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Attentats de Bruxelles: la traque se poursuit en Belgique

  • Publié le 24 mars 2016 à 15:05

La Belgique traquait jeudi deux suspects dans les attentats de Bruxelles, dont les trois auteurs jusqu'ici identifiés sont tous liés aux attaques de novembre à Paris, un lien qui jette une lumière crue sur les défaillances de la sécurité en Belgique et plus globalement de la lutte antiterroriste en Europe.


Selon l'enquête, les trois kamikazes identifiés sur les sites des attentats -l'aéroport international de Bruxelles et la station de métro Maelbeek - ont apporté au moins un soutien logistique pour l'organisation des attentats de novembre (130 morts) ou la fuite du seul survivant des commandos de Paris, Salah Abdeslam, capturé vendredi dans sa commune bruxelloise de Molenbeek après quatre mois de cavale.
Le Français de 26 ans, incarcéré depuis à Bruges, "souhaite partir en France le plus vite possible", a dit jeudi son avocat Sven Mary, affirmant qu'Anbdeslam n'était "pas au courant" des attentats de mardi.
L'émotion reste vive dans la capitale belge alors que l'identification des 31 morts, selon un bilan toujours provisoire, s'avère très difficile, seuls quatre d'entre eux ayant pu être nommés.
Transformée en mémorial, la place de la Bourse était envahie de témoignages de solidarité: messages à la craie, drapeaux, bougies, fleurs...
"Ik Ben Brussel, je suis Bruxelles", proclame une grande banderole déployée par terre, à côté de centaines de bougies, de fleurs, de mots de soutien, de petites répliques du Manneken-Pis, de bouteilles de bières belges... Des drapeaux brésilien, français, algérien ont rejoint le drapeau belge sur le parvis de la Bourse.
Sur un rond-point, des dizaines de bougies ont été disposées en forme de coeur. "I still love my airport job", clame une pancarte frappée de nombreux noms entourant un coeur rouge, le logo de l'aéroport.
- L'angoisse de l'incertitude -
Faute d'identification des victimes, de nombreux proches vivent depuis trois jours dans l'angoisse de l'incertitude.
Les restes humains retrouvés à l'aéroport de Zaventem ont été envoyés à l'hôpital Saint-Luc de l'Université de Louvain tandis que ceux de la station de métro Maelbeek étaient rassemblés à l'hôpital militaire de Neder-Over-Heembeek au nord de Bruxelles. Une page Facebook intitulée "Recherche Bruxelles" a été ouverte pour partager des informations sur les personnes portées disparues.
Les attentats coordonnés à l'aéroport et dans le métro de Bruxelles de mardi matin ont fait 31 morts et 300 blessés, selon le dernier bilan fourni mercredi soir par le ministère de la Santé.
Sur les 300 blessés, 150 étaient toujours hospitalisés, dont 61 en soins intensifs. Quatre des personnes hospitalisées, dans le coma, n'avaient pas encore été identifiées, selon la porte-parole de ce ministère, Maggie De Block, citée par l'agence Belga.
Le gouvernement fédéral belge a appelé à une nouvelle minute de silence en hommage aux victimes dans toute la Belgique à 14H30 (13H30 GMT) au troisième jour de deuil national. Le Parlement fédéral a prévu, lui, un hommage à 14H00 (13H00 GMT) à Bruxelles, en présence du roi des Belges Philippe.
Mais au delà des hommages, de l'angoisse et des larmes, les questions et les critiques parfois virulentes se sont multipliées ces derniers jours, face à l'incapacité manifeste des Belges, et au delà des Européens, à se protéger.
- Signalés pour terrorisme -
Les trois kamikazes, Ibrahim et Khalid El Barkaoui ainsi que Najim Laachraoui, étaient largement connus voire recherchés.
Khalid, 27 ans, qui s'est fait exploser dans la rame de métro de Maelbeek, était fiché pour "terrorisme" par interpol, selon une fiche consultée par l'AFP.
Son frère Ibrahim, 29 ans, qui s'est fait sauter à l'aéroport, avait été signalé comme "terroriste" et expulsé par Ankara, a affirmé mercredi le président turc Recep Tayyip Erdogan. Il avait été arrêté en juin 2015 à Gaziantep, tout près de la frontière syrienne.
Le ministre belge de la Justice Koen Geens s'est inscrit en faux contre la version turque. "A ce moment, il n'était pas connu chez nous pour terrorisme", a-t-il affirmé à la télévision belge néerlandophone VRT.
Mardi, la police belge avait retrouvé un "testament" rédigé par Ibrahim, sur un ordinateur abandonné dans une poubelle dans la commune bruxelloise de Schaerbeek, où les assaillants ont notamment fabriqué leurs bombes et d'où ils sont partis en taxi vers l'aéroport avec des sacs noirs bourrés d'explosifs.
Ibrahim El Bakraoui y écrit "être dans la précipitation, ne plus savoir quoi faire" car il est "recherché de partout".
Quant au troisième kamikaze, Najim Laachraoui, dont des restes ont été identifiés à l'aéroport, il était recherché depuis que son ADN avait été trouvé dans plusieurs habitations louées par les commandos des attentats de Paris, ainsi que sur du matériel explosif utilisé lors de ces attaques, également revendiquées par l'EI.
Le quatrième homme - qui figure avec Ibrahim El Bakraoui et Laarchaoui sur une photo de vidéo-surveillance en train de pousser des bagages à l'aéroport - est en fuite et activement recherché. Il n'a pas été identifié par les enquêteurs.
Un deuxième suspect est recherché, en lien avec l'attentat du métro, ont indiqué jeudi des sources policières.
- Critiques américaines -
Depuis mardi, plusieurs responsables politiques français ont mis en cause les services de sécurité belges. Le ministre français des Finances Michel Sapin a ainsi évoqué une "forme de naïveté" belge face à la radicalisation islamiste et au communautarisme dans certains quartiers.
Mais au-delà de la Belgique, c'est l'ensemble de l'Europe qui fait figure d'accusée. La principale charge est venue mercredi de l'ex-secrétaire d'Etat américaine et candidate à la Maison Blanche Hillary Clinton qui a vivement critiqué les pays de l'UE pour la désorganisation et les retards de leur réponse aux menaces jihadistes.
"Aujourd'hui, de nombreux pays européens ne s'alertent pas entre eux quand ils arrêtent un suspect jihadiste à leur frontière, ou quand un passeport est volé", a-t-elle notamment déploré.
La présidence néerlandaise de l'UE a convoqué pour jeudi 16h00 (15h00 GMT) à Bruxelles une réunion extraordinaire des ministres de l'Intérieur et de la Justice des pays de l'Union sur les attentats et leurs suites. Des représentants d'institutions de l'UE y participeront également.

Par Pauline DE DEUS - © 2016 AFP
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