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Syrie: Assad pour un gouvernement de transition rassemblant ses fidèles et l'opposition

  • Publié le 30 mars 2016 à 18:53

Le président syrien Bachar al-Assad a appelé de ses voeux mercredi un gouvernement de transition rassemblant ses fidèles mais aussi l'opposition, pendant qu'à Genève l'ONU demandait aux pays développés de faire preuve de davantage de solidarité pour accueillir les réfugiés.


Interviewé par l'agence de presse russe Ria Novosti, Bachar al-Assad a estimé "logique que des forces indépendantes et de l'opposition" participent à un tel gouvernement, se disant même confiant dans le fait que les négociations de Genève permettent de "régler" la question de la distribution des portefeuilles ministériels.
Cette annonce intervient alors que le président syrien fait face à une pression internationale pour inclure des représentants de l'opposition dans "l'organe de transition" qui, selon la feuille de route fixée par l'ONU, doit être élaboré lors des pourparlers de paix de Genève entre le régime et l'opposition.
Le rôle de cet organe de transition -- un gouvernement élargi selon le régime, un organe ayant les pleins pouvoirs dans lequel le président Bachar al-Assad n'aurait aucun rôle selon l'opposition -- constitue l'un des principaux points de blocage.
Le président syrien a également estimé qu'un "projet de Constitution", réclamée elle aussi dans la feuille de route de l'ONU, pourrait être prêt en quelques semaines. Moscou et Washington espèrent eux un brouillon de projet d'ici août.
Bachar al-Assad a en outre estimé les dommages causés par cinq ans de conflit à "plus de 200 milliards de dollars" et annoncé que les entreprises des principaux alliés de la Syrie -- la Russie, l'Iran et la Chine -- seraient les premières naturellement invitées à participer à la reconstruction du pays.
- 'Hausse de la solidarité' -
Tandis que le premier round des pourparlers indirects entre représentants de Damas et de l'opposition s'est achevé à Genève, le Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a pour sa part appelé mercredi à "une hausse exponentielle de la solidarité mondiale".
M. Ban a indiqué qu'au moins 480.000 Syriens, soit 10% du total des réfugiés et déplacés qui ont fui le conflit, avaient besoin de trouver un pays tiers au cours des trois prochaines années.
"Les voisins de la Syrie ont fait preuve d'une hospitalité exceptionnelle", a-t-il souligné. Le Liban, a-t-il rappelé, a accueilli plus d'un million de Syriens, la Turquie plus de 2,7 millions et la Jordanie plus de 600.000.
En comparaison, rappelle un rapport publié mardi par l'ONG britannique Oxfam, les pays riches n'ont réinstallé que 67.100 réfugiés syriens, soit 1,39% du total.
Le Haut commissaire aux réfugiés de l'ONU, Filippo Grandi, a pour sa part souligné que les conditions de vie dans les pays voisins de la Syrie étaient "de plus en plus difficiles". Il a indiqué que 90% des réfugiés syriens vivaient sous le seuil de pauvreté et qu'au moins 10% d'entre eux étaient considérés comme "extrêmement vulnérables".
Dans une allusion à l'accord conclu entre l'Union Européenne et la Turquie sur le renvoi de nouveaux migrants qui arriveraient en Grèce, il a jugé impossible "de répondre à une crise de réfugiés globale (...) en fermant des portes et en dressant des barrières".
Sur ce point, M. Ban a exprimé une opinion plus nuancée, déclarant "apprécier réellement" cet accord qu'il a qualifié de "bon début".
- Offensive militaire -
Sur le terrain, les troupes du régime de Damas poursuivaient leur offensive contre le groupe État islamique dans le centre de la Syrie après la reconquête de la ville de Palmyre désertée par ses habitants.
De violents combats se déroulaient mercredi aux environs d'Al-Qaryatayn, une localité à majorité sunnite située à 120 km à l'ouest de Palmyre tenue par l'EI. L'armée cherche à s'en emparer afin de sécuriser Palmyre et empêcher les jihadistes de l?attaquer de nouveau.
L'aviation syrienne menait également des frappes sur Sokhné (à l?est de Palmyre) où se sont retranchés des jihadistes. Si le régime s'emparait de cette ville, il serait aux portes de la province pétrolière de Deir Ezzor (est), contrôlée en grande partie par l'EI.

Par Mary SIBIERSKI - © 2016 AFP
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