locaux des Mondiaux 2010 et 2014.
Dans son communiqué de samedi, la chambre de jugement précise que MM. Blatter et Platini peuvent maintenant faire appel de cette sanction auprès de la commission des recours. Si cet appel est rejeté, le président de la Fifa et le patron de l'UEFA pourront ensuite se tourner vers le tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne, en Suisse, l'instance suprême de la justice sportive.
- Cinq candidats à la Fifa -
Quel que soit le verdict final de la Fifa et éventuellement du TAS, Michel Platini ne sera pas le prochain patron de la Fifa, dont l'élection aura lieu le 26 février, l'ancien meneur de jeu des Bleus ayant décidé de jeter l'éponge jeudi, et de retirer sa candidature.
Dans un entretien à L'Equipe, l'ancien N.10 de la Juventus de Turin avait précisé avoir "fait le choix" de se consacrer à sa défense, dans un dossier où, selon lui, il n'y aurait "plus de corruption, de falsification, (...) plus rien".
Lorsqu'il s'était déclaré le 29 juillet, l'ancien meneur des Bleus faisait figure d'ultra-favori pour succéder à Blatter, démissionnaire depuis le 2 juin, quatre jours après sa réélection à un cinquième mandat. Aujourd'hui, il n'y a plus que cinq candidats encore en lice: l'ancien membre de la Fifa Jérôme Champagne, le secrétaire général de l'UEFA Gianni Infantino, l'homme d'affaires sud-africain Tokyo Sexwale, le prince jordanien Ali et le président de la Confédération asiatique, Cheick Salman Bin Ebrahim Al Khalifa.
Si d'ici juin sa suspension était annulée en appel à la Fifa, ou par le TAS, Platini pourrait par contre retrouver son poste à la tête de l'UEFA, avant l'Euro-2016 en France.
Quant à Blatter, son rêve affiché reste de présider le congrès qui verra l'élection de son successeur, le 26 février à Zurich. Si il reste suspendu, c'est le président par intérim de la Fifa, le Camerounais Issa Hayatou, qui sera dans son fauteuil.

Par Shaun TANDON - © 2016 AFP
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