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Le journaliste palestinien détenu par Israël met fin à sa grève de la faim

  • Publié le 26 février 2016 à 17:37

Le journaliste palestinien Mohammed al-Qiq, qui était en grève de la faim depuis 94 jours pour protester contre sa détention sans procès en Israël, a accepté vendredi de s'alimenter au terme d'un accord avec l'Etat hébreu, selon ses proches.


Il s'agit de l'épilogue d'un long bras de fer judiciaire qui a plongé le journaliste dans un état de santé "critique", selon son épouse Fayha Chalach.
"Un accord a été trouvé pour que son placement en détention administrative prenne fin le 21 mai et qu'il ne soit pas renouvelé", a annoncé le Club des prisonniers palestinien, qui défendait M. Qiq. "Il arrête aujourd'hui sa grève de la faim", a indiqué le Club, mais "restera dans l'hôpital d'Afoula", dans le nord d'Israël, "pour y subir les soins nécessaires" jusqu'au 21 mai.
M. Qiq avait été arrêté en novembre à son domicile à Ramallah, en Cisjordanie occupée. La sécurité intérieure israélienne a dit l'accuser d'être un membre actif de l'organisation islamiste Hamas, considérée comme "terroriste" par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne.
Le reporter de 33 ans de la chaîne de télévision saoudienne al-Majd, condamné en 2008 à 16 mois de prison pour appartenance à un organisme affilié au Hamas, dit, lui, ne se livrer qu'au journalisme.
- 'Sa volonté l'a emporté' -
Dans son village natal de Doura, dans le sud de la Cisjordanie, son épouse s'est félicitée, devant une foule de Palestiniens, que "la volonté du journaliste Mohammed al-Qiq l'a emporté" face au régime de la détention administrative israélienne.
Cette mesure extrajudiciaire permet à Israël de détenir des suspects sans procès ni inculpation pour six mois renouvelables indéfiniment.
En vertu de cette disposition, M. Qiq et ses avocats n'avaient pas accès aux faits qui lui étaient reprochés.
Sous quelques heures, a expliqué l'épouse du journaliste, sa famille devrait pouvoir le visiter à l'hôpital, où les premières injections de minéraux doivent lui être administrées.
Officiellement, la justice israélienne avait gelé l'ordre de détention administrative de M. Qiq mais ne l'autorisait pas à quitter l'hôpital sans autorisation. De nombreuses discussions avaient eu lieu entre ses défenseurs et la justice afin que le journaliste soit transféré dans un hôpital palestinien car sa famille, originaire de Cisjordanie occupée, n'était pas autorisée à le visiter à Afoula, dans le nord d'Israël. Il y restera finalement en vertu de l'accord de vendredi.
La mobilisation autour de Mohammed al-Qiq était devenu un nouveau casse-tête pour Israël qui avait déjà dû se pencher ces derniers mois sur les cas de deux autres détenus administratifs palestiniens qui usait de l'arme de la faim pour défendre leur cause.
Mohammed Allan, présenté par le mouvement Jihad islamique comme l'un des siens, avait observé une grève de la faim d'environ 60 jours l'été dernier, défiant les autorités, prises entre le souci de ne pas céder aux pressions des prisonniers et le risque d'un accès de violences palestiniennes s'il mourait.
L'affaire avait encore été compliquée par l'adoption d'une loi votée en juillet 2015 précisément pour faire face à de telles situations et permettant de nourrir de force un prisonnier. Seulement une telle pratique se heurte aux vives résistances des médecins, pourtant indispensables a priori pour la mettre en oeuvre.
- Plus faible mobilisation -
Ayant frôlé la mort, Mohammed Allan avait finalement été libéré en novembre 2015.
Avant lui, Khader Adnane, lui aussi présenté comme un militant du Jihad islamique, avait observé une grève de la faim d'une soixantaine de jours, et fini par être libéré en juin 2015, également à l'issue d'un accord.
Pour les deux hommes, la mobilisation de la rue et des mouvements palestiniens avait été plus importante. En 94 jours, la grève de la faim de M. Qiq a, elle, semblé s'essouffler, alors que l'Union européenne, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et les organisations de défense des droits de l'Homme s'alarmaient régulièrement de l'état de santé du journaliste, auquel les médecins ont à deux reprises administré des compléments alimentaires contre son gré.
Selon le Club des prisonniers palestinien, outre M. Qiq, 17 autres journalistes ou étudiants en journalisme sont détenus par Israël, dont l'un depuis plus de 20 ans.

Par Célia LEBUR - © 2016 AFP
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