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Brexit: Donald Tusk entame une tournée éclair dans des capitales européennes

  • Publié le 15 février 2016 à 12:40

Les négociations pour finaliser un accord de l'UE avec Londres censé arrimer le Royaume-Uni à l'Europe entrent dans la dernière ligne droite, avec une tournée éclair du président du Conseil européen dans plusieurs capitales à la veille d'un sommet des 28 à Bruxelles.


Donald Tusk prend son bâton de pèlerin lundi et mardi afin de convaincre les Etats membres les plus réticents, et boucler le projet d'accord qu'il soumettra aux chefs d'Etat et de gouvernement en fin de semaine.
Si chacun des camps a intérêt à "dramatiser" les enjeux pour montrer qu'il a su arracher des concessions à l'autre --en particulier le Premier ministre britannique confronté à un puissant courant eurosceptique--, il paraît peu probable qu'ils ne parviennent pas à un compromis.
Un échec affaiblirait encore l'Union européenne au moment où elle va de crise "existentielle" en "polycrise non maîtrisée", selon les mots de Jean-Claude Juncker, président de la Commission.
David Cameron, qui a promis d'organiser prochainement un référendum sur le maintien ou non de son pays au sein de l'Union, sans doute en juin, a réaffirmé, vendredi en Allemagne, croire aux chances d'un accord.
"En ce qui concerne la place de la Grande-Bretagne dans l'Europe, j'ai toujours été confiant dans le fait qu'ensemble nous pouvons obtenir les réformes qui répondent aux attentes britanniques et fonctionnent aussi pour l'Europe entière", a plaidé M. Cameron devant la chancelière Angela Merkel.
Cette dernière, à l'instar de Washington, souhaite que le Royaume-Uni reste "un membre actif d'une Union européenne qui réussit".
De fait, un optimisme prudent est de mise à Bruxelles depuis que Donald Tusk a présenté le 2 février un pré-accord pour répondre aux revendications britanniques et éviter un "Brexit", la sortie de la Grande-Bretagne de l'UE.
M. Tusk a néanmoins qualifié de "très fragile" le processus en cours, d'où sa tournée à Paris et Bucarest lundi, puis Athènes, Prague et Berlin mardi, "afin d'obtenir un soutien politique large" à sa proposition finale.
Si des "clarifications techniques et juridiques" ont été apportées par les négociateurs européens, "des problèmes politiques restent en suspens", a précisé une source européenne à l'AFP.
le ministre britannique des Affaires étrangères, Philip Hammond, a confirmé dimanche que les négociations se poursuivraient jusqu'à la dernière minute, certaines décisions "ne pouvant être prises que par les chefs d'Etat et de gouvernement assis ensemble dans une pièce".
- 'Le diable est dans les détails' -
"Nos partenaires européens comprennent que nous avons besoin d'un accord solide", a dit M. Hammond, affirmant que "des progrès" étaient encore à faire et qu'"il n'y avait pas encore d'accord".
"Le diable est dans les détails", selon un diplomate européen.
Pas question, martèle la France, de modifier les traités européens pour accommoder les exigences des Britanniques ni d'entraver le renforcement de la zone euro, dont ils ne sont pas membres, pour protéger les intérêts de la City de Londres, première place financière d'Europe.
François Hollande a d'ores et déjà prévenu qu'il ne serait "pas acceptable de revoir ce qui fonde les engagements européens".
Autre pomme de discorde: la demande du dirigeant conservateur britannique de limiter les prestations sociales pour les ressortissants d'autres pays de l'UE. Une mesure qui vise d'abord le "plombier polonais", ces travailleurs d'Europe centrale et de l'Est employés en Grande-Bretagne.
M. Tusk propose un "mécanisme de sauvegarde" --en clair un "frein d'urgence"-- autorisant Londres à restreindre jusqu'à quatre ans les aides sociales aux migrants intra-européens.
Mais, outre qu'elle inquiète les quatre pays du "groupe de Visegrad" (Pologne, Hongrie, République tchèque et Slovaquie) et la Roumanie, cette clause ne risque-t-elle pas d'inciter les autres Etats membres à multiplier les exemptions similaires, allant à l'encontre du principe "fondamental" de la libre circulation des personnes?
Autre concession de M. Tusk, quant à la souveraineté, il a mis sur la table un "système de carton rouge" qui permettrait, sur décision de plus de la moitié (55%) des parlements nationaux de l'UE, de stopper des projets législatifs de l'exécutif européen.
Reste qu'au delà d'un éventuel accord à Bruxelles, tout dépendra in fine de la campagne référendaire britannique, en pleine montée des populismes en Europe. D'après les sondages, les Britanniques restent très partagés.
David Cameron "a lancé un processus qui le dépasse", observe une source diplomatique européenne pour qui "solution ou pas, la vraie question (du référendum britannique) sera contre l'Europe".

Par Anthony LUCAS - © 2016 AFP
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