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Faire la bise à une youtubeuse, un rêve de filles

  • Publié le 29 mai 2016 à 11:43

"C'est là le meilleur meet-up! Horia, Sananas, Clara Channel, elles passent toutes par là!" Planquées sur un talus du Parc Floral à Paris, Sabrina, 14 ans, bouille ronde et chignon frisé, est venue samedi, comme quelque 10.

000 autres jeunes filles, dans l'espoir de rencontrer ses youtubeuses favorites, lors de la première édition du salon "Get Beauty".
Dans l'immense halle du Parc Floral, d'interminables files d'attente se sont formées devant les stands d'EmmaCakeCup, Caroline, Gloria ou Safia. Des visages et des noms inconnus des adultes mais que la plupart des adolescentes connaissent, pour avoir passé des soirées à regarder leurs vidéos sur YouTube.
Elles attendent une à deux heures pour quelques minutes d'échange avec des stars qui leur ressemblent, des filles de leur âge, mais dont chaque vidéo est vue parfois plusieurs millions de fois.
Ce salon est un "meet-up" géant, une rencontre en chair et en os entre vedettes de YouTube et leurs fans.
"On est arrivées à 8h30 de Marolles-en-Brie, il y avait déjà la queue depuis l'entrée du parc", raconte Dounya, 13 ans. "J'ai attendu 2 heures pour voir Caroline, elle était trop gentille", s?enthousiasment Maeva et Gaëlle, 14 ans. "Moi j'ai attendu 1h30 pour Shera", renchérit Marguerite, 12 ans.
Il fallait en effet arriver tôt pour avoir la chance d'approcher quelques une des 70 Youtubeuses les plus populaires de France, réunies pour un équivalent français du "BeautyCon" américain.
Les fans sont parfois très jeunes, comme Bérénice, 9 ans, capable de citer des dizaines de noms de ces icônes de la génération Z, à la grande perplexité de son père, qui l'a emmenée depuis Orléans.
- Divorce public -
Souriantes, amicales, les youtubeuses font des selfies avec leur groupies, les serrent dans les bas, dédicacent leur sac, avec quelques mots gentils.
"Gloria est exactement comme dans ses vidéos, elle est trop sympa", sourit Sabrina. "Une seule n'était pas sympa, je lui ai crié coucou, elle m'a regardé avec arrogance", s'énerve-t-elle.
Le contact est d'autant plus chaleureux que les fans connaissent souvent les détails de la vie de leurs idoles, qui racontent leur quotidien, vidéo après vidéo, entre deux tutoriels de maquillage ou de mode.
Beaucoup font des vidéos d'humour, dévoilent leurs amitiés ou leurs amours, livrent beaucoup d'elles-mêmes, en s'adressant à leur audience "comme à des copines".
Toutes les fans connaissent par exemple la dispute entre Caroline et Safia, qui le mois dernier ont arrêté leur chaîne commune. Un violent divorce public sur le net, par messages et vidéos interposées, un petit séisme chez les youtubeuses françaises.
"J'aurai 16 ans demain, j'ai commencé à 13 ans, et là j'ai plus de 700.000 abonnés". Savamment maquillée, de longs cheveux lisses, un ruban noir autour du cou, Danaemakeup est l'une des plus jeunes youtubeuses du salon, mais l'une des plus populaires. "Je tourne mes vidéos le week-end, car pendant la semaine j'ai les cours au lycée, je suis en seconde. Mais j'aimerais bien faire ça à plein temps", confie-t-elle.
A ce niveau de popularité, les youtubeuses peuvent en vivre, grâce aux publicités ou aux partenariats avec des marques. Mais elles restent discrètes sur leurs revenus. "Je gagne de quoi être indépendante mais pas propriétaire", répond Horia (1,2 million d'abonnés).
Ces vidéastes aguerries sont bien loin de se contenter d'une webcam dans leur chambre. Les montages sont sophistiqués, les styles travaillés. "Je peux mettre une semaine pour faire une vidéo. Les abonnées se lassent très vite, il faut sans cesse se renouveler", souligne EmmaCakeCup, qui a 19 ans fait presque figure de doyenne.
Égérie Rimmel, élégante jeune femme, a arrêté depuis longtemps les tutoriels beauté, et son public est un peu plus âgé. "Je fais des vidéos rigolotes, et des conseils beauté. Mais aussi par exemple sur comment faire son coming out, ce que j'ai fait il y a deux ans", poursuit-elle. "Mes vidéos sont un moyen d'expression, une forme d'art. Mes tableaux, ce sont mes vidéos."

Par Laurence BENHAMOU - © 2016 AFP
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