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Loi travail: des lycées bloqués ou fermés, premiers défilés des jeunes

  • Publié le 31 mars 2016 à 14:44

Poubelles et barrières amoncelées devant les entrées de lycées et d'universités, banderoles brandies et premiers rassemblements: comme presque tous les jeudis depuis un mois, lycéens et étudiants se mobilisaient contre la loi travail.


A Paris, quelques centaines de jeunes ont commencé à se rassembler place de la Nation en fin de matinée, sous une pluie froide, surveillés par des CRS. Fumigènes, pétards, certains manifestants avaient le visage recouvert et les commerçants fermaient les rideaux à l'approche du cortège, selon un journaliste de l'AFP.
Toujours dans la capitale, les proviseurs de 18 lycées ont pris la décision --rare-- de fermer leur établissement "par mesure de sécurité", après les incidents des deux jeudis précédents, a indiqué à l'AFP Myriam Honnorat, du syndicat des chefs d'établissement, le SNPDEN.
Le code de l'éducation demande aux responsables "d'assurer la sécurité des biens et des personnes", a-t-elle rappelé. "Dès l'instant que nos collègues pensent qu'il y a un risque de violence, il faut fermer. Ce n'est pas la peine d'être confronté à un scénario qu'on connait par coeur puisqu'il se produit à chaque fois", a précisé Philippe Tournier, le secrétaire général du SNPDEN.
A Brest, Nantes, Caen, Toulouse, Besançon, Lyon, Grenoble etc. et dans la capitale, nombre d'établissements étaient bloqués par des poubelles entassées ou des barrières métalliques. Une tactique adoptée depuis une dizaine d'années, selon le SNPDEN.
Devant le lycée Bergson à Paris, dont un élève avait été violemment frappé par un policier la semaine dernière, une professeure de mathématiques, Joëlle Blum, accrochait en début de matinée une banderole qui proclamait "La violence policière détruit, le lycée Bergson construit".
Un policier a été placé en garde à vue jeudi matin, dans le cadre de cette enquête.
A Louis-le-Grand, une trentaine de lycéens, capuches sur la tête et parapluie à la main, pluie oblige, hurlaient leur "solidarité avec les salariés". "Vas-y, sors, espèce de koulak", terme synonyme d'exploiteur sous le régime soviétique, lance un élève en souriant depuis le trottoir à son copain de l'autre côté de la grille.
- "Museler l'expression lycéenne" -
"On n'est pas fatigués, on a juste froid aux pieds", scandaient une trentaine de lycéens devant un autre lycée parisien, Georges-Brassens (XIXe arrondissement), sous une banderole "1916: chair à canon. 2016: chair à patron".
Plusieurs facultés, notamment de lettres, étaient également fermées ou bloquées, en province et à Paris. A Grenoble, la présidente de l'université Grenoble-Alpes a décidé de "suspendre les cours", "à titre exceptionnel" pour "ne pas pénaliser les étudiants qui souhaitent participer aux différentes actions".
Dans plusieurs villes de province, des défilés étaient prêts à s'ébranler, dès la fin de matinée. A Rennes, des centaines d'étudiants de la faculté Rennes 2, bloquée, ont convergé vers la place d'où doit partir le cortège, prenant place devant les syndicats. "Perdre sa vie à la gagner", "On vaut mieux que ça"
Selon le ministère de l'Education, onze lycées parisiens ont été fermés sur décision de leur direction. Deux autres établissements étaient totalement bloqués par des lycéens et des barrages filtrants installés sur 14 lycées.
Le syndicat général des lycéens (SGL) évoquait quant à lui quelque 200 lycées bloqués dans le pays, en partie ou totalement, et une vingtaine de fermés, uniquement à Paris, sur décision administrative.
Des fermetures que le SGL, une des principales organisations lycéennes, "dénonce", y voyant "une volonté de museler l'expression lycéenne" et regrettant que des centaines de jeunes, qui ne veulent pas forcément manifester, se retrouvent dans la rue.
Le SGL, comme l'UNL et la Fidl, ont rejoint l'appel à manifester contre la loi travail de plusieurs syndicats.

- © 2016 AFP
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