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A Toulouse, quand la police scientifique fait parler les indices

  • Publié le 15 avril 2016 à 15:05

Au pôle criminalistique de Toulouse, les experts s'échinent à isoler les indices pour confondre braqueurs de banque, meurtriers ou simples cambrioleurs.


Sur ce pôle unique en France, car il regroupe les spécialistes de criminologie sur un même site, l'ADN du "gang des égoutiers" a pu être identifié, permettant leur arrestation deux ans après le braquage spectaculaire d'une banque à Bessières (Haute-Garonne).
Les prélèvements effectués par les gendarmes dans le tunnel de 22 mètres ont parlé. L'ADN a pu être retrouvé sur le fichier national à Ecully, près de Lyon, permettant l'interpellation toute récente de quatorze suspects.
Ces malfaiteurs chevronnés, inspirés du "casse du siècle" à Nice, avaient emporté 2,5 millions d'euros, en mars 2014, en empruntant un tunnel creusé à partir d'une canalisation.
Mais aussi organisés soient-ils, "c'est difficile de penser à tout", commente Dominique Deharo, directeur adjoint de l'Institut national de la police scientifique (INPS) de Toulouse, l'un des cinq en France avec Paris, Lille, Lyon et Marseille. Pour lui, aujourd'hui "c'est la preuve scientifique qui est au centre".
La police scientifique permet de poursuivre les auteurs "parfois plusieurs mois ou années après les faits", se félicite le procureur de Toulouse, Pierre-Yves Couilleau, "On se constitue une banque de données qui finit par parler".
Sur les bords du canal du Midi, sont ainsi regroupés tous les services de criminologie de la police nationale, à l'exception de quelques spécialités (graphologie, vidéo, téléphonie et informatique).
"Un vrai gain de temps. On peut monter directement les prélèvements dans les laboratoires", constate Anne-Marie Toussaint Badie, chef du Groupe d'enquête criminelle (GEC) chargé de la petite et moyenne délinquance.
"Récemment, un homme en garde à vue qui niait une agression a été confondu en quatre heures avec l'identification de ses empreintes" par le fichier automatisé des empreintes digitales (FAED), témoigne un scientifique.
A leur retour d'une scène de cambriolage, les enquêteurs remettent leurs prélèvements papillaires au Service régional d'identité judiciaire (SRIJ). Ils n'auront qu'un étage à gravir pour déposer les éventuels prélèvements ADN, à l'INPS.
En plus de 5.500 sorties en 2015, les 26 policiers du GEC ont relevé 4.663 traces papillaires, provenant du derme des doigts ou des paumes d'un suspect.
"Chaque cambriolage est l'occasion de recueillir des indices sur lesquels on s'appuie", souligne le directeur départemental de la sécurité publique, Jean-Michel Lopez. En 2015, les scellés comptaient plus de 30.800 pièces.
Un tiers des cambriolages commis en zones police sont ainsi élucidés, 20% quand les effractions ont lieu en zones gendarmerie.
- 'scène de crime' -
Au SRIJ, le bandeau jaune "scène de crime", bien connu des séries télévisées, affiche la couleur.
Une "traçeuse" s'active sur son ordinateur pour encoder les caractéristiques de traces papillaires. Des sortes de spermatozoïdes apparaîssent à l'écran. "On les appelle comme ça", sourit l'adjointe du service, ces signes permettront un rapprochement avec le fichier national. La condition ? "Douze caractéristiques communes. Mais c'est l'?il humain qui identifiera".
A côté, une pancarte "Danger labo chimie" annonce l'entrée d'un laboratoire où les chimistes vont faire apparaître des traces invisibles, grâce à de la colle et à un four. Une salle de séchage est destinée notamment aux vêtements ensanglantés. "L'humidité est l'ennemi de la preuve", insiste Godefroy David, agent spécialisé de police technique.
A l'étage au-dessus, l'INPS, compétent sur tout le sud-ouest, y compris pour la gendarmerie, oeuvre à la recherche d'ADN et au fichier des empreintes génétiques (FNAEG) mais aussi à la toxicologie, aux explosifs ou encore au récent fichier national de l'identification balistique (FNIB).
La gendarmerie nationale a pour sa part "fait le choix d'un laboratoire centralisé, unique, capable de se projeter n'importe où" en France ou à l'étranger, comme sur le tsunami de 2004 en Thaïlande ou encore le récent accident de bus de Puisseguin, déclare à l'AFP le général Bernard Clouzot, commandant de région.

Par Rémy ZAKA - © 2016 AFP
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